Oran - M'dina Jdida, Oran

Appellation du Village Nègre



Appellation du Village Nègre


Pourquoi, et quand, le "Village des Djalis" est-il devenu dans le langage quotidien le "Village Nègre" ? On pourra trouver ci-dessous un essai de réponse : A l'arrivée des Français, Une grande partie des indigènes étaient noirs, la population était composée d'une part par des "Gnaouas", provenant comme leur nom l'indique du Ghana, et que l'on rencontrait un peu partout, jouant de la musique avec une flûte aigre accompagnée de grandes castagnettes métalliques à double tympan : les crotales ou karkabous. Les arabes provenant des tribus des Douairs et Zmélas étaient aussi très hâlés, en tout cas, en comparaison avec la peau blanche des Français, ce qui explique la méprise. Et enfin, les arabes avaient des esclaves qui étaient nègres. En ce qui concerne l'appellation du village, on trouve dans les journaux de 1847, soit très peu de temps après la création du village en février 1845, par le Général de Lamoricière, la mention de "Village Nègre" dans des comptes-rendus de conseils municipaux. La question de l'esclavage se posa, comme dans toute l'Algérie, à la suite à un décret relatif à l'abolition de l'esclavage, promulgué le 4 août 1848 par le gouvernement provisoire. A Oran, la police reçut l'ordre de faire le recensement des nègres esclaves qui existaient dans la commune. "Aussi, le citoyen commissaire du 2ème arrondissement, accompagné de son interprète, est allé au Village nègre pour prendre les noms de tous ces malheureux." (Echo d'Oran du 18 novembre 1848) La question agita les esprits et un "sous-officier de cavalerie d'Afrique" émit le 7 février 1849, quelques réflexions sur le sujet : La nouvelle de l'abolition de l'esclavage, par décret du gouvernement provisoire et dernièrement encore par la Constitution, a produit sur nos populations indigènes une sensation très vive. La question des nègres présente, dans nos possessions algériennes un problème assez difficile à résoudre. Ni le gouvernement provisoire, ni la Constitution, n'ont prévu les obstacles à surmonter dans l'exécution d'une mesure qui causera indubitablement de graves dissidents. En effet, en supprimant une servitude consacrée par les moeurs et d'anciennes traditions, nous supprimons naturellement un précepte religieux très important. Le Coran autorise les musulmans à posséder des nègres et des négresses, et l'Arabe ne considère pas cette race d'hommes comme des créatures achetées à vil prix, mais comme des serviteurs fidèles dévoués à sa famille, vivant comme elle et jouissant d'une liberté aussi grande. Nous portons atteinte à des lois religieuses que nous nous sommes engagés à respecter et à faire respecter par tous. Or, nous avons aujourd'hui plus que jamais besoin de recourir à tous les moyens conciliants pour ne pas laisser s'enflammer l'imagination arabe si facile à émouvoir ; Certes, nous ne nous faisons pas un tableau aussi effrayant de la situation actuelle, mais pouvons-nous répondre de l'avenir ? Depuis bientôt dix-neuf ans que nous occupons le pays, nous devons être fixés sur le peuple que nous avons vaincu et que nous contenons à grand peine ; il est inutile de dire ici que nous sommes loin d' avoir soumis les moeurs, le caractère et les idées arabes, comme nous l'avons fait du pays ; chacun sait qu'au lieu de nous aimer, l'Arabe nous garde une haine profonde que la force, l'intérêt et le calcul ont pu seuls assouvir en apparence. Un sous-officier de cavalerie d'Afrique.




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