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Aïd El Fitr/Guelma: la distribution de "bradj" et de beignets, une coutume transmise de génération en génération



Aïd El Fitr/Guelma: la distribution de
Publié par l’APS le : Jeudi, 11 Avril 2024

GUELMA - Chaque année, à l’aube de l’Aïd El-Fitr, de nombreuses familles de la wilaya de Guelma renouvellent leur attachement à une tradition, transmise de génération en génération, qui consiste à distribuer des "bradj" et des beignets faits maison.

Les "bradj", préparées avec de la semoule et des dattes, spécialité pâtissière traditionnelle très répandues dans les régions du Nord-est du pays, et les beignets, légers et spongieux, appelées "Khfaf" ou "Sfendj" dans certaines wilayas d’Algérie, sont ainsi déposées devant les portes des mosquées ou le long des rues empruntées par les fidèles pour s’y rendre.

Mme Ouenassa, qui a allègrement dépassé les 80 ans, affirme, dans une déclaration à l’APS, être restée dévouée à une coutume héritée de (sa) mère et qui consiste à préparer une grande quantité de "bradj" en y consacrant une partie de la nuit précédant l’Aïd.

Pour cela, dit-elle, "je n’ai besoin que de grosse semoule, de ghars (dattes écrasées), d’huile, de sel d’un peu de s’men (beurre fermenté, légèrement salé, ndlr) et, surtout, de savoir-faire car il faut pétrir la pâte, l’aplatir, la fourrer délicatement de ghars, puis lui donner la forme voulue, généralement triangulaire, avant de la mettre à cuire sur un tadjine (plat en terre cuite)".

Dès l’aube, ajoute cette octogénaire, avant la prière, les "bradj" sont disposées dans des assiettes que son époux, ses enfants et petits-enfants ont à cœur de placer à l’entrée des mosquées ou de les livrer dans des cafés où cette pâtisserie sera offerte aux clients tout au long de la journée.

Les plus jeunes sont, eux, chargés de porter les assiettes de "bradj" dans les rues de la ville pour les proposer aux passants qui ne manquent pas de s’en délecter, le tout dans une ambiance tout en convivialité, joie et jubilation.

De son côté, Mme Fatima, âgée de 70 ans, explique préférer la préparation des beignets (s’fendj, f’tayer ou encore khfaf, selon les régions), un pain très léger à base de pâte levée, fait de semoule très fine, longuement pétri pour avoir un aspect d'éponge. Plongés dans un bain d’huile très chaude, les beignets, dorés à point, ont une texture très légère et se consomment, de préférence, chauds et quelquefois saupoudrés de sucre.

Les entrées des mosquées sont généralement "encombrées", les matins d’Aïd El Fitr, d’un grand nombre de plats mêlant les "bradj", préférés par les uns, et les beignets, privilégiés par les autres. Le tableau offre une image résumant les valeurs de solidarité et de fraternité dont font preuve les habitants de Guelma mais aussi de toute l’Algérie en s’y prenant parfois autrement mais toujours avec le même empressement de semer du bonheur autour de soi.

Le matin de l’Aïd al-Fitr est également caractérisé par une grande animation, aussi bien dans les cités populaires des grandes villes que dans les villages et les mechtas où les voisins échangent des plats de gâteaux de toutes sortes et de toutes couleurs dont, évidemment, des "bradj" et des "khfaf", donnant, de la sorte, leurs véritables portées aux valeurs de pardon, d’entraide et de solidarité en cette fête religieuse.

D’autres mets de l’Aïd El-Fitr n’ont pas résisté aux mutations sociales

Contrairement aux "Bradj" et aux beignets, présents depuis une bien longue période, et encore, sans doute, pour longtemps encore, l’autre mets qui fut naguère "le prince de l’Aïd", El Ghrayef, en l’occurrence, cette crêpe alvéolée traditionnelle, ne semble plus avoir voix au chapitre.

Abderrahmane, retraité, le regrette un petit peu et affirme, à ce propos, que depuis son plus jeune âge, il appréciait particulièrement le goût et la consistance du "1.000 trous" (nom que l’on donne parfois à ce type de crêpes, ndlr) auxquelles on ajoute du beurre fondu, du sucre ou du miel. "Les Ghrayef ornaient les tables du petit-déjeuner, le matin de l’Aïd, ainsi que les esplanades des mosquées", rappelle Abderrahmane dans un soupir nostalgique.

Selon certaines ménagères, l’abandon par certaines familles de l’habitude de préparer El Ghrayef, le premier jour de l’Aïd El-Fitr, est dû à plusieurs facteurs, dont le principal est la difficulté que l’on éprouve pour préparer ce mets dont la cuisson nécessite une surveillance de tous les instants, et dont la saveur diminue lorsqu’il refroidit. Néanmoins, quel que soit le type de plat ou de dessert servi à l’occasion l’Aïd El-Fitr, le plus important, pour les familles de Guelma, est que l’Aïd soit une occasion d’allégresse, de retrouvailles familiales et de solidarité.



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