Khenchela - Site archéologique Fouris	(Commune de Ouled Rechache, Wilaya de Khenchela)

Le site archéologique de Foris : un trésor romain méconnu de l’Algérie


Le site archéologique de Foris : un trésor romain méconnu de l’Algérie
Le site archéologique de Foris, situé dans l’est de l’Algérie, s’étend sur une superficie impressionnante d’environ 20 hectares, abritant des vestiges qui témoignent de la grandeur d’une cité antique, probablement d’époque romaine. Bien que peu documenté dans les études archéologiques modernes, ce site se distingue par ses monuments imposants, son réseau routier élaboré, ses infrastructures hydrauliques sophistiquées, et une riche collection d’artefacts, notamment des poteries et des éléments en pierre comme le granit. Cet article explore les caractéristiques de Foris, son importance potentielle dans l’Antiquité, et le contexte archéologique de l’est algérien, tout en soulignant les lacunes dans les recherches sur ce site mystérieux.
Un site d’envergure romaine
Le site de Foris, avec ses 20 hectares, évoque les grandes cités romaines d’Afrique du Nord, telles que Timgad (Thamugadi) ou Djemila (Cuicul), toutes deux classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les monuments décrits comme « grands et énormes » rappellent les édifices publics typiques de l’urbanisme romain : forums, basiliques, théâtres, amphithéâtres, temples, et thermes. Ces structures, souvent construites avec des matériaux durables comme le calcaire ou le granit, témoignent de la richesse et de l’organisation de la ville.
L’imaginaire du visiteur, face à ces ruines, peut aisément reconstituer une cité prospère, centre administratif, militaire ou commercial. La sophistication des vestiges suggère que Foris jouait un rôle actif dans la région, peut-être comme un nœud du réseau routier romain ou un point stratégique pour le contrôle des ressources locales. Cependant, l’absence de fouilles approfondies limite notre compréhension exacte de son statut et de son histoire.
Un réseau routier et hydraulique avancé
Foris se distingue par son réseau routier, probablement organisé selon le plan orthogonal typique des cités romaines, avec un decumanus maximus (axe est-ouest) et un cardo maximus (axe nord-sud) structurant l’espace urbain en îlots (insulae). Ce réseau facilitait les déplacements, le commerce, et le contrôle militaire, reliant Foris à d’autres centres comme Timgad, Lambèse ou Constantine.
Le site est également remarquable pour son système hydraulique, décrit comme un réseau de ressources en eau alimentant de nombreuses salles de bains carrelées de mosaïques. Ces thermes, ornés de motifs géométriques ou figuratifs réalisés avec une « bonne technologie », reflètent l’expertise romaine en ingénierie hydraulique. Selon J. Birebent dans Aquae Romanae : Recherches d’hydraulique romaine dans l’est algérien (1962), l’est de l’Algérie, notamment autour de l’Aurès et des hauts plateaux, était doté de systèmes hydrauliques complexes, incluant aqueducs, citernes, et captages de sources. Par exemple, à Khenchela (Mascula), Birebent documente le captage d’Aïn Chabor et les thermes d’Aquae Flavianae (Hammam Essalihine), alimentés par des sources thermales naturelles. Foris, avec ses thermes décorés, pourrait avoir bénéficié de technologies similaires, exploitant des sources locales pour alimenter ses installations publiques et privées.
Les mosaïques mentionnées, avec leurs « motifs techniques uniformes », sont typiques des ateliers romains d’Afrique du Nord, qui produisaient des décors géométriques, floraux, ou mythologiques. Des parallèles existent à Djemila, où le musée expose des mosaïques couvrant des murs entiers, ou à Timgad, connu pour ses pavements somptueux.
Artefacts et industries locales
Les fouilles limitées à Foris ont révélé un grand nombre de pièces de poterie, allant probablement de la céramique utilitaire (amphores, plats, lampes) à des pièces décoratives. Ces artefacts, souvent datés grâce à des analyses comme le carbone 14 lorsqu’ils contiennent des résidus organiques, permettent de retracer les échanges commerciaux et les pratiques quotidiennes. La présence de poteries suggère que Foris était intégrée aux réseaux économiques romains, important ou exportant des biens à travers l’Afrique du Nord.
L’utilisation du granit dans les industries de la pierre est notable, bien que le calcaire et le grès soient plus couramment mentionnés dans les sites algériens. Le granit, extrait de carrières locales ou importé, pouvait servir à la construction de colonnes, de statues, ou de pavements, ajoutant une touche de prestige aux édifices. Cette mention du granit pourrait indiquer une exploitation de ressources spécifiques à la région de Foris, bien que des recherches géologiques supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
Importance historique et culturelle
Les ruines de Foris, par leur ampleur et leur sophistication, laissent entrevoir une cité d’importance majeure dans l’Antiquité. Son réseau routier et hydraulique, ses monuments imposants, et ses artefacts suggèrent qu’elle était un centre régional, peut-être une colonie romaine fondée sous l’empereur Trajan (comme Timgad) ou un municipe prospère comme Icosium (Alger). La présence de thermes décorés de mosaïques indique une société urbaine développée, où l’hygiène, les loisirs, et les interactions sociales jouaient un rôle central, conformément aux pratiques romaines.
L’imagination du visiteur, comme vous l’avez décrit, peut reconstruire une ville animée, avec des marchés, des temples, et des forums où se croisaient Romains, Numides, et autres populations locales. Cette fusion des cultures romaine et autochtone est un trait caractéristique des sites algériens, comme le montre Hammam Essalihine, où les thermes romains intègrent des éléments berbères.
Lacunes dans les recherches archéologiques
Malgré son potentiel, Foris reste largement sous-étudié. Contrairement à des sites comme Timgad, Djemila, ou Tipasa, qui ont fait l’objet de fouilles intensives depuis le XIXe siècle, Foris n’a été mentionné que de manière marginale dans la littérature archéologique. Le livre de J. Birebent, Aquae Romanae (1962), bien qu’essentiel pour comprendre les systèmes hydrauliques romains dans l’est algérien, ne fait pas référence explicite à un site nommé « Foris ». Il est possible que Foris soit un toponyme local ou une confusion avec un site documenté sous un autre nom, comme Mascula (Khenchela) ou un site mineur de la région de l’Aurès.
Les recherches archéologiques en Algérie, bien que riches, ont souvent été limitées par des contraintes logistiques et politiques, notamment après l’indépendance. Depuis les années 1960, les fouilles se concentrent sur des sites majeurs, tandis que des sites moins connus, comme Foris, restent en attente d’explorations systématiques. Des prospections géophysiques modernes, comme celles utilisées à Timgad ou Alger, pourraient révéler l’étendue réelle de Foris et confirmer son importance.
Éléments enrichis
Pour approfondir l’analyse de Foris, voici des éléments complémentaires basés sur le contexte archéologique de l’est algérien :

