Le 20 Août occupe une place singulière dans la mémoire nationale : il rappelle à la fois le soulèvement du Nord-Constantinois en 1955 et le Congrès de la Soummam en 1956. Deux jalons qui témoignent de la maturation d'une Révolution organisée et irréversible, menée par une avant-garde consciente, enracinée dans la jeunesse de l'Organisation Spéciale (OS).
L'OS, matrice de la Révolution
Contrairement aux récits falsificateurs qui voudraient réduire le déclenchement de la Révolution à une explosion « spontanée », l'histoire montre que le 1er Novembre 1954 est l'aboutissement d'une longue préparation. De l'attaque de la poste d'Oran en 1949 à la réunion des vingt-deux, puis à la désignation des neuf chefs historiques - Ben Bella, Boudiaf, Aït Ahmed, Ben Boulaïd, Ben M'hidi, Krim Belkacem, Rabah Bitat, Didouche Mourad, Khider Mohamed - tous venaient de l'OS. De même, les chefs de wilaya qui structurèrent le pays étaient issus de cette organisation clandestine.
Ils n'ont pas improvisé la Révolution : ils l'ont préparée, pensée et portée. L'OS a transformé la volonté populaire en stratégie, le rêve d'indépendance en action organisée.
Le ralliement des forces patriotiques
Personne ne nie que d'autres courants - l'UDMA, l'Association des oulémas, les syndicalistes, les démocrates sincères - ont rejoint la lutte. Mais ils ont rejoint un mouvement déjà lancé par l'avant-garde de l'OS et du FLN. Le peuple fut la source, mais l'OS fut l'instrument.
Le 20 Août 1955 : un tournant décisif de la lutte révolutionnaire menée par le FLN
Le 20 Août 1955 reste une date mémorable dans l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne. Organisé et impulsé par le Front de Libération Nationale (FLN), ce soulèvement dans le Nord-Constantinois a marqué un tournant radical dans la lutte contre la colonisation française, démontrant la montée en puissance et la détermination de la Révolution algérienne.
Un soulèvement planifié et coordonné
Le 20 Août 1955 ne fut pas un acte isolé ou spontané. Il s'inscrivait dans la stratégie élaborée par le FLN, qui avait pris la tête de la résistance depuis le déclenchement officiel de la révolution le 1er Novembre 1954. Depuis cette date, le FLN Å“uvrait à organiser la population, à structurer la lutte armée et politique, et à étendre son influence dans toutes les régions du pays.
Le soulèvement dans le Constantinois - une région qui avait déjà connu plusieurs mouvements de résistance - reflétait cette volonté du FLN de frapper un grand coup contre le pouvoir colonial, de mobiliser les populations locales et d'entraîner un effet d'entraînement sur l'ensemble du territoire algérien.
Les objectifs du soulèvement du 20 Août
Le soulèvement visait plusieurs objectifs stratégiques essentiels :
Affirmer la détermination du peuple algérien face à la répression coloniale.
Renforcer la légitimité et la visibilité du FLN comme chef de file incontesté de la Révolution.
Démontrer aux autorités françaises que la résistance ne se limiterait plus à des actions isolées, mais s'inscrirait dans une lutte d'envergure nationale, organisée, soutenue par la majorité.
Mobiliser le maximum de forces patriotiques autour de la cause nationale, inspirer un sursaut populaire.
Une riposte coloniale intense et meurtrière
Face à cette insurrection, les autorités coloniales répliquèrent violemment. Le 20 août 1955 fut suivi d'une répression sanglante : villages bombardés, civils assassinés, arrestations de masse et torture. Le nombre de victimes civiles fut lourd, et le drame marqua profondément la conscience collective algérienne.
