Contexte historique et la tribu Mahal
La tribu Mahal (parfois orthographiée Mahall ou Mahalla) est une tribu berbère ou arabo-berbère historiquement établie dans l’ouest de l’Algérie, notamment autour de Mostaganem, Katans (probablement une référence à Qaytna ou une localité proche) et Mazouna. Ces régions, situées sur la côte méditerranéenne, étaient des centres stratégiques au XVIe siècle en raison de leur importance commerciale et militaire. La tribu Mahal jouait un rôle influent dans la région, interagissant avec les puissances ottomanes, espagnoles et les dynasties locales telles que les Zianides.
Au cœur de cette tribu, Hamid Al-Abed, également connu sous les surnoms Hamid al-Aswad (Hamid le Noir) ou al-Abd al-Aswad (l’Esclave Noir), émerge comme un chef emblématique. Vivant au début du XVIe siècle, autour de 1517, il est décrit comme un leader puissant, respecté et craint. Son surnom, attribué à la couleur sombre de sa peau, reflète une pratique courante dans les sociétés maghrébines où des caractéristiques physiques ou des origines distinctives étaient intégrées aux noms honorifiques.
Rôle et influence de Hamid Al-Abed
Hamid Al-Abed se distingue par sa capacité à étendre l’influence de la tribu Mahal sur les territoires environnants. Il aurait annexé à son autorité Mostaganem, Katans, Mazouna et leurs environs, consolidant ainsi le pouvoir tribal dans une région stratégique. Cette expansion suggère qu’il était un chef militaire et politique habile, capable de fédérer des groupes locaux et de s’imposer face à des rivaux.
Le XVIe siècle dans l’ouest algérien est marqué par des luttes de pouvoir entre les Ottomans, qui cherchaient à établir leur domination sous des figures comme Aruj et Khayr al-Din Barberousse, et les Espagnols, qui occupaient temporairement des ports comme Oran et Mostaganem. Dans ce contexte, Hamid Al-Abed a probablement joué un rôle clé, soit en s’alliant avec les Ottomans pour contrer les incursions espagnoles, soit en maintenant une autonomie relative. Cependant, les chroniques ottomanes ou espagnoles ne mentionnent pas explicitement son nom, ce qui indique que son influence était principalement locale et transmise par la tradition orale.
Dar Hamid El Abdi
Hamid Al-Abed est associé à une demeure connue sous le nom de Dar Hamid El Abdi, un site qui porte son nom et symbolise son autorité. Selon l’historien local Moulay Belhamissi, cette maison a été restaurée en 1927 à la suite de dégâts causés par des inondations ayant endommagé son mur extérieur. Ce détail, rapporté par les habitants de Mostaganem, souligne l’importance de ce lieu comme un repère historique. La demeure aurait servi de centre de commandement ou de résidence principale pour Hamid Al-Abed, bien que des informations sur son emplacement précis ou son état actuel soient absentes des sources consultées.
Fondation ou embellissement de Mostaganem
Un débat persiste quant au rôle de Hamid Al-Abed dans l’histoire de Mostaganem. Certains témoignages locaux le considèrent comme le fondateur de la ville, lui attribuant la création de ses bases et son développement initial. D’autres rejettent cette idée, affirmant qu’il s’est contenté d’agrandir et d’embellir la ville. Historiquement, Mostaganem existait bien avant le XVIe siècle, avec des origines remontant à l’époque phénicienne et romaine (sous le nom de Cartennae) et un rôle de port important sous les dynasties almoravides et zianides.
Il est donc plus probable que Hamid Al-Abed ait contribué à l’expansion de Mostaganem, peut-être en renforçant ses fortifications, en développant son commerce ou en consolidant son statut de centre régional. Cette hypothèse s’aligne avec le contexte de l’époque, où les chefs locaux cherchaient à fortifier leurs positions face aux rivalités internes et aux menaces extérieures.
Mort et sépulture
Hamid Al-Abed serait décédé en 1545 et aurait été inhumé dans les hauts plateaux du quartier Al-Matmar à Mostaganem. Ce lieu, dont le nom signifie « le tombeau » ou « le lieu de sépulture », est associé à des inhumations de figures importantes. Selon les récits locaux, des inondations auraient endommagé le mur extérieur de sa tombe, un événement marquant pour la communauté. L’absence de précisions sur l’emplacement exact de la sépulture limite les possibilités de vérification archéologique, mais cela renforce l’ancrage de Hamid Al-Abed dans la mémoire collective de Mostaganem.
Origine de Hamid Al-Abed
Aucune information précise n’existe sur l’origine géographique ou familiale de Hamid Al-Abed. Son appartenance à la tribu Mahal suggère des racines berbères ou arabo-berbères, typiques des groupes tribaux de l’ouest algérien. Le surnom « al-Abd » (l’esclave) pourrait indiquer une ascendance affranchie, une référence symbolique ou une désignation honorifique, comme c’était courant à l’époque. L’absence de détails sur son lieu de naissance ou sa lignée laisse cette question ouverte.
Suggestions pour des recherches futures
Archives locales : Consulter les archives de Mostaganem, Oran ou Tlemcen, ainsi que les manuscrits historiques, pourrait révéler des références supplémentaires à Hamid Al-Abed ou à la tribu Mahal.
Études archéologiques : Des fouilles dans le quartier Al-Matmar ou autour de Dar Hamid El Abdi pourraient permettre d’identifier des vestiges liés à sa tombe ou à sa demeure.
Œuvre de Moulay Belhamissi : Approfondir les recherches sur le livre de Moulay Belhamissi, en identifiant son titre exact et son contexte, pour évaluer la fiabilité des informations qu’il rapporte.
Sources ottomanes et espagnoles : Examiner les chroniques ottomanes (comme celles de Khayr al-Din) ou les rapports espagnols sur la région pourrait confirmer l’existence d’un chef local nommé Hamid Al-Abed.
Conclusion
Hamid Al-Abed, chef de la tribu Mahal, fut une figure centrale de Mostaganem au XVIe siècle (1517-1545). Connu pour sa force et son leadership, il étendit son influence sur Mostaganem, Katans et Mazouna, contribuant soit à la fondation, soit à l’expansion et à l’embellissement de la ville. Sa demeure, Dar Hamid El Abdi, restaurée en 1927 après des inondations, reste un symbole de son autorité. Inhumé dans le quartier Al-Matmar, il demeure une figure légendaire, ancrée dans la tradition orale de Mostaganem. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour documenter pleinement son rôle et son héritage.
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Posté par : patrimoinealgerie
Source : cartes.patrimoineculturelalgerien.org