Oran - Revue de Presse

Des moutons: jusqu'à 30.000 dinars


A environ un mois du rituel de l'immolation, le marché des bestiaux s'emballe. Les prix pratiqués par les maquignons du marché à bétail, jouxtant les abattoirs municipaux d'Oran, dépassent déjà tout entendement et annoncent la couleur. Le mouton de corpulence moyenne se vend à 30.000 dinars et plus, la brebis dans une fourchette de 20.000 à 22.000 dinars. Et comme cause de cet emportement des cours, éleveurs et marchands s'accordent à dire que ce sont les dernières averses. Autrement dit, à les croire, les bienfaits du ciel auraient eu un effet néfaste sur le créneau. Le maquignonnage a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Une virée dans le marché à bétail attenant aux abattoirs municipaux permet également de remarquer que l'offre est actuellement faible, voire très faible. Conséquence, selon les informations collectées sur les lieux, une demande faible elle-même due principalement à la cherté de la marchandise.

«Il est vrai que, explique Hasni qui fait dans l'engraissage de moutons à l'étable pour les revendre dans son local situé à l'entrée des abattoirs, nous sommes dans une période de l'année où l'activité enregistre un déclin car la demande chute. Ce sont les mêmes têtes de clients qui reviennent régulièrement, généralement des bouchers et des fournisseurs ou acheteurs pour le compte d'organismes publics tels les hôpitaux et les secteurs militaires. Mais d'habitude, il y a aussi les clients ordinaires, de simples citoyens qui viennent occasionnellement pour un mouton ou deux, ou plus lorsqu'il s'agit d'une fête de mariage par exemple. Cependant, il semble que cette dernière catégorie de clients boude le marché ces jours-ci en raison, il est vrai, des prix hors de portée», reconnaît-il.

Quel est le rapport conjoncturel entre la clémence du ciel et la hausse des prix du mouton ? C'est simple. Quand la pluie tombe, elle fait pousser l'herbe, annonçant ainsi de beaux pâturages. Les éleveurs préfèrent donc conserver leur cheptel le plus tard possible avant l'Aïd El-Adha, pour le vendre plus gras et donc plus cher. Les maquignons, qui savent bien que la période pré-automnale, septembre-octobre, est un cycle de rétention du produit, ont fait leurs approvisionnements auprès des éleveurs bien avant, au moment propice, c'est-à-dire avant l'été, lorsque la tête ovine faisait profil bas. Du coup, ils auront ainsi tout le temps pour faire grossir leur cheptel. Même les aliments de bétail connaissent une baisse de prix, comme la meule de foin qui se vend actuellement 40% moins cher.

Echaudé par les prix de la mercuriale durant et après le Ramadhan, déplumé par les dépenses inhérentes à l'Aïd El-Fitr et à la rentrée scolaire, le citoyen se trouve aujourd'hui pressé par une autre date sacrée du calendrier, celle du rituel du sacrifice, et n'a plus le temps de reprendre son souffle. Ainsi, chacun s'y prépare à sa façon, qui par des petites épargnes toutes les fins de mois, qui par le paiement «par facilités». D'autres ne font pas de calculs et préfèrent laisser les choses au temps voulu : «L'Aïd arrive avec ses bienfaits», pour traduire mot à mot un dicton populaire.

Pour les familles démunies, avec les prix en vigueur, le spectre d'un autre aïd sans mouton plane déjà.




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