Réseau routier régional : Foris était probablement connecté aux grandes voies romaines, comme la Via Nova reliant Timgad à Lambèse, ou les routes menant à Constantine. Ces axes facilitaient le transport des céréales, de l’huile d’olive, et des troupes militaires.
Ressources en eau : L’ingénierie hydraulique romaine dans l’est algérien, étudiée par Birebent, incluait des aqueducs, des barrages, et des citernes. Foris, avec ses thermes, pourrait avoir exploité des sources locales ou des oueds, comme l’oued El-Arab près de Khenchela.
Mosaïques et art romain : Les mosaïques de Foris, avec leurs motifs uniformes, rappellent celles de Djemila ou de Cherchell, où des scènes mythologiques et géométriques dominaient. Ces œuvres étaient réalisées par des ateliers régionaux, employant des artisans locaux formés aux techniques romaines.
Potentiel numide : Avant l’arrivée des Romains, la région était occupée par les Numides. Foris pourrait abriter des vestiges pré-romains, comme le mausolée de Medracen (IIIe siècle av. J.-C.), qui témoigne de l’architecture funéraire berbère.
Perspectives de recherche : Des fouilles modernes, utilisant des techniques comme la photographie aérienne ou la géophysique, pourraient révéler des structures enfouies, telles que des villas, des nécropoles, ou des temples, comme cela a été fait à Alger et Tiddis.

Pourquoi visiter Foris ?
Le site de Foris, bien que méconnu, offre une expérience unique pour les amateurs d’histoire et d’archéologie. Ses ruines imposantes, ses mosaïques délicates, et ses infrastructures hydrauliques transportent les visiteurs dans l’Antiquité romaine, tout en évoquant la richesse culturelle de l’Afrique du Nord. La vasteté du site, combinée à son mystère, invite à l’exploration et à la réflexion sur une civilisation qui a façonné la région. Une visite au printemps ou en automne, avec des chaussures adaptées aux sols irréguliers, est recommandée pour apprécier pleinement ses vestiges.
Efforts de préservation
Comme de nombreux sites algériens, Foris est probablement vulnérable à l’érosion, aux intempéries, et au manque de financement pour la conservation. Depuis l’indépendance, les autorités algériennes, avec des partenaires comme l’Inrap, ont développé des programmes de protection du patrimoine, mais les sites moins connus restent souvent négligés. Un classement au patrimoine national ou mondial pourrait attirer l’attention sur Foris et encourager des fouilles systématiques.
Conclusion
Le site archéologique de Foris, avec ses 20 hectares de ruines, ses réseaux routier et hydraulique, ses mosaïques, et ses-crossed swords, est un témoignage de la grandeur romaine en Afrique du Nord. Bien que sous-étudié, il évoque une cité prospère, intégrée aux réseaux économiques et militaires romains, et marquée par une fusion des cultures romaine et numide. Les poteries, les mosaïques, et les structures en granit témoignent d’une société urbaine sophistiquée. En attendant des fouilles plus approfondies, Foris reste un trésor caché de l’Algérie, invitant les visiteurs à imaginer une ville qui fut, il y a des siècles, un centre de vie et de pouvoir. Des recherches futures, inspirées par des travaux comme ceux de Birebent, pourraient révéler toute l’ampleur de ce joyau archéologique.


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