Médéa Mois sacré, contrôle et spéculation

La mobilisation d'un grand nombre d'agents du contrôle des prix et de la répression des fraudes à l'occasion du mois sacré ne semble pas rassurer le citoyen, tant la flambée de la mercuriale n'a jamais connu de limites et que de toute façon la spéculation s'érigera en règle sur les marchés.
Le jeûneur sait que de toute manière il va courber l'échine devant ceux qui dictent les règles du marché et contre lesquels les agents de contrôle ne peuvent pas grand-chose, sinon rien. L'on sait d'ailleurs que le consommateur va encore une fois supporter les affres du mois du Ramadhan avec la conviction que la compétition pour la vertu du jeûne n'est pas seulement d'ordre spirituel, elle est devenue une opportunité à saisir pour des commerçants qui mettent toute leur énergie afin de le sacrifier sur l'autel de leur cupidité. En effet, le mois sacré est devenu une période des plus propices pour réaliser des profits que les affairistes de tous bords utilisent pour éprouver quotidiennement le budget de la ménagère.
Ce qui nous amène à nous interroger sur l'efficacité du rôle des agents de contrôle dans une économie où les échanges se font pour une grande part à travers le marché informel, ce dernier brassant des sommes colossales sans même être inquiété par les différentes institutions de surveillance et de contrôle de l'Etat. Il faut avouer que la tâche des agents de contrôle n'est pas facile, car ils sont souvent exposés à des risques réels comme nous le rapporte l'un d'eux : "Les contrôleurs subissent la colère des commerçants qui ne peuvent pas justifier la provenance de leur marchandise. D'autres vont jusqu'à faire usage de menaces en l'absence de protection dans un marché où tout le monde peut s'improviser marchand de n'importe quoi pendant ce mois.
Un agent a vu de très près la machette et le coutelas d'un boucher lors d'un contrôle dans un marché hebdomadaire en voulant saisir une quantité de viande non estampillée provenant d'un abattage clandestin."
L'on sait que parmi les facteurs qui influent directement sur le niveau général des prix dans leur tendance à la hausse ou à la baisse, l'offre et la demande constituent les principaux piliers qui conditionnent l'équilibre du marché. Il faut savoir que l'augmentation des prix, qui touche à tous les produits de consommation pendant le mois sacré, est une conséquence de la frénésie qui s'empare des consommateurs, tirant la demande vers le haut dans un mouvement qui entraîne une envolée du niveau général des prix. Le courant atteint rapidement son pic du fait de l'incapacité des pouvoirs publics à mettre en place les leviers économiques à même de permettre de le juguler, sachant que ce mouvement revêt un caractère cyclique et récurrent.
L'on comprend dès lors que la maîtrise des prix pose quelques problèmes pendant une période où la demande en produits de consommation est élevée, mais il est incompréhensible de laisser la place à la seule spéculation pour imposer ses règles. La tendance générale observée est expliquée par la spéculation à laquelle s'est conjuguée l'inflation qui ne cesse de grimper en touchant quasiment tous les produits pour finalement annihiler les augmentations de salaires décidées par l'Etat.