
Le mausolée de Ksar El Djezia, également connu sous le nom de Mausolée Cédais, se dresse comme le seul monument antique émergeant de la plaine de Cédias, une ancienne ville romaine située dans l'actuelle région d'Henchir Oumkif, près du village d’Ouled Azzedine. Ce tombeau, appelé localement "la Djazia", est un témoignage exceptionnel de la grandeur et de la richesse culturelle de la civilisation romaine dans cette région, malgré les transformations et les invasions qui ont marqué son histoire.
Le mausolée, bien que partiellement préservé, est entouré d’une histoire architecturale complexe. Les murs qui émergent du sol, construits au Moyen Âge avec des pierres de diverses provenances, témoignent des remaniements successifs du site. Une grande partie de la structure originale a été engloutie dans des constructions byzantines, rendant son organisation initiale difficile à déchiffrer. Malgré ces transformations, le mausolée reste un vestige remarquable, isolé dans un large couloir naturel qui a vu défiler de nombreuses invasions au fil des siècles.
Le monument devait à l’origine faire partie d’une nécropole, comme en témoignent plusieurs sarcophages en pierre alignés à proximité, aujourd’hui reconvertis en abreuvoirs. Ces éléments rappellent l’importance de Cédias comme centre urbain romain, où les notables de la ville étaient inhumés dans des tombes richement décorées.
Le nom "Djazia" trouve ses racines dans la tradition locale, profondément influencée par la geste hilalienne, une épopée arabe qui célèbre les exploits des tribus hilaliennes au Maghreb. Cette appellation confère au mausolée une dimension culturelle unique, mêlant l’héritage romain à la mémoire collective des populations autochtones. Ce lien entre l’antiquité romaine et les traditions locales illustre la capacité des communautés à réinterpréter et à s’approprier les vestiges du passé.
Le mausolée de Ksar El Djezia se distingue par sa grâce architecturale, qui contraste avec la solitude de son environnement. Orné de deux colonnes à chapiteaux corinthiens, il incarne l’élégance et le raffinement de l’art romain. La façade du tombeau porte encore des inscriptions gravées par ses commanditaires, bien que certaines soient fragmentaires et difficiles à déchiffrer. Parmi elles, on peut lire :
Inscription 1 :
ATIO ET MAXIMIANOA
IIVIREM ………..AELLIP
RIS ORDINIS PROPR
Inscription 2 :
VGGRESPCEDIENSVMST
RINCIPISEQRFLPPETHE
ALIBERALITATE
La lecture du terme Aellip sur la seconde ligne reste incertaine, mais ces inscriptions suggèrent que le mausolée était dédié à un notable de Cédias, probablement un dignitaire local ayant occupé des fonctions importantes, comme celle de duumvir (magistrat municipal). Les mentions de libéralité et d’ordre public soulignent la générosité et l’autorité de ce personnage, des qualités valorisées dans la société romaine.
À proximité, un cippe (stèle funéraire) porte une autre dédicace, partiellement conservée :
PRO SALVATE
IMP CAESARIS
AVG….. ACRV.
PIVLIVS CHE
…MENPREP
SPFECIDEMOQD
Cette inscription, dédiée à la santé de l’empereur, reflète la loyauté des élites locales envers le pouvoir impérial romain et leur participation active à la vie religieuse et politique de l’Empire.
Le mausolée de Ksar El Djezia est bien plus qu’un simple tombeau : il est le reflet de la prospérité et de la sophistication de la ville romaine de Cédias. Sa construction soignée, ses ornements architecturaux et ses inscriptions témoignent de l’importance des notables locaux et de leur intégration dans les structures sociales et politiques de l’Empire romain. Malgré les vicissitudes du temps, ce monument demeure intact, préservant une aura de dignité et de mystère au milieu de la plaine.
Dans son isolement majestueux, le mausolée de Ksar El Djezia incarne la rencontre entre l’héritage romain et les traditions locales. Il rappelle la richesse d’une civilisation disparue tout en portant les marques des transformations historiques qui ont façonné la région. Ce vestige, à la fois fragile et imposant, continue d’émerveiller par sa beauté et de susciter la curiosité des visiteurs et des historiens, offrant une fenêtre sur le passé glorieux de Cédias.
Posté par : patrimoinealgerie
Source : cartes.patrimoineculturelalgerien.org