El-Oued - Tourisme Divers

El Oued - Complexe touristique. La Gazelle d’or de Djillali Mehri: Le joyau au creux des dunes



El Oued - Complexe touristique. La Gazelle d’or de Djillali Mehri:  Le joyau au creux des dunes




Le village touristique La Gazelle d’or d’El Oued est né d’un rêve qui a traversé le temps, les douleurs et les attentes. Un rêve d’un demi-siècle porté par un homme qui, dès son jeune âge, regardait les dunes, imaginant y planter des jardins.

Djillali Mehri, natif de la ville aux mille coupoles, voulait, depuis le début des années 1970, construire une résidence au milieu de la verdure.

«En hommage à ma mère Daouia, j’ai planté des palmiers et bâti une demeure en 1972. En dépit de certaines difficultés, j’ai continué mon parcours en croyant à la réussite avec détermination», a confié Djillali Mehri, jeudi dernier, à la salle Toumour, lors d’une réception consacrée à l’ouverture symbolique du complexe.

Une cérémonie marquant la fin des travaux, à laquelle ont été invités des représentants de la population d’El Oued, des élus, des responsables locaux, des journalistes, des notables, des intellectuels et des artistes connus comme Abdallah Menaï, Mahboub et Mohamed El Khames. Des troupes de chants et danses populaires ont assuré l’animation.

«J’ai toujours rêvé que cet endroit soit la source d’une lumière qui éclaire toute la région d’El Oued et que la première maison, construite en 1972, devienne un complexe touristique de classe mondiale», a confié Djillali Mehri, qui a chargé son fils aîné, Azeddine, de lire le texte à sa place.

Mourad Khellaf, proche collaborateur du patron du groupe Mehri, se rappelle du projet lancé au début des années 1970 sur la route de Touggourt, à la sortie sud-ouest d’El Oued: «Il a construit deux villas, puis un salon d’accueil et une salle de restauration. Dans une deuxième étape, dix ans plus tard, il a construit douze villas d’hôtes. A l’époque, il commençait à avoir beaucoup de relations, il hébergeait ses invités ici. Ces villas ont été construites avec l’aide de son ami d’enfance, Salah Kadouri, et des artisans d’El Oued. D’où la présence de la touche architecturale locale.»

«Plus tard, Si Djillali voulait recevoir des groupes et organiser des manifestations. Aussi a-t-il décidé d’ajouter 72 bungalows. La construction s’est faite de manière progressive. Il a été possible donc d’organiser des manifestations internationales comme la Conférence économique maghrébine en présence de plusieurs ministres maghrébins en 2005 et un Salon national sur la télécommunication. De nombreuses délégations nationales et internationales ont été reçues ici. Jusqu’à maintenant, toutes ces manifestations étaient d’ordre privé, elles n’avaient pas de caractère commercial», ajoute Mourad Khellaf.

Le complexe La Gazelle d’Or est donc l’évolution naturelle d’un projet en extension progressive.

«C’est en fait une troisième étape. Si Djillali a décidé d’ouvrir ces espaces au public et de participer ainsi à l’effort touristique dans lequel s’est engagé le pays. D’où sa décision d’élargir les capacités d’accueil avec la construction de tentes nomades de confort haut standing», précise-t-il.

Des allées fleuries

La nouvelle capacité d’accueil est de 150 chambres. Les villas, les bungalows et les tentes nomades de couleurs terre, blanche ou beige sont plantés au milieu de la palmeraie, entourés de bougainvilliers jaunes, blancs, roses, violets et rouges. Qui penserait que les bougainvilliers poussent en plein désert? Les allées du complexe sont fleuries d’azalées japonica rouges, jaunes et roses. Les fleurs de la Méditerranée s’adaptent donc facilement au climat saharien!

A côté de la grande piscine, qui prend des couleurs variables la nuit grâce à un système d’éclairage contemporain, des colonnes de roses sur plusieurs niveaux donnent au complexe l’allure d’un grand jardin. Un jardin presque magique! Pourtant, en entrant par la grande porte, qui rappelle celle d’un ancien palais avec ses deux tours blanche et crème, le visiteur aperçoit une immense dune ocre-brun. Il peut croire qu’il s’engouffre dans un espace lunaire. En face de l’entrée principale, une statue symbolise le fameux «remal», le porteur de sable. Une œuvre artistique qui souligne que rien ne peut se faire sans effort, sans travail, sans sueur, sans patience.

