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«Je reviens avec beaucoup de fraîcheur...» AMAZIGH KATEB RENCONTRE LA PRESSE


«Je reviens avec beaucoup de fraîcheur...»                                    AMAZIGH KATEB RENCONTRE LA PRESSE
Le calme après la tempête. Amazigh porte-parole et chanteur du groupe rencontre la presse dans sa loge et livre ses impressions à chaud.
L'Expression: Quelle est ton impression en retrouvant ton public'
Amazigh Kateb: C'est une grande joie de revoir mon public. Ce dernier reçoit d'autant plus les messages car il comprend les deux, voire les trois langues qui sont chantées. Il y a quelque chose de très argotique dans ma façon d'écrire. Je pense qu'il y a une grosse partie de la jeunesse qui se reconnaît là-dedans. A part cette jeunesse qui ne sort pas à la boulangerie...
Un mot sur le nouvel album de Gnawa et le désir du retour'
Cela remonte à l'époque de mon album Marcher noir et mon aventure solo, des musiciens de gnawa m'avaient déjà rejoint lors de ma tournée. Cela remonte à presque un an, finalement, ça sonnait presque comme gnawa. Le fait de rejouer certains morceaux ensemble, cela a donné l'envie de rejouer ensemble. On avait de la matière aussi. On avait envie de l'exploiter. L'album est actuellement en mix et le remix se fera au principe en septembre. L'album sortira le 17 octobre. En Algérie, on n'a pas encore fixé la date mais on espère que cela se fera en même temps. C'est aussi la date de la sortie de mon album solo c'est donc une double symbolique. C'est à la fois la date où ils ont jeté les Algériens dans la Seine et je trouve que c'est une belle date pour monter sur scène aussi. Le titre de l'album n'existe pas encore.
Un mot sur sa tonalité et ses couleurs...
Musicalement, l'album sera plus rugueux et tendra vers l'acoustique. Les thèmes aborderont des choses revendicatives plus que d'autres. Ce sera un album avec des couleurs bien dans le ton de l'insurrection, de la désobéissance civil, la révolution permanente et non pas le Printemps arabe comme se plaisent à le redonder certains de vos collègues de la presse écrite qui contribuent finalement à galvauder un terme médiatique creux qui ne veut rien dire, car la révolution ce n'est pas au Printemps et le Printemps n'est pas arabe. Il est international et la révolution aussi. La seule révolution qui a un avenir sur cette terre, c'est la révolution qui fait que les peuples se rejoignent dans une route qui n'est pas celle de la servitude. Ou de l'esclavage. Ce Printemps arabe est une mascarade, car c'est une reprise en main des régimes. Aujourd'hui plus que jamais, la révolution est plus que nécessaire et il ne faudrait pas contribuer au discours qui dit que la révolution est passée.
Amazigh qu'évoque pour vous le mot le cinquantenaire'
Quand je regarde les 20 dernières années sans les 50 ans, je n'ai pas l'impression que les Algériens aient vécu une indépendance très florissante. Je pense que c'est le Cinquantenaire de la remise en question. Moi, en tant qu'Algérien j'en fais un constat amer. Car je vois bien que mon pays et mon peuple ne sont pas arrivés à ce à quoi ils aspiraient.
Je pense qu'au lendemain de l'Indépendance, il y avait une grande sincérité chez les Algériens, qui a été détruite et sapée aujourd'hui. Cette sincérité s'est retournée aujourd'hui dans le fait de vouloir partir. Si on est indépendant en faisant une croix sur notre liberté à quoi cela servirait d'être indépendant' Etre indépendant, c'est être libre, avec des droits, une vie sociale, une vie associative...
En Algérie, nous avons une indépendance historique. Elle n'est pas réelle. Le peuple dans ce pays est écrasé. Il y a juste un Etat qui s'appelle Algérie. Le peuple n'a pas droit au chapitre et subit souvent une politique qu'il n'a pas choisie. Même la démocratie avec son semblant d'élections démocratiques est un leurre.
Que t'a apporté ton expérience solo dans cette envie de reprendre Gnawa Diffusion'
Les musiciens ont fait des progrès. J'ai écrit des choses peut-être avec plus de nostalgie et de désir... Après 15 ans avec Gnawa Diffusion je suis usé. Là, je reviens avec beaucoup de fraîcheur. Je prends du plaisir à composer pour dix personnes. Alors que sur mon album solo je me bridais un peu. Car je savais que je n'avais pas une aussi grande équipe. Là je reviens à des choses qui m'ont manqué. C'est Gnawa qui m'a donné envie de faire un truc individuel. J'en avais marre d'être étouffé dans le collectif et dans mon histoire individuelle à un moment, j'en avais marre d'être tout seul et j'avais envie de retourner dans le collectif. C'est un peu comme dans la famille. C'est bien de partir un peu. Il faut créer cette fraîcheur et on a très bien fait de faire cette pause, je pense.
Plus concrètement, quels sont les thèmes que tu aborderas dans ton prochain album'
Je parlerai de l'exil, de ce qui se passe dans les pays arabes en général mais pas en termes de Printemps arabe. Dans un morceau qui s'appelle L'Eau et le feu, je rends hommage à ceux qui sont tombés surtout. Des gens qui sont sortis avec leur sincérité et qui ont laissé leur peau. J'ai aussi une chanson d'amour que j'ai chantée tout à l'heure et qui s'appelle Malika moutahajiba. Elle est composée de deux parties. La première c'est Malika boumba quand elle était une bombe et après, elle a mis le hidjab et a commencé à croire que c'était incompatible avec l'amour. Cette chanson parle de problèmes que vit réellement cette jeunesse qui est bridée dans sa vie sentimentale et sexuelle.
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