Introduction
Le site archéologique de Quiza, situé sur les rives du Wadi Chelif dans la région de Mostaganem, Algérie, est l’un des plus anciens ports connus de l’ouest algérien. Fondé à l’époque phénicienne (VIIIe-IIIe siècle av. J.-C.), il témoigne des interactions commerciales et culturelles dans le bassin méditerranéen. Intégré par la suite à la Numidie occidentale, puis devenu un centre romain majeur, Quiza conserve des vestiges révélateurs, tels que des thermes, des installations oléicoles et des citernes souterraines, qui illustrent une économie prospère et une organisation urbaine avancée. Ces éléments soulignent l’importance de Quiza dans la vie quotidienne de ses habitants à travers les âges.
Contexte historique
La période phénicienne
Les Phéniciens, peuple maritime et commerçant originaire de l’est méditerranéen, fondèrent Quiza comme un port commercial au cours de la période phénicienne. Ce port s’inscrivait dans un vaste réseau commercial reliant leurs colonies en Afrique du Nord (comme Carthage et Utique) aux cités méditerranéennes. Situé à environ 8 kilomètres de l’estuaire du Wadi Chelif et 18 kilomètres de Mostaganem, Quiza bénéficiait d’une position idéale pour la navigation commerciale, grâce à sa proximité avec la mer et au Chelif, qui servait de voie naturelle pour transporter les marchandises vers l’intérieur des terres.
La période numide
À la fin du IIIe siècle av. J.-C., Quiza fut intégrée à la Numidie occidentale, sous l’autorité du roi Massinissa (et non « Masisiel », une erreur corrigée à partir des sources historiques). Massinissa (202-148 av. J.-C.), après avoir unifié les tribus numides, étendit son royaume de la vallée de la Moulouya à l’ouest jusqu’à Cirta (actuelle Constantine) à l’est. Avant lui, la région était probablement sous le contrôle de Syphax, roi des Masaesyles, qui régna sur la Numidie occidentale jusqu’à sa défaite face aux Romains et à Massinissa en 203 av. J.-C. Quiza, à cette époque, continua de fonctionner comme un port commercial, facilitant l’exportation de produits agricoles, notamment les céréales et les olives, vers Carthage et Rome.
La période romaine
Avec la domination romaine en Afrique du Nord après la chute de Carthage (146 av. J.-C.), Quiza devint une ville romaine connue sous le nom de Quiza Xenitana, comme l’attestent les inscriptions latines découvertes sur le site. Centre administratif et commercial de la province de Maurétanie césarienne, Quiza profita de son emplacement sur le Chelif pour acheminer des marchandises vers d’autres ports, comme Iol Caesarea (Cherchell) ou Cartennae (Mostaganem). Les inscriptions latines confirment son rôle dans l’organisation romaine de la région.
Les découvertes archéologiques
Les fouilles menées à Quiza ont révélé des vestiges témoignant d’une organisation urbaine sophistiquée et d’une activité économique florissante. Parmi les principales découvertes :
Thermes : Des bains romains équipés de systèmes de chauffage par hypocauste, indiquant un haut niveau de confort et une vie sociale structurée.
Installations oléicoles : Des pressoirs à huile et des entrepôts, soulignant l’importance de la production d’huile d’olive comme pilier économique.
Espaces souterrains : Des salles ou caves souterraines, probablement utilisées pour le stockage ou comme abris.
Citernes souterraines : Un grand nombre de réservoirs construits sous terre pour collecter les eaux de pluie, révélant un système avancé de gestion des ressources hydriques. Ces citernes étaient essentielles pour l’agriculture et les besoins quotidiens dans une région dépendante des précipitations saisonnières.
Ces vestiges démontrent que Quiza était un centre économique dynamique, où les habitants tiraient profit de l’agriculture, du commerce et de l’exploitation des ressources locales. Les inscriptions latines, mentionnant des noms de personnes ou des références administratives, confirment le caractère romain du site et éclairent son organisation sociale.
