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Sahara Occidental-pays arabes: Des principes à deux vitesses


La Jordanie a décidé de suivre l'Arabie Saoudite et le Qatar en se joignant à leur soutien et à leur appui au projet d'autonomie que le Maroc veut imposer au Sahara Occidental pour priver le peuple sahraoui de son indépendance.Après les discours des représentants permanents de l'Arabie saoudite et du Qatar auprès des Nations Unies, lors de la session plénière de la quatrième Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies, sur le Sahara occidental, soutenant la marocanité des territoires du Sahara Occidental, c'est Amman, la capitale du royaume de Jordanie qui leur emboîte le pas en chargeant son représentant permanent aux Nations-Unies d'affirmer que le projet en question est «un pas positif du Maroc » pour résoudre le conflit du Sahara Occidental. « La Jordanie le soutient parce qu'elle considère que c'est un mécanisme sérieux et objectif qui répond aux spécificités de la région et à la souveraineté du Maroc sur ses territoires », a déclaré il y a à peine deux jours, M'hamoud Daifallah Hmoud, représentant jordanien permanent à l'ONU. Rien d'étonnant dans cette prise de position que la Jordanie a voulu alignée à celle de l'Arabie Saoudite et du Qatar. Elle est pour services déjà rendus à plusieurs reprises en faveur du roi Abdallah II. L'on cite le dernier, celui d'avril dernier, qui a été assez fort et prompt de la part de plusieurs pays du Golf, en tête l'Arabie saoudite, et ce, lorsque le roi a été sérieusement déstabilisé par des luttes intestines au sein de la famille royale dont le meneur n'est autre, selon Amman, que son demi frère le prince Hamza. Accusé « d'atteinte à la sécurité du royaume », Hamza a été assigné à résidence à Amman par le roi Abdallah II. Ryadh avait fait part de son « appui total aux décisions et mesures prises par le roi Abdallah et le Qatar et les Emirats arabes Unis lui ont affirmé leur soutien dans tout ce qu'il entreprendrait. La Maroc a fait tout autant en considérant le roi Abdallah II comme « frère et ami ». A l'instar des autres pays du Conseil de coopération des pays du Golf (CCG) comme Oman, le Bahreïn ou le Koweit, Israël s'en était mêlé en estimant certes que « ce sont des affaires intérieures » mais en soulignant notamment par la voix de son ministre de la défense que « la Jordanie est notre voisin et allié stratégique avec lequel nous entretenons des relations pacifiques(...) ».
Quand Israël s'en mêle
Il a affirmé qu' «une Jordanie forte et prospère est dans l'intérêt sécuritaire et économique d'Israël". Tout avait alors été dit à un moment très délicat pour le trône du roi Abdallah II. L'on pourrait déduire que c'est possible que le soutien au Maroc est dicté par une feuille de route dans l'élaboration de laquelle Israël a une main directe. Ce qui est très possible depuis que les pays arabes ne se cachent plus comme avant pour crier leur rapprochement officiel de l'entité sioniste. Mais l'on ne peut oublier que Rabat avait depuis longtemps choisi de se rapprocher du CCG, des pays du Golfe, puisqu'il avait accepté de participer dans la coalition militaire qui s'acharne depuis de longues années contre le Yémen sous la direction de Ryadh.
«La Jordanie n'est pas à blâmer car c'est un pays qui lutte avec des ressources très limitées, pour survivre géopolitiquement, au plan sécuritaire, socialement et économiquement dans une région déchirée par les conflits et les crises », relèvent des sources proches des milieux de stratèges arabes. «La Jordanie n'a pas de ressources naturelles dont elle peut bénéficier sauf la mer Morte et El qods, eu égard à la tutelle hachémite », soutiennent encore nos sources avec un sourire en coin.
Et sur un ton plus ironique, nos stratèges font remarquer qu'« en plus, nous n'oublions pas que la Jordanie fait des efforts considérables pour préserver le statu quo historique et juridique dans la ville de Jérusalem, en étroite coordination avec la présidence du Comité Al-Qods, le Maroc, un comité qui ne s'est pas réuni depuis des décennies ». El qods, affirment-ils sur le même ton, « est devenue par ailleurs, sur le terrain, sous contrôle total israélien, à l'instar du Golan et de la vallée du Jourdain, en attendant, la Cisjordanie.... »
L'on rappelle que dans une lettre qu'elle a adressée il y a quelques jours, officiellement au Conseil de sécurité des Nations-Unies, l'Algérie a affirmé « refuser le statu quo entretenu des années durant sur le dossier du Sahara occidental, notamment le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, refuse, de fait, toute tentative de dévoyer le conflit de son caractère de décolonisation ».
