Oran - Revue de Presse

Journée de l’enfance, la fête pour les uns, le calvaire pour les autres


Ces enfants devenus adultes malgré eux ! Les enfants ont été à l’honneur hier. Sorties en plein air et fêtes ont été organisées pour eux. Ils ont même eu droit à des cadeaux à l’occasion de la journée qui leur est dédiée. Cependant, ce ne sont pas tous les enfants d’Oran qui ont connu, hier, la joie de cette fête. Certains, et ils sont fort nombreux, ignoraient jusqu’à son existence Ces enfants ne savaient pas que l’on puisse, au moins une journée dans l’année, avoir un égard pour eux. Ils se comptent par milliers et se trouvaient, hier, dans la rue, pas pour faire la fête mais pour travailler ou mendier. Au niveau du souk de M’dina J’dida, des enfants, petits vendeurs à la criée, travaillaient sous un soleil de plomb. Mohamed est l’un d’entre eux. Il a 12 ans. Interrogé à propos de la Journée de l’enfance, il dira étonné «Ah bon, il existe une journée pour les enfants?», avant de laisser libre cours à ses pensées. «L’enfance s’est terminée à 6 ans pour moi, lorsque je me rendis à l’école et que je n’avais pas de quoi payer l’assurance. J’étais tarabusté par le directeur qui me lançait un regard méprisable. L’enfance se termine lorsqu’on n’a pas de quoi acheter les affaires scolaires ou les livres et que la maîtresse nous insulte et nous interdit de revenir sans argent. A ce moment, on se retrouve à la rue et on essaye de gagner notre vie, on devient des hommes». Un autre «homme-enfant», que nous avons approché, rira de notre question et répondra: «Nous faisons partie de la catégorie des enfants qui sont nés adultes, la vie et le bon Dieu l’ont décidé pour nous. Lorsque les adultes se déchargent de la responsabilité, il faut bien que quelqu’un la prenne pour que la vie continue pour les autres membres de la famille». Cet interlocuteur, c’est Karim que son père a abandonné lui, sa mère ainsi et ses trois autres frères et sœurs. Karim n’a pas eu la chance d’aller à l’école, il ne sait ni lire ni écrire, mais il sait, par contre, compter. Il compte l’argent qu’il gagne et qu’il remet à sa mère pour subvenir aux besoins de la famille. Son autre frère travaille aussi, et ses sœurs, plus jeunes que lui, sont à la maison. Il dira que si Dieu le veut, ses sœurs iront à l’école et qu’il se chargera de leur éducation. Karim espère devenir un grand commerçant, il dira que ses enfants à lui vivront l’enfance qu’il n’a pas eu la chance de connaître. Au niveau de nombreux carrefours de la ville, des enfants mendient. Sollicités, ils avoueront ignorer que le 1er juin coïncidait avec la Journée de l’enfance. Ils pensent que cette journée était comme toutes les autres et qu’il leur fallait toujours bosser et aller chercher l’argent là où il se trouvait c’est-à-dire faire la manche et ne rentrer qu’une fois la poche remplie. Ces enfants ne vont pas à l’école. Ils subviennent, à leur manière, aux besoins de leurs familles démunies. Ces enfants n’ont pas reçu de cadeaux hier; la vie ne leur a pas fait de cadeaux et les autorités compétentes non plus.
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