Mascara

Présidentielle : l'heure de vérité


Il est fort à parier que les Algériens ne se rueront pas massivement vers les urnes. Pour preuve, ceux vivant à l'étranger n'ont pas été nombreux à se rendre aux bureaux de vote.Au bout d'une campagne électorale terne et insipide, animée par des candidats peu charismatiques et sans troupe, l'Algérie s'apprête à vivre, aujourd'hui jeudi 12 décembre 2019, dans un climat de tension extrême, l'élection présidentielle la plus contestée depuis l'indépendance du pays. Mal engagé car ne bénéficiant pas d'un large consensus citoyen, ce rendez-vous "capital" risque fort de finir en queue de poisson. Pourquoi '
Simplement parce qu'il découle d'une décision unilatérale des autorités qui, engoncées dans leurs certitudes, n'ont pas voulu, tout au départ, engager un dialogue sérieux et aussi large que possible avec l'ensemble des acteurs politiques et sociaux, impliqués ou non dans le hirak, et, de ce fait, les Algériens n'y ont pas adhéré.
Résultats des courses, l'on a assisté, tout au long de ces trois derniers mois, à un choc de deux volontés. D'une part, celle du pouvoir en place, décidé à concrétiser coûte que coûte le projet de la présidentielle pour, dit-il, mettre un terme à la situation d'exception dans laquelle se trouve le pays depuis le départ du président Bouteflika le 2 avril dernier.
Il a mis tout son poids dans la balance, mobilisant les grands moyens et n'hésitant pas à recourir à la méthode forte, qui s'est soldée par des arrestations (la Laddh en a dénombré près de 1 000 depuis le 22 février) à tour de bras dans les rangs des manifestants, mais aussi des incarcérations de militants connus (Lakhdar Bouregâa, Karim Tabbou, Fodil Boumala, etc) et des moins connus.
Et, plutôt que d'affaiblir le hirak, ce "raidissement autoritaire" n'a fait que le galvaniser et, malheureusement, ajouter un surcroît de tension à une situation déjà peu sereine. D'autre part, la volonté des Algériens impliqués dans le hirak qui se sont fortement mobilisés (des centaines de milliers descendent chaque vendredi dans la majorité des grandes villes du pays) pour faire échec à cette entreprise de sauvetage d'un système tenu pour responsable de tous les malheurs du pays.
Et le profil des candidats retenus pour briguer la magistrature suprême (ils sont tous des enfants du système, et quatre d'entre eux ont déjà officié sous Bouteflika) n'a fait que décupler le rejet d'une élection que nombre d'acteurs ont qualifiée de "mascarade".
Conséquence immédiate : les cinq candidats ont souvent animé des meetings électoraux dans des salles clairsemées et ont été parfois hués, voire chassés, par des citoyens en colère. À voir le peu d'intérêt des Algériens pour une campagne électorale a minima, il est fort à parier que les Algériens ne se rueront pas massivement vers les urnes. Pour preuve, ceux vivant à l'étranger n'ont pas été nombreux à se rendre aux bureaux de vote.
À coup sûr, l'enjeu de cette élection, pour le pouvoir comme pour les militants du hirak, est le niveau de participation des Algériens au scrutin d'aujourd'hui. L'un espère un taux plus ou moins "appréciable", pour reprendre l'expression du président de l'Anie, Mohamed Charfi, et vendable pour conférer un tant soit peu de légitimité à l'élection et, partant, au président qui en sera issu.
L'autre, c'est-à-dire le hirak, a jeté toutes ses forces dans la bataille en multipliant les actions (marches, grèves, etc.) pour dissuader le maximum d'Algériens de ne pas se rendre aux urnes, dans l'espoir de réaliser le taux de participation le plus bas possible, afin de mettre les tenants du pouvoir en position de faiblesse et les contraindre à satisfaire les revendications de la rue (départ des principales figures du système, engagement d'une période de transition, etc.).
Et face à une telle défiance populaire jamais connue jusqu'ici, il est fort improbable que l'élection présidentielle d'aujourd'hui puisse connaître un taux de participation qui répondrait au souhait du ,pouvoir. Le hirak survivra-t-il à l'épreuve de la présidentielle '
Oui, estiment nombre d'acteurs, comme Saïd Salhi ou encore les 19 personnalités (Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi, etc.) qui, dans leur appel lancé mardi 10 décembre, ont qualifié le rendez-vous du 12 décembre d'"étape parmi d'autres que le hirak populaire traversera avec succès pour préserver son pacifisme après cette date".

Arab CHIH
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