Naama - Hmiyanes

Histoire et origine des Hmiyanes (Hamyan) de Mécheria


Histoire et origine des Hmiyanes (Hamyan) de Mécheria
1. Origine et généalogie
Les Hmiyanes sont une tribu arabe appartenant à la grande confédération des Banu Hilal, qui ont migré de la péninsule arabique vers le Maghreb au XIe siècle (Ve siècle de l’Hégire). Selon le texte généalogique fourni, leur ascendance est la suivante :

Hmiyane ibn Okba ibn Yazid ibn Aissa ibn Zoghba ibn Abou Rabiâa ibn Nahik ibn Hilal ibn Aamir ibn Saasaa ibn Hawazin ibn Kaiss ibn Aailane Annass ibn Madhr ibn Nizar ibn Maad ibn Adnane, avec environ 40 ancêtres remontant jusqu’à Ismaïl ibn Ibrahim (que la paix soit sur eux).

Ce lignage les rattache aux Banu Aamir, une branche des Hawazin, tribus arabes adnanites influentes dans l’Arabie préislamique et islamique. Les Hmiyanes sont plus précisément issus de Yazid ibn Abbes ibn Zoghba, ce qui confirme leur appartenance aux Banu Hilal, connus pour leur rôle dans l’arabisation du Maghreb.

2. Structure et subdivisions de la tribu
Les Hmiyanes se divisent en deux grandes fractions, reflétant leur répartition géographique et administrative :

Hmiyanes Cheragas (ou Trafi) : Basés principalement dans le nord de la wilaya d’El Bayadh et le nord de Naâma, avec Mécheria comme centre principal. Cette fraction inclut des sous-groupes comme :
Ouled Ziad (incluant Ouled Abdelkrim, Derraga, Ouled Mellah, Ouled Srour)
Akrama
Rezaina
Hmiyanes Ghraba : Concentrés au centre et à l’ouest de la wilaya de Naâma, avec Aïn Sefra comme centre. Cette fraction inclut des sous-groupes comme :
Chafaâ
Djenba
Beni Metref (bien que ces derniers soient techniquement rattachés aux Banu Aamir et non directement aux Hmiyanes).
D’autres sous-groupes mentionnés dans le texte poétique incluent : Bekkakera, Srour, Sindane, Ghayatera, Beni Okba, Maqan, Maghaoulia, Akrama, Rezaina, Ouled Mbarek, Ouled Mansoura, Ouled Khalif, ainsi que d’autres familles comme les Semaghna, Chellalil, Ahl Arbaouat, Ouled Ammour, et Zouaoua. Cette diversité témoigne de l’étendue et de l’influence de la tribu dans la région.

3. Installation à Mécheria et relations avec les populations locales
Migration au Maghreb : Les Hmiyanes sont arrivés en Afrique du Nord lors de la grande migration des Banu Hilal au XIe siècle. Ils se sont établis dans la région correspondant aujourd’hui aux cercles de Mécheria, Aïn Sefra, et El Bayadh (anciennement Géryville), une zone autrefois dominée par les Banu Aamir. Une partie des Banu Aamir a migré vers le Tell (régions de Sidi Bel Abbès, Oued Lemghir, Sfisef, et Djebel Filouin), tandis que les Hmiyanes sont restés dans les hauts plateaux et les zones steppiques de Naâma.
Relations avec les habitants de Moghrar : À leur arrivée dans la région de l’Oued Moghrar, les Hmiyanes ont trouvé une population locale (ksouriens) déjà installée. Ces derniers leur ont offert une diffa (festin) en signe d’hospitalité, marquant le début d’une alliance étroite. Les deux groupes ont établi un système d’échange :
Les Hmiyanes stockaient la laine et le beurre dans les matmouras (silos) de Moghrar lorsqu’ils partaient vers le Tell, et y déposaient l’orge et le blé en revenant du Sahara.
Les ksouriens confiaient leurs chameaux aux Hmiyanes pour le pâturage, tandis que les Hmiyanes accompagnaient les habitants de Moghrar à Figuig pour le commerce des dattes et des rejets de palmiers.
Développement de Moghrar : Grâce à cette alliance, la ville de Moghrar Tahtani s’est développée, devenant un centre économique et social. Les Hmiyanes jouaient un rôle de protecteurs de la cité, tandis que les ksouriens apportaient un soutien logistique et agricole. Cette collaboration a renforcé la prospérité de la région, avec le développement de palmeraies et une hospitalité légendaire des habitants.
4. Rôle dans la résistance
Les Hmiyanes ont joué un rôle significatif dans la résistance contre l’occupation française, notamment aux côtés de Cheikh Bouamama en 1881. Ils formaient une force militaire redoutable, aux côtés d’autres tribus comme les Ouled Ammour, Chaamba, Doui Menia, et Ouled Djerir. Leur action a poussé les autorités coloniales à construire un poste militaire à Mécheria en 1881, dirigé par le général Victor Martin Colonneau, sur les ruines d’un ancien ksar, pour surveiller leurs mouvements.

Au XIXe siècle, les Hmiyanes disposaient d’une force militaire impressionnante : environ 2000 cavaliers, 200 chameaux, et 8000 têtes de moutons, en plus d’autres troupeaux, ce qui reflète leur puissance économique et militaire.