Importance économique et culturelle
Quiza fut un carrefour commercial reliant l’intérieur algérien au monde méditerranéen. À l’époque phénicienne, le port servait à exporter des produits agricoles et des minerais. Sous les Numides, il facilitait le commerce des céréales et de l’huile d’olive vers Carthage et Rome. À l’époque romaine, Quiza s’intégra dans un système économique plus large, exportant des céréales, de l’huile d’olive et du vin à travers l’Empire.
Les citernes à eau mettent en évidence l’importance de la gestion des ressources dans un environnement semi-aride. Ces réservoirs, qui collectaient les eaux de pluie, étaient vitaux pour l’irrigation, l’approvisionnement en eau potable et les activités industrielles, contribuant à la stabilité et à la prospérité de la ville. Les thermes et les installations oléicoles reflètent un niveau de vie élevé et une intégration des traditions romaines.
Statut patrimonial et défis
Le site de Quiza est l’un des plus importants sites archéologiques de l’ouest algérien, mais il fait face à des défis de préservation en raison de l’érosion causée par sa proximité avec le Wadi Chelif, des inondations saisonnières et de l’expansion urbaine. Malgré son importance historique, le site reste sous-valorisé, nécessitant des efforts pour le protéger et l’inscrire comme patrimoine national ou mondial.
Certaines structures ont subi une dégradation due au manque d’entretien, tandis que les activités agricoles à proximité menacent l’intégrité du site. La création d’un musée local ou d’un centre d’accueil pour visiteurs pourrait accroître la sensibilisation à l’importance de Quiza et attirer chercheurs et touristes.
Comparaison avec d’autres sites
Quiza peut être comparée à d’autres sites phéniciens et romains en Afrique du Nord :
Lixus (Maroc) : Un port phénicien devenu ville romaine, similaire à Quiza par son rôle commercial.
Tipasa (Algérie) : Une cité phénicienne-romaine prospère, dotée d’infrastructures comparables comme des thermes et des citernes.
Utique (Tunisie) : Une colonie phénicienne évoluant en centre romain, partageant avec Quiza son activité commerciale.
Quiza se distingue par sa position légèrement intérieure sur le Chelif, ce qui en faisait un point de jonction entre la côte et l’arrière-pays, contrairement aux ports côtiers directs comme Tipasa.
Suggestions pour des recherches futures
Fouilles élargies : Mener des excavations systématiques pour découvrir d’autres parties de la ville, comme les quartiers résidentiels ou le port antique.
Analyse des inscriptions : Étudier en profondeur les inscriptions latines pour mieux comprendre l’organisation administrative et sociale de Quiza romaine.
Études géomorphologiques : Analyser l’évolution du Wadi Chelif et de son estuaire pour comprendre son impact sur le port au fil des siècles.
Préservation et valorisation : Collaborer avec l’UNESCO ou des institutions nationales pour classer Quiza comme site du patrimoine mondial et élaborer un plan de protection.
Sensibilisation locale : Organiser des programmes éducatifs et des visites guidées pour promouvoir l’importance du site auprès des communautés locales.
Conclusion
Le site de Quiza est un témoignage exceptionnel de l’histoire phénicienne, numide et romaine de l’ouest algérien. En tant que plus ancien port connu de la région, il joua un rôle clé dans le commerce méditerranéen, reliant l’intérieur algérien au monde extérieur. Ses vestiges, incluant thermes, pressoirs à huile et citernes, révèlent une organisation urbaine avancée et une prospérité économique. Situé sur les rives du Wadi Chelif, à 8 kilomètres de son estuaire et 18 kilomètres de Mostaganem, Quiza demeure un symbole des échanges culturels à travers les âges. Des efforts de préservation, des recherches approfondies et une valorisation touristique sont nécessaires pour garantir que ce patrimoine continue d’éclairer l’histoire de la région.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté par : patrimoinealgerie