Cependant, cette brutalité renforça paradoxalement la détermination des Algériens et la légitimité du FLN auprès de la population. La justesse de la lutte contre un système violent et inique devint une évidence dans l'opinion nationale et internationale. Conséquences politiques et symboliques
Le soulèvement du 20 Août 1955 consacra de fait la montée en puissance du FLN comme acteur principal de la Révolution. Un an plus tard, en août 1956, le Congrès de la Soummam structura définitivement son leadership politique et militaire. Le 20 Août demeure depuis une date symbolique, commémorée comme un moment crucial où la résistance algérienne a pris une dimension nouvelle, marquant la transition vers une guerre de libération totale. Cette journée est aussi un hommage aux martyrs tombés pour la liberté et un rappel que cette lutte organisée fut le fruit du travail réfléchi d'une avant-garde militante.
Le 20 Août 1955 est indissociable du combat du FLN et de la détermination du peuple algérien à rompre avec le joug colonial. Ce soulèvement, malgré la répression brutale qui a suivi, fut une étape majeure vers l'indépendance et la souveraineté nationale.
Le Congrès de la Soummam : continuité du 1ER Novembre
Le 20 Août 1956, sous la présidence de Larbi Ben M'hidi et d'Abane Ramdane, le Congrès de la Soummam donna au FLN une véritable ossature politique et militaire. Il mit en Å“uvre les recommandations de la Déclaration du 1er NOVEMBRE 1954 et lança un appel solennel à ouvrir les rangs de la Révolution à toutes les forces patriotiques. C'est ainsi que le FLN devint la maison commune de toutes les énergies de libération.
Contre les falsificateurs : la mémoire comme rempart
Depuis l'indépendance, malgré les défis colossaux auxquels l'Algérie a été confrontée - reconstruction, instabilité, pressions extérieures, crises successives - les forces conservatrices et colonialistes n'ont jamais cessé de tenter de réécrire l'histoire à leur façon, en minimisant le rôle de l'avant-garde militante, ou en brouillant la filiation entre l'OS et le FLN.
Mais face à ces manipulations, il existe un rempart infranchissable : les forces patriotiques, héritières de Novembre, qui portent la mémoire et l'esprit du serment des martyrs. Elles veillent à ce que le récit national demeure fidèle aux faits, aux sacrifices et aux idéaux qui ont guidé la lutte.
Car comme l'avait dit Didouche Mourad :
« Défendez notre mémoire après notre mort ».
Cette recommandation n'est pas une simple phrase : c'est une mission. Défendre la mémoire, c'est défendre la souveraineté.
Mémoire, souveraineté et vigilance
Commémorer le 20 Août, c'est rappeler que la liberté n'a pas été un cadeau mais une conquête organisée ; que l'indépendance n'est pas un acquis intangible mais une responsabilité à préserver ; que la mémoire n'est pas une nostalgie mais une arme contre l'oubli et contre les falsificateurs.
Aujourd'hui, comme hier, la souveraineté algérienne repose sur la fidélité à Novembre. Les martyrs ont transmis un héritage que nul ne pourra effacer : une Révolution née de l'avant-garde de l'OS, consolidée par le peuple, et élargie à toutes les forces patriotiques par le Congrès de la Soummam.
Le 20 Août est ainsi un triple appel : à la mémoire, à l'unité et à la vigilance. Défendre la mémoire, c'est défendre la souveraineté. C'est affirmer que l'indépendance est née d'une lutte organisée, d'un sacrifice collectif, et que cet héritage doit être transmis intact.
Commémorer le 20 Août, c'est donc plus qu'un rituel. C'est rappeler que la liberté n'a pas été un cadeau, mais une conquête, aujourd'hui responsabilité pour tous. La souveraineté algérienne passe par la fidélité à Novembre : un héritage que nul ne pourra effacer, fondé sur une Révolution née de l'avant-garde, consolidée par le peuple, et élargie par l'unité des forces patriotiques.
Le 20 Août nous appelle ainsi à la mémoire, à l'unité et à la vigilance. À la mémoire pour ne pas oublier ; à l'unité pour rester forts ; à la vigilance pour ne pas laisser falsifier notre histoire. C'est le chemin pour garantir que la souveraineté ne soit pas seulement un mot, mais une réalité vive et partagée.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salah Lakoues
Source : www.lequotidien-oran.com