M'sila - Emir Khaled


Le mouvement nationaliste algérien qui s’est formé en 1920 en Algérie, a eu pour précurseur l’Emir Khaled, un personnage fascinant et intrigant à la fois. Il était le petit fils de l’Emir Abdelkader, celui qui avait réussi près d’un siècle plus tôt, à imposer le concept de Nation algérienne, libérée de la tutelle ottomane.

Lui Khaled, a fait de ce concept le fondement d’un combat politique, qui s’organisera contre la colonisation française. Un combat qui mènera plus tard à l’indépendance de l’Algérie.

L’Emir Khaled est né le 20 février 1875 à Damas. Fils d’El-Hachemi Ben Abdelkader, il a vécu l’exil de son grand-père. Son éducation a été très religieuse auprès de l’Emir Abdelkader, et tout comme ses frères et ses cousins, il profite et s’imprègne de la science de son grand-père.

Mais celui-ci décède en 1883, alors que Khaled n’a que huit ans. Le jeune Khaled poursuit alors ses études à Damas, auprès de grands savants de l’époque. Jusqu’au jour où, en 1892, son père El-Hachemi, obtient l’autorisation de rentrer en Algérie.
Et d’Algérie, son père l’envoie à Paris poursuivre ses études au lycée Louis Le Grand. Une année plus tard, son père insiste encore pour qu’il entre à Saint-Cyr, l’école militaire réputée. Lui, n’en voit pas l’intérêt et il s’insurge contre cette décision. Mais, il semblerait que c’est l’Emir Abdelkader lui-même qui avait conseillé à ses fils d’apprendre l’école des armes à leurs enfants.

Khaled se résigne mais cause beaucoup de soucis à son père. Il refuse sa naturalisation et n’intègre Saint-Cyr, et plus tard l’armée française, qu’en qualité de soldat indigène. C’était un soldat remarquable et remarqué puisqu’il obtiendra au bout de quinze années, le grade de Capitaine.

Mais les autorités coloniales se méfiaient de lui et le tenaient à chaque fois à l’écart. Il faut dire que lui non plus ne cachait pas son hostilité à l’égard de la colonisation française. Il manifestait sa fierté de descendant de l’Emir Abdelkader, et affichait son refus des humiliations de l’administration française envers les algériens.

C’était un vrai «personnage» et selon la sympathie, la jalousie ou bien la haine qu’il suscitait, il a été décrit de diverses façons contradictoires. C’était pour certains un agitateur, un provocateur et un ambitieux. Pour d’autres un vrai nationaliste, un homme averti et un fin politicien.

Il a su profiter de sa double culture, de l’éducation arabo-musulmane profondément religieuse, et de la pensée française orientée à son époque, vers le respect des droits de l’Homme et des libertés. C’est ainsi qu’il maniait à la perfection la langue arabe et française. Il avait le don d’émouvoir les foules quand il prenait la parole. Physiquement, c’était un bel homme : grand aux yeux clairs et à la barbe noire, il portait élégamment et fièrement le costume de ses ancêtres : Guennour et Burnous.

Mais, avant de se lancer dans une carrière politique, il essaie à plusieurs reprises et dès 1912 de se détacher de l’armée française. Il dépose sa démission que les autorités refusent. Il participe à la 1ère guerre mondiale mais, est évacué en 1915 à cause d’une tuberculose. En 1919, il réussit à prendre définitivement sa retraite et entreprend alors de poursuivre une carrière politique. Il a 44 ans.
Son combat passe par deux étapes. Dans la première, il lutte dans la légalité coloniale. Dans la seconde, il entreprend un véritable combat révolutionnaire. Mais, dans les deux, son combat dérange sérieusement les autorités coloniales qui comprennent vite le danger qu’il représente.

Il est élu aux élections municipales d’Alger le 30 novembre 1919, avec 925 voix sur 1073 votants. Il était hostile à la naturalisation mais combattait aussi pour l'égalité entre indigènes (algériens) et français. Il faut dire que le contexte était très difficile. Le code de l’indigénat avait plongé les algériens dans la misère. Ils étaient la proie d’une injustice sociale et pénale flagrante, à une imposition excessive, à l’inaccessibilité à l’emploi, et bien sur à l’absence de libertés. Telle, la liberté de culte, puisque l’administration coloniale exerçait directement son autorité sur le personnel des mosquées et zaouïates. Et la liberté d’instruction, de circulation et de réunion.

L’Emir Khaled dresse un programme pour combattre les mesures répressives coloniales et gagne l’adhésion d’une large majorité populaire. Il dirige le journal «Al-Iqdam» dès 1920, et y publie des articles virulents. Il fonde aussi la Fraternité Algérienne, une association qui aura beaucoup de succès à travers tout le pays. L’Emir Khaled ne lésine pas sur les efforts. Il organise des meetings à Alger et à l’intérieur du pays. C’était un fait nouveau dans le paysage politique algérien, et il en a été l’initiateur.

Lorsque le «Danger» Khaled est devenu sérieux, la France coloniale décide de l’expulser d’Algérie. En 1925, il part pour l’Egypte, puis s’installe en Syrie en 1926. Partout où il passe, il est acclamé et respecté, il est considéré comme un leader, un symbole de la «Nahda», l’éveil arabe.

Il décède en 1936, à l’âge de 58 ans, en ayant su porter la question algérienne devant l’assemblée de la Société des Nations, à Paris, en 1919 déjà. Il avait à cette époque, demandé la protection du peuple algérien par la SDN. Il avait réussi à émouvoir le président américain Wilson, en lui rappelant son principe de «liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes». Un principe que l’Emir Khaled a défendu jusqu’à la fin de sa vie.



Je m'incline devant cet homme, et que DIEU lui accorde sa miséricorde et l'accueil dans son vaste Paradis au milieu des grands qui ont servis leur peuple pour qu'il arrache leur liberté au même titre que les autres peuples se disant civilises.
taouti mustapha kamal - sans - alger, Algérie

23/06/2015 - 263658

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