
Située à environ 25 km au sud-ouest de la ville de Guelma, dans le nord-est de l’Algérie, Tibilis (ou Tébessa el-Khadra, appelée localement Boussala) est un site archéologique d’une richesse exceptionnelle. Nichée le long de la route nationale n°20 reliant les wilayas de Guelma et de Constantine, cette ancienne cité témoigne d’un passé historique riche, marqué par les civilisations numide, romaine et byzantine. Classé officiellement en 1952, selon la publication dans la Journal Officiel n°07 du 23 janvier 1968, Tibilis est un joyau du patrimoine algérien qui continue de fasciner les historiens, archéologues et visiteurs.
Tibilis bénéficie d’une position géographique stratégique, située dans une plaine fertile entourée de collines, ce qui en faisait un point de passage clé entre les régions de l’est algérien. Sa proximité avec la route nationale n°20, reliant deux grandes villes historiques, Guelma et Constantine, reflète son importance dans les réseaux de communication antiques. À l’époque romaine, Tibilis était un carrefour commercial et militaire, jouant un rôle central dans la région.
Avant l’arrivée des Romains, Tibilis était un centre rural numide, probablement un petit village ou une agglomération agricole. Les Numides, peuple autochtone de l’Afrique du Nord, ont occupé la région bien avant le 1er siècle avant J.-C. Les vestiges de cette période, bien que moins visibles, témoignent de l’organisation sociale et économique des communautés locales avant la conquête romaine.
Tibilis atteint son apogée sous la domination romaine, après l’annexion de la Numidie par Rome en 46 av. J.-C. La ville était alors rattachée à la cité de Cirta (actuelle Constantine), capitale de la province romaine de Numidie. Tibilis prospéra comme un centre administratif et économique, avec la construction de nombreux édifices publics, tels que des thermes, un forum, des temples et des habitations. Les fouilles archéologiques ont révélé des mosaïques, des inscriptions et des structures architecturales typiques de l’urbanisme romain, illustrant la sophistication de la ville à cette époque.
Après la chute de l’Empire romain d’Occident, Tibilis passa sous le contrôle de l’Empire byzantin au VIe siècle. Les Byzantins fortifièrent la ville pour en faire une place forte face aux invasions. Des traces de fortifications et d’églises chrétiennes datant de cette période ont été découvertes, témoignant de la christianisation progressive de la région.
La première mention moderne de Tibilis remonte à 1725, grâce aux observations du médecin français Jean-André Peyssonnel, qui explora la région et documenta les vestiges antiques. Cependant, ce n’est qu’en 1952 que le site fut officiellement classé comme patrimoine culturel par les autorités coloniales françaises, un classement confirmé dans le Journal Officiel de 1968. Ce statut a permis de protéger le site et d’encourager les recherches archéologiques, bien que des efforts de préservation supplémentaires soient nécessaires pour contrer les dégradations dues au temps et à l’urbanisation.
Le site de Tibilis regorge de trésors archéologiques qui reflètent son passé glorieux :
Le Forum : Centre névralgique de la ville romaine, où se déroulaient les activités politiques, commerciales et sociales.
Les Thermes : Des bains publics richement décorés, typiques des villes romaines, avec des mosaïques bien conservées.
Les Temples : Plusieurs sanctuaires dédiés aux divinités romaines, comme Jupiter ou Minerve, ont été identifiés.
Les Mosaïques : Parmi les découvertes les plus spectaculaires, les mosaïques de Tibilis illustrent des scènes mythologiques et des motifs géométriques, témoignant du raffinement artistique de l’époque.
Les Fortifications Byzantines : Les remparts et tours construits sous l’Empire byzantin montrent l’importance militaire du site.
Tibilis n’est pas seulement un site archéologique, mais aussi un symbole de la richesse culturelle et historique de l’Algérie. Sa situation géographique, son passé multiculturel et ses vestiges bien préservés en font une destination potentielle pour le tourisme culturel. Cependant, le site reste relativement peu connu du grand public, ce qui souligne la nécessité de campagnes de sensibilisation et d’amélioration des infrastructures touristiques pour valoriser ce patrimoine.
Comme de nombreux sites archéologiques en Algérie, Tibilis fait face à des défis majeurs, notamment l’érosion, le manque de financement pour la conservation et l’urbanisation croissante dans la région. Des efforts concertés entre les autorités locales, les institutions internationales et les archéologues sont essentiels pour protéger ce site et permettre de nouvelles découvertes.
Tibilis à Boussala est bien plus qu’un simple site archéologique : c’est une fenêtre sur l’histoire de l’Afrique du Nord, de l’époque numide à l’ère byzantine. Avec ses vestiges impressionnants et son histoire riche, Tibilis mérite une attention accrue pour sa préservation et sa valorisation. En explorant ce site, on découvre non seulement les traces des civilisations passées, mais aussi l’importance de préserver notre patrimoine commun pour les générations futures.
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Rédaction