Ghardaia - Patrimoine Culturel

Quelque part avant le 143, sur la route du désert…


Quelque part avant le 143, sur la route du désert…


Bien avant que la caméra de Hassen Ferhani ne vienne capter l’intimité d’un désert algérien habité par une femme seule et libre, nous avions nous aussi croisé Malika. C’était en 2007, au détour d’une route brûlante et isolée, là où l’asphalte se confond avec l’horizon et où les stations-service étaient aussi rares qu’un point d’eau.

Son café surgissait du néant, posé entre deux mirages. On s’était arrêtés pour souffler, pour un café, une cigarette, et surtout quelques jerricans de mazout – denrée précieuse sur cette route sans repères. Elle était là, Malika, drôle, vive, franche, tenant ce lieu comme on garde un phare allumé pour les âmes de passage. Sans le savoir, on entrait chez une reine.

Douze ans plus tard, en 2019, Ferhani filme cette même femme dans 143 rue du désert. Le monde la découvre alors, dans ce road-movie immobile d’une profondeur rare. Le film ne raconte pas seulement Malika, il nous parle du choix, du silence, de la dignité, de cette liberté rugueuse qu’elle s’est taillée au milieu du vent et du vide. Elle y accueille, comme toujours, les hommes de passage, avec la même présence, les mêmes mots précis, un mélange de solitude choisie et de chaleur humaine.

Ce que le film éclaire avec poésie, nous l’avions entrevu, fugacement, ce jour-là, dans ce café improbable. Ces images que nous avons capturées en 2007 prennent aujourd’hui une résonance inattendue. Elles témoignent, à leur manière, de cette vie en marge, de cette force tranquille que le cinéma est venu saluer bien plus tard.

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