Mostaganem - Site Oued Erayeh El Achouli	(Commune de Sidi Ali, Wilaya de Mostaganem)

Wadi Al-Rayeh : Un site paléolithique unique sur la côte ouest algérienne


Wadi Al-Rayeh : Un site paléolithique unique sur la côte ouest algérienne
Introduction
Le site archéologique de Wadi Al-Rayeh, situé sur la côte ouest de l’Algérie, près de Mostaganem, est un témoignage exceptionnel des premières occupations humaines dans la région, remontant au Paléolithique inférieur (environ 2,5 millions à 300 000 ans avant le présent). Ce site se distingue par son emplacement côtier, une rareté pour les vestiges de cette période, qui sont généralement localisés dans les régions intérieures ou désertiques du Maghreb, comme les sites de l’Atlas saharien ou du désert de Tébessa. Wadi Al-Rayeh offre ainsi une opportunité unique d’explorer les modes de vie des populations préhistoriques dans un environnement côtier et leur adaptation aux conditions écologiques locales.
Contexte archéologique : Le Paléolithique inférieur au Maghreb
Le Paléolithique inférieur est marqué par l’apparition des premières industries lithiques, notamment les outils de type Oldowayen et Acheuléen, caractérisés par des galets taillés, des bifaces et des hachereaux. En Algérie, des sites emblématiques comme Aïn Hanech (près de Sétif) et Tighennif (Mascara) ont révélé des preuves d’occupations humaines datant d’environ 1,8 à 1,2 million d’années. Cependant, ces sites sont situés dans des zones continentales, loin des côtes. La découverte de Wadi Al-Rayeh, à proximité de la mer Méditerranée, bouleverse cette tendance et suggère que les groupes humains du Paléolithique inférieur exploitaient également les ressources marines et côtières, un phénomène rare pour cette période en Afrique du Nord.
Localisation et importance stratégique
Le site de Wadi Al-Rayeh s’étend le long des rives de l’oued Boukra, un cours d’eau qui traverse la région de Mostaganem. Sa position, à seulement quelques kilomètres de la côte méditerranéenne, en fait un lieu d’étude privilégié pour comprendre l’interaction entre les environnements fluviaux, côtiers et humains. La forte densité d’artefacts lithiques sur une distance de 500 mètres le long des berges de l’oued indique une occupation prolongée ou répétée, probablement liée à la disponibilité de ressources alimentaires (poissons, coquillages, gibier) et de matières premières pour la fabrication d’outils (silex, quartzite).
L’importance de Wadi Al-Rayeh réside dans son caractère exceptionnel : aucun autre site du Paléolithique inférieur n’a été identifié aussi près des zones côtières algériennes. Cette singularité suggère que les groupes humains de cette période avaient développé des stratégies d’adaptation spécifiques, exploitant les écosystèmes variés de la côte ouest, entre la mer, les rivières et les plaines environnantes.
Fouilles archéologiques
Les recherches sur Wadi Al-Rayeh ont débuté en 1996 et se poursuivent à ce jour, sous la direction d’équipes archéologiques algériennes, parfois en collaboration avec des institutions internationales. Ces travaux ont permis de cartographier la répartition des industries lithiques et de réaliser des fouilles systématiques dans plusieurs secteurs du site. Les premières investigations ont consisté en des sondages exploratoires, suivis de fouilles régulières dans des zones à forte concentration d’artefacts.
Le secteur 3 du site s’est révélé particulièrement riche, livrant une grande quantité d’outils en pierre appartenant à plusieurs niveaux archéologiques. Entre 2002 et 2013, les fouilles ont couvert une superficie de 100 mètres carrés dans ce secteur, mettant au jour des galets taillés, des éclats et des outils acheuléens, tels que des bifaces et des hachereaux. Ces découvertes confirment que Wadi Al-Rayeh était un lieu d’activité humaine intense, probablement un atelier de fabrication d’outils ou un campement temporaire.
Caractéristiques des industries lithiques
Les outils découverts à Wadi Al-Rayeh sont typiques du Paléolithique inférieur, avec une prédominance de techniques de taille rudimentaires mais fonctionnelles. Les artefacts incluent :

Galets taillés : Utilisés comme percuteurs ou couteaux grossiers.
Bifaces acheuléens : Outils symétriques à double tranchant, emblématiques de l’Acheuléen.
Hachereaux : Outils massifs pour couper ou travailler des matériaux comme le bois ou les os.
Éclats : Débris de taille servant à des usages variés, comme le grattage ou la découpe.