Le rejet de l'Algérie du statu quo
C'est ainsi que l'envoyé spécial du président de la république, chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au niveau du ministre des Affaires étrangères, Amar Belani, a exprimé officiellement « le rejet de l'Algérie du format dit de tables rondes pour traiter de la question du Sahara occidental, non seulement, parce qu'il ne constitue pas la solution au conflit, mais aussi et surtout parce qu'il devient contreproductif ». Dans des déclarations faites avant-hier à l'APS, Belani a relevé qu'«il est légitime de s'interroger désormais sur l'exécution du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) dans ce nouveau contexte, puisqu'il n'y a plus de cessez-le (...) ».
Nos sources issues des milieux de stratèges arabes avaient réagi aux déclarations de soutien au Maroc de l'Arabie saoudite et du Qatar en leur temps, en soutenant que «les propos des représentants permanents de certains pays du Golfe aux Nations Unies sur le Sahara occidental, sont juste des absurdités et des illusions pour induire en erreur l'opinion publique internationale ». Nos spécialistes rappellent notamment que ces positions de soutien au plan d'autonomie marocain, positions qui, notent-ils «étaient avant plus nuancées et non aussi fermes », sont aujourd'hui émises « par des pays qui ont contribué de manière significative à la fragmentation continue de notre monde arabe ».
Ils relèvent ainsi que «ces déclarations sont en fait une vieille chanson, traditionnelle et périodique, paroles et musique du makhzen marocain interprétée par certains Etats du Golfe, qui comporte en elle de nombreuses contradictions et erreurs visant à tromper l'opinion publique internationale, chaque fois que la question du Sahara occidental équitable est incluse dans l'ordre du jour des conseils et des comités de l'ONU ». Ils soulignent que «bien que la communauté internationale n'ait pas reconnu la dépendance du Sahara occidental de la souveraineté marocaine, ces voix s'élèvent parfois à la demande d'un chef d'orchestre marocain, pour exprimer de nobles principes tels que la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale, mais qui historiquement n'ont jamais saisi leur haute signification mais plutôt les violent très souvent ». Selon eux « ces pays ont abandonné ces principes depuis longtemps au profit de la préservation de leurs propres intérêts sous la protection de forces étrangères ».
Rhétoriques ridicules
Il est relevé que «certains pays accélèrent l'ouverture dans les territoires occupés de simples magasins qu'ils appellent consulats, mais avec un financement marocain, ils bafouent ainsi les dispositions du droit international et les résolutions du conseil de sécurité qui traitent la question du Sahara occidental comme un cas de décolonisation et ont déjà inclus l'organisation du référendum au Sahara occidental ». Nos sources tiennent à noter que « l'ONU a inscrit le référendum en question en mettant en place tous les préparatifs pour le déroulement de son processus, à commencer par l'adoption en 1991 du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, les deux parties en conflit. «Pour rappel, ces trompettes saisonnières ignorent qu'en 1975, la Cour internationale de Justice de La Haye a reconnu définitivement que les liens entre le Sahara occidental et le Maroc et la Mauritanie n'étaient pas assez étroits, n'étaient pas historiquement consacrés dans des documents officiels et ne pouvaient ainsi avoir un lien avec leur souveraineté(...) ». Nos stratèges estiment que «si l'Algérie se réserve le droit de contrer vigoureusement ces tentatives désespérées et méprisables, elle ne répondra pas à ces rhétoriques ridicules et aux erreurs émanant de ces pays, qui ont déjà contribué de manière flagrante à la fragmentation effrénée du monde arabe ». Des pays qui, disent-ils, «ont largement contribué au cours de la dernière décennie dans l'aggravation des crises internes des pays comme la Syrie, la Libye, le Yémen, le Soudan, l'Irak, le Liban (...), tout en restant incapables de défendre leurs intérêts vitaux, dans leurs conflits régionaux et même dans leur environnement immédiat(...) ». Il n'est pas nécessaire, ajoutent-ils, « de rappeler la récente décision du Congrès américain de maintenir la légitimité internationale et d'empêcher l'établissement d'un consulat américain dans les territoires occupés du Sahara occidental, ce qui reflète ainsi son rejet du compromis de l'ancien président Trump sur la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la reconnaissance officielle d'Israël par le Maroc ». Ils concluent en affirmant que « nous sommes d'accord avec tous ceux qui sont désireux d'atteindre la sécurité et la stabilité et refusent de nuire aux intérêts supérieurs des Etats ou d'empiéter sur leur souveraineté ou l'unité de leurs territoires » Alors, recommandent nos sources, «commençons à appliquer ces nobles principes au peuple yéménite frère, dont la souveraineté et la terre ont été violées et depuis des années ses massacres sont ignorés par la communauté internationale, comme c'est le cas du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ».


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