Introduction
Jdar Essour (le mur d’enceinte) est un bien culturel majeur de la région de Mostaganem, en Algérie. Ce vestige archéologique, constitué des ruines d’un mur fortifié entourant autrefois la région d’Essour, témoigne de l’ingéniosité architecturale et stratégique des Almohades au XIIe-XIIIe siècle. Construit pour protéger la ville, ce mur est considéré comme le seul témoin matériel de la présence almohade à Mostaganem, offrant un aperçu précieux de l’histoire médiévale de la région.
Contexte historique : Les Almohades à Mostaganem
Les Almohades (1147-1269), dynastie berbère originaire du Maroc, ont marqué l’histoire du Maghreb par leur unification politique et religieuse. Sous leur règne, ils ont consolidé leur contrôle sur l’actuelle Algérie, notamment dans les régions côtières et stratégiques comme Mostaganem. Cette ville, déjà un port important à l’époque romaine (sous le nom de Cartennae) et phénicienne, a acquis une importance accrue sous les Almohades en raison de sa position géographique, à proximité de la mer Méditerranée et de la vallée du Chelif.
Le mur d’enceinte de Jdar Essour, attribué à la période almohade, s’inscrit dans un vaste réseau de fortifications érigées par cette dynastie pour sécuriser leurs territoires face aux menaces internes (tribus rivales) et externes (incursions chrétiennes, notamment espagnoles). La construction de ce mur reflète l’expertise almohade en matière d’architecture militaire, combinant des matériaux locaux et des techniques avancées pour l’époque.
Caractéristiques architecturales
Les ruines de Jdar Essour se distinguent par les matériaux de construction utilisés, typiques de l’architecture almohade. Les Almohades privilégiaient l’emploi de pierre taillée, de brique cuite et de mortier de chaux, souvent renforcés par des techniques de maçonnerie robustes. Ces matériaux, résistants aux intempéries, ont permis à certaines parties du mur de subsister jusqu’à aujourd’hui, bien que sous forme de vestiges.
Le mur entourait autrefois la région d’Essour, un quartier stratégique de Mostaganem. Sa conception incluait probablement des tours de guet et des portes fortifiées, comme c’était courant dans les fortifications almohades (par exemple, la Kasbah de Rabat ou la Giralda de Séville). Cependant, l’état actuel des ruines ne permet pas de confirmer ces détails, et des fouilles archéologiques seraient nécessaires pour documenter l’étendue et la structure exacte du mur.
Importance stratégique
L’emplacement de Jdar Essour, surplombant la vallée du Chelif et la région de Sidi Belatar, confère au site une importance stratégique indéniable. La vallée du Chelif, l’une des principales voies de communication de l’ouest algérien, était cruciale pour le commerce et les déplacements militaires. Le mur d’enceinte permettait de contrôler l’accès à Mostaganem depuis l’intérieur des terres tout en offrant une vue panoramique sur les environs, facilitant la détection d’éventuelles attaques.
En outre, la proximité de la région de Sidi Belatar, connue pour ses terres fertiles, renforçait l’importance économique de Mostaganem. Le mur servait ainsi à la fois de rempart défensif et de symbole de l’autorité almohade, protégeant la ville contre les incursions et consolidant son rôle de centre régional.
Rôle dans le système défensif
Jdar Essour était un élément clé du système défensif de Mostaganem sous les Almohades. Ce mur, considéré comme l’un des plus importants de la région, protégeait la ville contre les assaillants tout en délimitant son périmètre urbain. À l’époque almohade, les fortifications étaient conçues pour résister à des sièges prolongés, intégrant des murs épais et des points de défense stratégiques. Le mur d’Essour, bien que partiellement en ruines aujourd’hui, reste un témoignage de cette ambition défensive.
Statut patrimonial
Jdar Essour est reconnu comme un site archéologique d’importance nationale, étant le seul vestige matériel attestant de la présence almohade à Mostaganem. Contrairement à d’autres régions du Maghreb où les mosquées, médersas ou kasbahs almohades sont plus nombreuses (par exemple, la mosquée Koutoubia à Marrakech), Mostaganem conserve peu de traces de cette période. Ce mur est donc un lien unique avec l’histoire médiévale de la ville, illustrant son rôle dans le réseau almohade.
Cependant, le site souffre d’un manque de documentation et de conservation. Les inondations, fréquentes dans la région en raison de la proximité du Chelif, ainsi que l’érosion naturelle, ont probablement contribué à la dégradation des ruines. Des efforts de préservation, incluant des études archéologiques et des travaux de restauration, seraient essentiels pour protéger ce patrimoine.
Comparaison avec d’autres sites almohades
Pour mieux contextualiser Jdar Essour, il est utile de le comparer à d’autres fortifications almohades. Par exemple :
La Kasbah des Oudayas à Rabat, construite sous le règne d’Abdelmoumen al-Mohadi, utilise des techniques similaires de maçonnerie en pierre et en brique.
Les murailles de Tlemcen, également d’origine almohade, montrent une organisation défensive comparable, avec des murs épais et des tours de guet.Ces parallèles suggèrent que Jdar Essour s’inscrivait dans un modèle architectural standardisé, adapté aux besoins locaux de Mostaganem.
Suggestions pour des recherches futures
Fouille archéologique : Des excavations systématiques autour de Jdar Essour pourraient révéler des sections intactes du mur, des artefacts ou des indices sur son organisation (portes, tours, etc.).
Analyse des matériaux : Une étude scientifique des matériaux de construction (pierre, mortier) permettrait de confirmer leur datation et leur lien avec l’architecture almohade.
Cartographie historique : Reconstituer le tracé original du mur à l’aide de relevés topographiques et d’images satellites pourrait clarifier son étendue et son rôle dans l’urbanisme de Mostaganem.
Sources écrites : Consulter les chroniques almohades, comme celles d’Ibn al-Athir ou d’Ibn Idhari, pourrait fournir des références indirectes à des fortifications dans la région.
Conservation : Collaborer avec les autorités locales et les organisations patrimoniales pour classer officiellement Jdar Essour comme site protégé et financer sa restauration.
Conclusion
Jdar Essour, vestige du mur d’enceinte almohade de Mostaganem, est un témoignage exceptionnel de l’histoire médiévale de la région. Construit au XIIe-XIIIe siècle pour protéger la ville, ce mur illustre l’expertise architecturale et l’ambition stratégique des Almohades. Surplombant la vallée du Chelif et la région de Sidi Belatar, il jouait un rôle clé dans le système défensif de Mostaganem. Aujourd’hui, malgré son état de ruine, Jdar Essour reste le seul témoin de la civilisation almohade dans la ville, méritant une attention accrue pour sa préservation et sa valorisation. Des recherches archéologiques et des efforts de conservation sont nécessaires pour garantir que ce patrimoine culturel continue d’éclairer l’histoire de Mostaganem.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté par : patrimoinealgerie