«Un expert, c'est une opinion. Deux experts, c'est la contradiction. Trois experts, c'est la confusion.» Anonyme
Et si on ajoute un ou plusieurs escrocs à ce noeud de vipères, alors, bonjour les dégâts!
Il faut dire que les paradoxes ne manquent pas dans ce riche pays où le commun des citoyens est si pauvre: par quel miracle un pays qui produit des hydrocarbures depuis plus de cinquante ans arrive-t-il à en importer' Mystère et boule de gomme! Par quel phénomène des secteurs de services entiers de l'économie nationale sont confiés à des étrangers qui rechignent à investir dans l'industrialisation de ce pays' Je vous laisse égrener votre chapelet de supputations.
Je crois que c'est la rumeur qui court d'une façon persistante et qui fait croire que l'Algérien est un fainéant, un mauvais travailleur. Est-ce un de ces colons pour justifier les salaires de misère qu'il distribuait aux journaliers qui travaillaient au noir et qui ne connaissaient ni congé, ni allocations familiales, ni assurance sociale'
On comprend maintenant pourquoi certains sont devenus rapidement riches: en faisant suer le burnous comme le disait la camarade Mireille que je salue ici, fraternellement.
D'ailleurs, peut-être l'enrichissement rapide ne vient pas seulement de vols, de détournements, ou de fraudes fiscales: peut-être que la tradition du travail au noir a été fidèlement respectée par des employeurs du secteur privé, sans scrupules, qui continuent fidèlement à médire de la main-d'oeuvre locale.
On ne peut que les renvoyer aux études des archéologues, qui ont démontré scientifiquement, preuves matérielles à l'appui, que les cités qui ont fait la gloire de l'empire romain: Cesarée, Timgad, Djemila, sont l'oeuvre d'artisans berbères: des signatures ont été trouvées sur les pierres de beaucoup d'édifices. S'il y avait de bons tailleurs de pierres, des artistes peintres, des tisserands...que les Romains employaient, c'est que les populations de l'Afrique du Nord ont été industrieuses. Tout le monde n'était pas pasteur. S'il faut chercher une cause à la mauvaise réputation que l'on traîne, ce n'est sûrement pas dans la proximité de la Corse ou l'influence soporifique d'un climat propice à la sieste, mais dans les différents systèmes qui ont géré cette région pendant des siècles.
D'ailleurs, si l'on voulait vraiment réfléchir sérieusement à la question, on devrait se demander ce qui pousse une grande majorité de la jeunesse à rêver d'un ailleurs: un boulot pour survivre, un toit pour se marier et vivre normalement. Donc, si comme le chantait merveilleusement Charles Aznavour à une époque où la canicule ne sévissait pas comme aujourd'hui, «Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil...», c'était avant le phénomène El Nino... Maintenant, les jeunes, après avoir frappé à toutes les portes pour trouver un emploi qui puisse leur assurer un avenir digne, après avoir marqué de leur ombre indélébile les murs lépreux de nos cités, prennent une douloureuse décision: partir! Par tous les moyens! Brûler les interdits qui bâtissent les murs autour des foyers de la misère. Il faut que le désespoir qui habite ces jeunes soit vraiment profond pour qu'ils acceptent d'affronter tous les dangers qui les guettent dans une odyssée incertaine.
Une traversée périlleuse dans une embarcation d'infortune, des passeurs peu sûrs qui se conduisent comme les esclavagistes des temps passés, et au bout du chemin, s'ils ne se noient pas ou s'ils ne sont pas repris par les autorités locales, un rivage étranger, une terre promise où, s'il faut croire un reportage marocain, commencera le calvaire des travailleurs surexploités: travail au noir, clandestinité, conditions de vie désastreuses, et souvent la prison en prime à la xénophobie, aujourd'hui à la mode. Mais ils croient quand même en un avenir, cet avenir qui leur est refusé ici.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com