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Du discours et des actes


Du discours et des actes
En Algérie, on aime bien se nourrir de mots et de discours. Au pays de poètes et de conteurs d'histoires, l'ouverture d'une librairie peut faire l'essentiel de l'information dans un mois plus propice au sommeil et aux soldes en tous genres. Un étranger, chef de mission de l'Union européenne, aura toute l'attention voulue de la part de ceux qui dirigent les Algériens. Il parlera et palabrera pendant une semaine et le microcosme politico-médiatique sera tout ouïe. À bien écouter cet étranger, prophète en notre pays, son discours se limite à une synthèse, certes bien faite, d'une série d'articles parus dans la presse nationale durant le scrutin de mai 2012. Rien de nouveau, des évidences et des redites. Mais bon, il faut l'écouter avec attention car c'est un étranger et il vient du Nord en plus !Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, s'est exprimé aussi. Il a dit des évidences également. Il n'a pas expliqué pourquoi les élections locales se tiendront avec un mois de retard. Mais nous écoutons son discours avec attention. Il est quand même ministre de l'Intérieur. La petite criminalité renforcée par les grâces et les libérations anticipées ne le préoccupe pas tellement mais nous lui accordons l'attention qu'il mérite. Il n'est pas étranger mais au moins 5e dans l'ordre protocolaire gouvernemental. Il ne dit que des banalités connues de tous mais bon il les dit quand même. On y trouve même un mérite.La présidente de l'Arpt explique que l'institution qu'elle dirige s'est abstenue de lever un impôt légal. Nous l'écoutons avec attention car elle régule un secteur d'avenir mais personne ne s'offusque qu'une institution de l'Etat se place dans une illégalité totale en s'abstenant d'appliquer une loi votée par le Parlement. Nous en sommes, au moment où ces lignes sont écrites, à nous poser la question qui du Parlement, du gouvernement ou de l'Arpt détient le pouvoir et que reste-t-il du DRS censé être un tout dans le rien qu'est le magma politico-institutionnel algérien.En cette période d'abrutissement généralisé, la palme du discours vide revient sans contexte au MSP de Bouguerra Soltani. Il faut croire que le mois de Ramadhan ne réussit plus aux Frères musulmans algériens. Ils se sont mis à plusieurs pour nous expliquer que Amar Ghoul était un homme du «pouvoir». Ils lui reprochent de vouloir être ministre dans le futur gouvernement alors qu'eux sont dans l'opposition. Amar Ghoul, homme du pouvoir, est devenu un «petit» député comme tant d'autres (mis à part le salaire et les indemnités qui font baver un très grand nombre d'Algériens) tandis que Khanafou, Mimoun et Benbada sont des ministres de «l'opposition» dans le gouvernement que dirige Ouyahia. «Que celui qui a compris, explique à ceux qui sont dans l'ignorance.»En Algérie, on se nourrit de discours et de belles paroles. Peut-être qu'un jour les actes auront leurs places.
A. E.
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