Naama - Parc National Djbel Aissa	(Wilaya de Naâma)

Les Monts des Ksour : Un Joyau de l’Atlas Saharien


Les Monts des Ksour : Un Joyau de l’Atlas Saharien
Milieu Naturel : Un Paysage Contrasté

Les Monts des Ksour se distinguent par une géologie variée et des paysages à couper le souffle. Les massifs montagneux, composés de calcaire dolomitique, de grès et d’argile, sont ponctués de dunes de sable aux teintes or et rouge. Parmi les sommets emblématiques, le Djebel Mekhter, culminant à 2 060 mètres, offre des panoramas spectaculaires, tandis que le Djebel Aïssa, à 1 055 mètres, est un point de repère notable. Les vallées et plateaux, sculptés par l’érosion, abritent des oasis verdoyantes irriguées par des sources et des oueds temporaires.

Le climat semi-aride, avec des étés chauds et des hivers frais, favorise une biodiversité adaptée. On y trouve des espèces végétales comme l’alfa, utilisée dans l’artisanat local, et des acacias résistants au désert. La faune inclut des gazelles dorcas, des fennecs et des oiseaux migrateurs. Ces écosystèmes fragiles, menacés par le changement climatique, sont étudiés pour leur résilience et leur importance écologique.

L’Art Rupestre : Un Témoignage Millénaire

Les Monts des Ksour abritent un patrimoine exceptionnel avec plus de 320 stations de gravures rupestres, rivalisant avec le Tassili n’Ajjer, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Datant du Néolithique nord-africain (environ 7000 à 3000 ans avant J.-C.), ces œuvres, gravées sur des parois de grès dans des zones souvent difficiles d’accès, se trouvent dans des sites comme Aïn Sefra, Tiout, Moghrar Tahtani, Asla, Boussemghoun, Krakda, et Boualem.

Ces gravures dépeignent des scènes de la vie préhistorique, avec des représentations de bovidés, d’antilopes oryx, de girafes et d’ongulés, ainsi que des figures humaines parées de costumes élaborés, suggérant des rituels ou des cérémonies. Ces œuvres témoignent d’une transition vers des sociétés agricoles et pastorales, marquant les débuts de la civilisation dans la région. Des études récentes suggèrent que certaines gravures pourraient refléter des pratiques chamaniques ou des cultes liés à la fertilité.

Aïn Ouarka : Une Station Thermale au Paysage Lunaire

Située au cœur des Monts des Ksour, Aïn Ouarka est une station thermale au cadre spectaculaire. Ce site, niché dans un cirque naturel, est entouré d’escarpements majestueux et de monticules multicolores composés de grès rouge, de marbres verts, de gypse, de calcaire blanc, de quartz, de mica et d’amas de sel gemme. Au centre du massif de Chmarikh, deux lacs profonds, des puits naturels, des grottes et des rivières de sel créent un panorama digne d’un autre monde.

Les eaux thermales d’Aïn Ouarka, riches en minéraux, sont prisées pour traiter les rhumatismes, les maladies de la peau et la sinusite. Ce site, encore peu exploré par le tourisme, attire les amateurs de nature et de bien-être. Des projets de développement touristique durable visent à préserver ce trésor géologique tout en le rendant accessible.

Les Fossiles de Dinosaures : Le Géant des Ksour

En 1999, la découverte de 51 ossements de dinosaure à Sfissifa, dans la wilaya de Naâma (et non à El Bayadh, comme parfois mentionné par erreur), a propulsé les Monts des Ksour sur la scène scientifique. Annoncée le 17 octobre 2000, cette trouvaille, baptisée le « Géant des Ksour », a été réalisée dans le cadre de fouilles menées par le musée de géologie et des hydrocarbures de Sonatrach. Depuis, plus de 50 squelettes de dinosaures ont été identifiés dans la région, confirmant son importance paléontologique.

Les recherches, dirigées par une équipe d’archéologues, ont révélé qu’un des spécimens est un bébé sauropode, un dinosaure herbivore mesurant entre 8 et 10 mètres. Enfoui dans une gangue de marne à plus de deux mètres de profondeur, ce fossile porte des traces d’une attaque par un dinosaure carnivore, comme en témoignent cinq dents fossilisées et des marques de crocs dans son cou. Ces indices datent d’environ 175 millions d’années. Les sauropodes broyaient leur nourriture à l’aide de gastrolithes, contrairement aux carnivores dont les dents repoussaient régulièrement.

Un musée en forme de dinosaure est en cours de construction près de Sfissifa pour présenter ces découvertes. Ce projet, proche de son achèvement en 2025, vise à promouvoir le tourisme scientifique et la préservation paléontologique.

Les Ksour : Bastions de l’Histoire Berbère

Les ksour, au nombre d’une quarantaine, sont des villages fortifiés construits en pierre brute, souvent enduits de timchent (argile et paille) ou laissés nus avec des motifs en épi. Parmi les plus connus, on trouve Béni-Ounif, Moghrar Foukani, Tiout, Asla, Chellala Dahrania, El-Abiodh Sidi Cheikh, et Boualem. Perchés sur des hauteurs dominant des mini-oasis, ces ksour sont irrigués par des sources et entourés de jardins-vergers cultivant dattes, figues et grenades.

Selon Ibn Khaldoun (1332-1406), les premiers ksour remonteraient aux IIe et Ier siècles avant J.-C. Ils servaient de refuges aux agriculteurs face aux incursions des tribus nomades, connues pour leur belligérance. Ces tensions, décrites dans Histoire des Berbères, opposaient les ksouriens sédentaires aux nomades pillant leurs récoltes. Les ksour ont prospéré grâce à leur architecture défensive et leur organisation sociale.

Moghrar : Une Oasis Intemporelle

La palmeraie de Moghrar, célèbre pour ses dattes savoureuses, abrite un ksar préservé par ses habitants. Ses ruelles étroites, imprégnées d’histoire, et ses jardins irrigués par des seguias offrent une immersion dans le passé et l’artisanat local.

Chellala Dahrania : Un Carrefour Stratégique

Situé à 74 km d’Aïn Sefra dans la wilaya de Naâma, le ksar de Chellala Dahrania bénéficie d’une position stratégique dans un couloir naturel reliant les hautes plaines au piémont saharien. La présence de plus de 25 sources et de sols fertiles du Pléistocène a favorisé l’installation humaine dès l’Antiquité.

Tiout : La Porte du Sud Oranais

À 1 050 mètres d’altitude, la commune de Tiout, dans la wilaya de Naâma, s’étend sur 792 km². Première oasis rencontrée par les voyageurs venant du nord, elle est rattachée à Aïn Sefra. Berbérophone, Tiout a une vocation agricole et pastorale, avec un artisanat basé sur la laine et l’alfa. Les bédouins nomades occupent les parcours environnants.

Conclusion : Un Patrimoine à Préserver

Les Monts des Ksour sont un carrefour de l’histoire, de la géologie et de la culture. Des gravures rupestres aux fossiles de dinosaures, en passant par les ksour et les oasis, cette région, principalement située dans la wilaya de Naâma, offre une richesse exceptionnelle. Des initiatives comme le musée de Sfissifa et le développement durable d’Aïn Ouarka permettront de préserver et de valoriser ce patrimoine unique, faisant des Monts des Ksour une destination incontournable pour les amateurs d’histoire, de nature et d’aventure.
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