Ces anonymes qui font un travail de fourmi

Constat - Les adultes sont de plus en plus conscients des méfaits du tabac.
C'est la conclusion que nous tirons au bout de 5 campagnes antitabac effectuées depuis cinq ans au niveau des wilayas d'Oran, de Constantine, de M'sila, de Sétif et enfin de Béjaïa.
A notre surprise, nous avons rencontré, le 30 mai dernier, des voyageurs auxquels nous avions parlé en compagnie des membres de l'association El-Badr dont des médecins, lors des précédentes éditions de ce type de campagne. Deux nous ont assuré que depuis, ils ne fument plus. D'autres ont arrêté plus tard et un diabétique a arrêté mais rechuté à cause de problèmes de traitement de son diabète dont l'insuline qu'il doit acheter à 6 000 DA, la boîte, sans parler des autres traitements qui doivent accompagner l'insuline pour les malades chroniques (tension, cardiologie, cholestérol...).
Une fois arrivés à la gare de Béjaïa «Bgayet» en kabyle, vers 19h, nous avons rencontré l'équipe de l'association, dépêchée un jour avant, guidée par El-Hadj Brahim Announe. Agé de 70 ans, cet ancien cheminot grand fumeur, a fait un énorme travail tout le long du voyage aller retour, sans se lasser un moment.
Dès son arrivée, le 30 mai à Béjaia ,il a tout de suite pris un paquet de dépliants et des affiches, convaincu que la campagne antitabac ' coïncidant avec le 31 mai ' ne devrait plus être conjoncturelle. En effet, il a sensibilisé les Bougiotes, deux jours durant, au niveau de la gare, des cafés, des rues et du port. «Beaucoup de voyageurs à bord du train Alger-Béjaïa, nous ont remerciés . Nous avons rencontré un citoyen qui nous avait déjà vus l'an dernier à la gare.
Il nous a fait un don de 500 DA pour l'association.» Il a loué l'implication des cheminots et de la chef de gare de Béjaïa. «Un homme cancéreux qui a déjà été pris en charge à Blida, s'est déplacé, après avoir eu connaissance de l'événement, juste pour nous aider. Il nous a ramené le déjeuner et des boissons» et ce, dit-il, en guise de reconnaissance. Un jeune étudiant en architecture, Amar Mouhoub Khaled, 24 ans, de Rouiba, membre actif de l'association depuis 5 ans, a déjà goûté à la cigarette qu'il fumait selon lui, occasionnellement et qu'il a laissé tomber 6 mois après, grâce à l'association car il avait, selon lui, mieux à faire pour aider son père, son petit frère de 14 ans et sa s'ur ,qui comptaient parmi les voyageurs de l'Auto Rail d'Oran.
Son ami, un étudiant en traduction, Abdelkrim Benrached, 21 ans, de Cherchell, participe pour la première fois, à cette campagne de sensibilisation. Fils de médecin, il active dans cette association grâce à son frère aîné Abdelkader, médecin rééducateur non fumeur. Ce jeune nous a confié qu'il a déjà touché à la cigarette à l'âge de 10-11 ans.
«J'adorais avoir un mégot aux lèvres pour ressembler aux adultes. Je croyais que la cigarette donnait plus de classe et de personnalité.» Abdelkrim est membre d'une autre association, celle pour la protection de l'environnement et du sport aquatique à Cherchell. Il se dit fier d'avoir rencontré dans le train des étudiants qui ont adhéré à sa campagne sans problème et ont pris un gros paquet de dépliants pour les distribuer aux universités de Béjaia et ailleurs.