La matière première dominante est le silex, abondant dans la région, complété par du quartzite et d’autres roches locales. L’analyse des outils suggère une maîtrise technique avancée pour l’époque, avec des stratégies de taille adaptées aux besoins fonctionnels des groupes humains.
Impact de l’environnement écologique
Les études en cours à Wadi Al-Rayeh s’intéressent particulièrement à l’impact de l’environnement écologique sur l’occupation humaine. Durant le Paléolithique inférieur, le climat de la région était plus humide qu’aujourd’hui, avec des rivières pérennes et une végétation dense, favorisant la présence de faune variée (éléphants, rhinocéros, antilopes). La proximité de l’oued Boukra et de la mer offrait un accès à des ressources diversifiées, incluant des poissons, des coquillages et des plantes comestibles.
L’analyse des sédiments et des pollens fossiles sur le site indique que l’oued Boukra formait un écosystème stable, attirant les groupes humains pour la chasse, la cueillette et la fabrication d’outils. Les variations climatiques, comme les périodes de sécheresse ou d’humidité accrue, ont probablement influencé les schémas de migration et d’occupation, expliquant la concentration d’artefacts dans certains secteurs.
Comparaison avec d’autres sites paléolithiques
Wadi Al-Rayeh peut être comparé à d’autres sites du Paléolithique inférieur en Algérie pour mieux apprécier son importance :

Aïn Hanech (Sétif) : Daté d’environ 1,8 million d’années, ce site continental a livré des outils oldowayens et acheuléens, mais il est éloigné de la côte.
Tighennif (Mascara) : Connu pour ses fossiles humains et ses industries acheuléennes, il est également situé dans l’intérieur des terres.
Grotte des Ours (Tébessa) : Un site désertique avec des vestiges acheuléens, mais sans contexte côtier.

Contrairement à ces sites, Wadi Al-Rayeh offre un rare aperçu des occupations humaines dans un environnement côtier, suggérant une diversification des stratégies de subsistance à cette époque.
Statut patrimonial et défis
Wadi Al-Rayeh est reconnu comme un site archéologique majeur en Algérie, mais il reste peu connu du grand public. Sa préservation est menacée par l’érosion naturelle, les activités agricoles et l’urbanisation croissante dans la région de Mostaganem. Les inondations saisonnières de l’oued Boukra peuvent également endommager les niveaux archéologiques, rendant urgents les efforts de conservation.
Le site mérite un classement officiel comme patrimoine national, accompagné de mesures de protection et de valorisation, telles que la création d’un musée local ou de panneaux éducatifs. Les collaborations internationales pourraient également renforcer les recherches, en apportant des technologies avancées comme la datation par luminescence ou l’imagerie 3D.
Suggestions pour des recherches futures

Datation précise : Utiliser des méthodes comme la datation par uranium-thorium ou la luminescence stimulée optiquement pour établir une chronologie exacte des niveaux archéologiques.
Analyse paléoécologique : Approfondir l’étude des sédiments, des pollens et des microfossiles pour reconstruire l’environnement du Paléolithique inférieur à Wadi Al-Rayeh.
Cartographie détaillée : Employer des drones et des relevés géophysiques pour cartographier l’étendue complète du site et identifier d’autres secteurs prometteurs.
Études comparatives : Comparer les outils de Wadi Al-Rayeh avec ceux d’autres sites côtiers en Méditerranée (par exemple, en Tunisie ou au Maroc) pour explorer les réseaux d’échanges ou de diffusion technologique.
Sensibilisation : Développer des programmes éducatifs pour promouvoir l’importance du site auprès des communautés locales et des chercheurs.

Conclusion
Le site de Wadi Al-Rayeh est une découverte archéologique d’une importance capitale, offrant un rare témoignage des occupations humaines du Paléolithique inférieur sur la côte ouest algérienne. Situé le long de l’oued Boukra, il se distingue par sa proximité avec la mer, une caractéristique unique par rapport aux sites continentaux ou désertiques de la même période. Les fouilles, menées depuis 1996, ont révélé une densité exceptionnelle d’outils lithiques, en particulier dans le secteur 3, confirmant l’intense activité humaine dans la région. Les études en cours explorent l’impact de l’environnement écologique sur ces occupations, soulignant l’adaptabilité des groupes préhistoriques. Pour préserver ce patrimoine, des efforts de conservation et des recherches approfondies sont nécessaires afin de continuer à éclairer l’histoire ancienne de l’Algérie.


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