5. Mode de vie et culture
Mode de vie : Les Hmiyanes menaient une vie semi-nomade, alternant entre le Sahara (régions comme Touat et Gourara) en hiver, le Tell (Tlemcen, Sebdou) en été, et Mécheria au printemps et en automne pour les pâturages. Ils restaient constamment en alerte, prêts à se défendre contre les embuscades ou les conflits avec des tribus voisines comme les Chaamba de Metlili, souvent autour des ressources en eau et pâturages.
Culture : Le texte poétique fourni met en avant des qualités comme la bravoure, la générosité, et l’honneur (« ahl ennâara oua echane, ahl el kheir oua el bir oua el ihsane »). Les Hmiyanes étaient réputés pour leur fantasia, bien qu’ils se distinguaient parfois en n’utilisant ni chevaux ni poudre dans certaines célébrations. Leur identité tribale reste marquée par des traditions orales, des poèmes, et un fort attachement à la langue arabe et aux valeurs islamiques.
Ressources naturelles : La région de Moghrar et Mécheria offrait une abondance de ressources, notamment les autruches (zahem ennâam), dont la graisse était utilisée comme huile médicinale, ainsi que des gazelles, antilopes, onagres, perdrix, et un miel abondant. Ces ressources ont contribué à la prospérité des Hmiyanes et des ksouriens avant la disparition des autruches vers le sud après 1881.
6. Alliances et conflits
Alliance avec les Banu Aamir : Les Hmiyanes étaient étroitement liés aux Banu Aamir, au point qu’une de leurs fractions était appelée Djenba (litt. « le flanc »), symbolisant leur proximité. Ils ont également soutenu l’Émir Abdelkader dans son djihad, avec des chefs comme Mabkhout ben Ahmed et Demmouche ben Abdallah à la tête de différentes fractions.
Conflits : Les Hmiyanes ont été en conflit avec des tribus comme les Zeghdous de Figuig, à cause de différends anciens, et avec les Chaamba pour le contrôle des pâturages et des points d’eau. Ces tensions étaient parfois attisées par des interventions extérieures, mais des médiations, comme celle des Ouled Sidi Cheikh, ont permis de rétablir la paix à plusieurs reprises.
7. Division administrative de 1845
Le 18 mars 1845, les Hmiyanes ont été officiellement divisés en deux fractions :

Les Cheragas (Trafi), rattachés au cercle d’El Bayadh (Géryville).
Les Ghraba et les Rezaina, rattachés au cercle de Mécheria.
Cette division reflète l’organisation coloniale française, qui cherchait à structurer l’administration des tribus pour mieux les contrôler.

8. Présence au-delà de Mécheria
Les Hmiyanes ne se limitent pas à la wilaya de Naâma. Des branches existent dans d’autres régions, comme :
Hmiyanes Tenira à Sidi Bel Abbès (Ras El Ma, Moulay Slissen).
La région de Tlemcen, où un oued porte le nom d’Oued Hmiyanes, témoignant de leur présence historique.
Des fractions intégrées à d’autres tribus, comme les Beni Kerz et Beni Moussa, dans les environs d’Alger.
Par ailleurs, des tribus portant le nom de Hmiyanes existent au Maroc (région de Fès) et en Arabie saoudite (entre La Mecque et Médine), ce qui suggère une dispersion plus large du nom, bien que les généalogies puissent différer.
9. Héritage culturel et social
Le texte poétique fourni illustre la fierté des Hmiyanes, décrits comme des « héros courageux, généreux, et honorables ». Leur lien avec d’autres tribus, comme les Arbaouat, Ouled Ammour, et Zouaoua, montre leur intégration dans un réseau tribal complexe. Leur réputation de « ahl ennâara oua echane » (gens d’honneur et de prestige) reste un élément central de leur identité.

Pourquoi les informations semblent-elles limitées ?
Sources orales et locales : Une grande partie de l’histoire des Hmiyanes repose sur des récits oraux transmis par les aînés ou consignés dans des archives locales (comme celles de Naâma ou Tlemcen). Ces sources ne sont pas toujours accessibles en ligne ou dans des bases de données numériques.
Documentation académique : Les études ethnographiques ou historiques détaillées sur les Hmiyanes, comme celles mentionnées dans des travaux sur les Banu Hilal, sont souvent disponibles dans des livres spécialisés (ex. : Mu‘jam Qaba’il al-‘Arab ou archives coloniales) ou dans des thèses universitaires algériennes.
Contexte colonial : Les archives coloniales françaises, bien qu’informatives, se concentrent souvent sur l’organisation administrative des tribus plutôt que sur leur histoire culturelle ou sociale, ce qui limite les détails disponibles.
Suggestions pour approfondir
Sources locales : Consultez les archives de la wilaya de Naâma, les récits des aînés à Mécheria ou Moghrar, ou les travaux universitaires algériens sur les tribus arabes.
Ouvrages de référence : Le livre Mu‘jam Qaba’il al-‘Arab al-Qadima wa al-Haditha (Encyclopédie des tribus arabes) peut fournir des détails supplémentaires sur les Hmiyanes.
Recherches spécifiques : Si vous disposez de documents ou de références précises (comme des manuscrits ou des noms de figures historiques), partagez-les pour affiner la recherche.
Conclusion
Les Hmiyanes de Mécheria sont une tribu arabe d’origine hilalienne, profondément enracinée dans l’histoire du sud-ouest algérien. Leur rôle dans la résistance, leur alliance avec les ksouriens de Moghrar, et leur mode de vie semi-nomade témoignent de leur importance culturelle et sociale. Le texte poétique et l’historique fournis soulignent leur bravoure, leur générosité, et leur solidarité tribale. Si vous souhaitez approfondir un aspect spécifique (rôle dans la résistance, généalogie détaillée, ou une branche particulière comme les Maghaoulia ou les Semaghna)
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