Oran - A la une

Entre tradition et modernité


Pour le meilleur et...
Si dans d'autres régions, le cortège nuptial est important, ce n'est qu'un petit détail chez les Oranais, préparés pour une soirée bien animée.
Plus de 5162 mariages ont été actés dans la commune d'Oran durant l'année en cours. Le pic a été enregistré durant les deux derniers mois, juin et août. En 2017, les services d'état civil ont enregistré 37 mariages de couples, de nationalités, d'origines et de religions différentes, dont des Espagnols, des Français, des Polonais, deux Américains et un Canadien. La majeure partie de ceux-là, activant dans des sociétés pétrolières basées à Oran, ont choisi de se marier avec des Algériennes. de tous ces chiffres, le mariage est certes une union sacrée que toute petite bavure à commettre le jour «J» constitue un sacrilège. Il est observé dans toute la règle fixée aussi bien par la religion que par la tradition locale. Les deux sont observées dans un cadre moderniste. Si les fiançailles, suivies de la lecture de la Fatiha, se font après avoir contracté l'acte administratif, le gros est à préparer pour le jour «J», le jour où la mariée s'envole en justes noces. Les dépenses sont certes colossales mais aucun des Oranais n'osera plaquer la tradition ancestrale, malgré la célébration de la cérémonie de la dernière journée du célibat. Fini donc les préparatifs qui étaient traditionnellement effectués par les femmes de la famille. Tout se fait dans la salle des fêtes dont la facture coûte les yeux de la tête. Ainsi tout commence dans la nuit. Les moteurs vrombissant des voitures bolides, se mélangeant aux sonorités du «karkabou» et du «guellal», s'affrontent mettant de l'ambiance sous les regards des femmes contemplant, à partir de leurs balcons, d'immortelles séquences tout en lançant des youyous à gorge déployée. Les fumigènes et autres feux d'artifice illuminent le ciel du quartier du désormais ex lieu de résidence de la mariée, la limousine, sinon une berline, toute attrayante et ornée de roses, s'approche d'une vitesse berçante. Elle est suivie par au moins une cinquantaine d'autres voitures de différentes marques. A son bord, le jeune marié habillé de son très beau costume. Descendant de la voiture, détonations du baroud animent le ciel, le «karkabou» se met en branle. Le marié, tout timide, fait une apparition toute aussi timide en accueillant sa femme, toute timide elle aussi mais toute belle l'attendant. Lui tenant la main, le marié place confortablement sa femme sur le siège arrière du large véhicule pendant que les présents, notamment les femmes, lâchent des youyous à gorge déployée sous les applaudissements des hommes. Les amis et membres de la famille du marié s'approchant de la séquence, se mettent à arroser les mariés de confétis. Et c'est la course folle.
Le cortège se lance ensuite dans les rues d'Oran sous les klaxons assourdissants des voitures. Si dans d'autres régions, le cortège nuptial est important, il est un petit détail chez les Oranais, préparés pour une soirée bien animée en faisant face à des invités venus de tous les coins de la wilaya, d'autres sont venus de si loin s'impatientant dans la salle des fêtes pour apporter, eux aussi, leur touche en prenant part à la joie et le bonheur des deux mariés.
Chez les Oranais, pas un seul membre de la famille du marié ni ceux de la mariée ne font l'objet d'omission. Ils répondent par leur présence, à l'invitation laissant de côté leurs querelles familiales. Le marié, lui, ne peut être complètement heureux le jour de son mariage qu'en faisant le tour de la salle pour constater que toute sa famille et ses amis sont présents et confortablement installés et servis sur des plateaux d'argent. Idem pour la mariée et sa famille. «C'est une affaire de dignité», dira Rachid, dont le frère vient de célébrer son mariage en présence de 400 invités, tous attablés n'attendant pas que les tables se libèrent comme il est d'usage dans certaines régions. Et la grande fête se lance.
Les mariés traversent la foule de femmes en robes pailletées, d'hommes en costume. Ils rejoignent un immense divan doré qui trône sur un podium dominant la salle. Et le chargé du spectacle de lâcher sa musique selon la commande faite par, consentement, entre les deux familles. Il arrive très souvent que cette musique commence par des chants lyriques annonçant le bonheur et la joie. Mais une seule chanson domine: «Salou 3la Nabi, prions pour le prophète, (Qsssl)». A fur et à mesure que la nuit avance, le chant monte de plusieurs crans avant que les femmes se lancent, elles aussi, dans des danses locales, en se déhanchant, entourant la mère de la mariée en l'arrosant de dizaines de billets de monnaie en guise d'assistance et de solidarité financières accordées à la famille du marié ayant beaucoup dépensé dans les préparatifs du jour «J». la célébration du mariage dure toute une nuit. Les invités rentrent chez eux avec le sentiment d'un devoir accompli.
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