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Le sort des gardes communaux suspendu aux promesses du ministre de l'Intérieur


Le sort des gardes communaux suspendu aux promesses du ministre de l'Intérieur
Pour les gardes communaux, qui ont mis fin à leurs actions de protestation, c'est l'attente. Leur sort dépend désormais du ministère de l'intérieur, et de la manière dont il va tenir les promesses faites pour désamorcer la crise née des deux grandes marches sur Alger. Mais les gardes communaux ne se font pas trop d'illusions. Le ministère de l'intérieur a promis d'étudier les revendications, pas de les résoudre.
Les gardes communaux ont définitivement levé leur camp permanent de Boufarik, rassurés par les « engagements » pris par le ministère de l'Intérieur concernant la prise en charge leurs doléances. Le coordinateur national des gardes communaux, Chouaib Hakim, avait assuré avoir « décelé une sincère disponibilité » chez le ministère de tutelle pour la satisfaction des revendications des gardes communaux.
Pourtant, le ministère de ministère de l'intérieur n'a pas pris de véritables « engagements » pour satisfaire les revendications des gardes communaux. Dans le communiqué qu'il a rendu public, le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia s'est engagé à examiner la « faisabilité » de certaines revendications soulevées par les gardes communaux, et non leur satisfaction totale. Le ministère de l'Intérieur a fait savoir qu'il sera procédé à l'examen de la « faisabilité d'une revalorisation de la prime de risque et d'astreinte, à la levée de la limitation de la période de mise en 'uvre du régime exceptionnel de retraite proportionnelles et au cumul de la pension de retraite proportionnelle exceptionnelle avec une autre rémunération ».
Cette situation n'est pas sans risques pour les gardes communaux, qui ont déjà vécu une expérience similaire l'année dernière, dans les mêmes conditions, ou presque. En mars 2011, des centaines de gardes communaux venus des différentes wilayas du pays s'étaient rassemblés devant le siège de l'APN. Les protestataires ont adressé une lettre au président de la République dans laquelle ils demandaient notamment une augmentation de leurs salaires avec effet rétroactif à partir de 2008, à l'instar des autres corps de sécurité.
Ils ont, également, exprimé leur refus de la décision du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales relative à leur redéploiement, appelant à l'officialisation de ce corps et à la promulgation de son statut. Mais ils ont finalement levé leur camp après avoir reçu des « assurances » de la part du Ministère de l'Intérieur, qui avait notamment installé un groupe de travail chargé de l'étude des préoccupations socioprofessionnelles présentées par le personnel de la Garde communale. Une année après, retour à la case départ.
Les dures séquelles du terrorisme
« Pourquoi les autres corps constitués ont eu des valorisations salariales, mais pas nous ' Nous travaillons depuis seize ans et notre salaire de base ne dépasse pas les 12.000 DA », s'écrie A. Brahim, originaire de la wilaya de Skikda, qui a perdu son 'il droit, et est victime d'une paralysie faciale suite à un attentat terroriste. « Nous travaillons 24h/24, mais nous sommes assurés pour seulement 8h ! », fulmine son collègue de Tiaret qui, lui, a eu la vie sauve, mais pas un capitaine de l'ANP et un jeune soldat, lors d'un accrochage avec des terroristes au cours de l'année 1999. « Nos revendications sont légitimes, réelles, mais ne sont pas politiques », entonnent les gardes communaux, qui réclament une retraite anticipée et 500 millions de centimes pour les heures pour lesquelles ils n'ont pas été assurés.
Abdelkader, 61 ans, de la wilaya de Saïda, porte encore les séquelles des balles qui lui ont transpercé la jambe gauche suite à un accrochage avec un groupe terroriste en 1996. « Y'en a marre ! », s'époumone Abdelkader, père de quatre enfants. En 1999, un accrochage a opposé les forces combinées de sécurité (Gendarmerie, ANP et gardes communaux), à des terroristes. Un capitaine de l'ANP y a laissé sa vie et plusieurs terroristes ont été éliminés. « Moi, j'en ai abattu trois (terroristes) », se rappelle-t-il. Torse nu, il montre les traces des sept balles qui lui ont transpercé le corps, ce qui l'a plongé dans un coma de sept mois.
Un autre témoigne, les larmes aux yeux : «Lorsque j'ai intégré le corps de la garde communale en 1994, mon fils venait seulement de naître ». « Je ne l'ai pas vu grandir, il n'a aucune notion de l'amour paternel ; lorsqu'il me voit il me fuit. Pouvez-vous supporter cela ' », déclare-t-il, éploré. « Nous travaillons 24h/24 mais nous n'avons droit qu'à 21 jours de congé ; pourquoi les autres corps constitués ont eu des valorisations salariales mais pas nous ' », s'interroge, avec amertume, un manifestant. Un autre enchaîne : « Certains d'entre nous n'ont pas perçu leurs salaires depuis trois mois ».
Le doute persiste
Si certains ont la chance de travailler même pour un salaire dérisoire de 12.000 dinars, d'autres, en revanche, se sont retrouvés au chômage alors qu'ils ont des familles qu'il faut faire vivre. C'est, entre autres, le cas d'Ahmed, 41 ans, père de quatre enfants et originaire de Saïda.
Les protestataires ne semblent pas accorder de crédit aux promesses du ministère de l'Intérieur de les intégrer, après dissolution de ce corps, dans d'autres corps constitués. « Nous voulons nos droits et, ensuite, nous décamperons. Nous en avons assez ! », disait un manifestant, en prévenant que des milliers de ses collègues sont prêts « à aller plus loin si nos revendications ne sont pas satisfaites ».
La menace plane encore, mais pour l'heure, les gardes communaux ont levé le camp, après ce qui apparait comme leur dernière opération d'éclat. En hommages des 1.015 d'entre eux, officiellement recensés, tombés dans la lutte antiterroriste.
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