Après une allée de palmiers de taille moyenne de degla blanche (les dattes sèches Gourba’â), la salle de réception s’impose par une porte en cuivre brodé importée du Maroc. La salle est de forme ronde, avec un plafond en coupole décorée de motifs maghrébins. Au milieu, l’espace est occupé par des sofas et des divans portant les couleurs et les rondeurs de l’hospitalité. Plongés dans le blanc de la pureté et le bleu aquatique, un spa est prêt à accueillir les visiteurs en quête de détente. Plus loin, un jet d’eau en forme de théière saharienne rappelle les traditions sucrées de la région. Un sky lounge, situé au-dessus d’un restaurant, offre une vue panoramique des lieux et surmonte la deuxième piscine qui prend des reflets bleu océan le soir venu.

Le salon Isabelle Eberhardt, décoré à l’ancienne, se veut un hommage à l’écrivaine suisse qui avait fait un séjour dans la région du Souf.

«Jamais, en aucune contrée de la terre, je n’avais vu une ville se parer d’aussi magnifiques splendeurs», avait écrit l’auteure de Amours nomades en 1901 à propos d’El Oued.

Les salles de conférences et les restaurants sont décorés de tableaux — originaux et copies — de Nacereddine Dinet puisés dans la collection personnelle de Djillali Mehri. Des kheïmas sont plantées entre les palmiers pour des soirées sahariennes autour du méchoui ou du thé à la menthe.

Bref, tout est prévu pour que les touristes ne s’ennuient pas. Les chambres bien équipées et meublées sont connectées au réseau wifi et aux télés satellitaires.

«Depuis la mise en ligne de la vidéo de promotion du complexe, nous avons reçu des centaines d’appels de l’étranger. Les gens veulent venir, nous demandent la date d’ouverture», confie Djilali Mehri.

La vidéo, visible sur YouTube depuis fin janvier 2016, a été conçue selon les normes de promotion actuelle.

Un investissement de 10 milliards de dinars

A côté du complexe La Gazelle d’or, l’hôtel La Coupole, une bâtisse blanche, est prévu pour offrir aux visiteurs plus de choix.

«Les personnes qui viennent à El Oued pour travailler, se distraire ou visiter leurs familles peuvent venir à l’hôtel La Coupole. Un hôtel de 120 chambres destiné au client de passage, où les tarifs sont étudiés. L’hôtel fonctionnera d’une façon séparée de La Gazelle d’or qui aura d’autres types de clients. Si nous recevons demain de grandes délégations, le complexe fera l’appoint avec l’hôtel», précise Mourad Khellaf.

Selon lui, le complexe La Gazelle d’or sera destiné d’abord aux entreprises, aux administrations et aux groupes qui veulent organiser des séminaires, des symposiums et des rencontres.

«Aussi fallait-il créer toute l’infrastructure nécessaire, dont la salle de conférences et les restaurants. Ce qui coûte cher ce n’est pas les installations, mais les infrastructures. Les routes, les réseaux électriques, les conduites d’eau, par exemple. C’est une palmeraie immense qu’il faut entretenir, élargir, développer, clôturer. C’est donc un lourd investissement qui, aujourd’hui, est évalué à 10 milliards de dinars. Un investissement étalé dans le temps. Nous avons réalisé 25% de l’investissement ces dernières années, tout le reste a été fait bien avant», souligne-t-il.

Avant l’ouverture officielle en septembre prochain, les responsables du complexe envisagent de profiter de la période creuse de l’été pour compléter le recrutement du personnel. Selon Djillali Mehri, plus de 600 emplois sont prévus. Dans le tourisme, d’après les experts, pour chaque emploi créé directement, trois emplois se dégagent en indirect.

Un programme de formation aux techniques touristiques est également retenu, avec une priorité pour les jeunes de la wilaya d’El Oued. Lors de la réception célébrant la fin des travaux du complexe, un appel a été lancé pour donner à l’aéroport d’El Oued une classe internationale. Selon un correspondant de presse, l’aéroport d’El Oued, qui peut fonctionner de jour comme de nuit, est équipé de pistes pouvant accueillir des avions moyen courrier.

Des cadres du groupe Mehri regrettent que les touristes voulant se rendre en Algérie attendent parfois jusqu’à deux mois pour obtenir leur visa.

«Nous ne pouvons pas demander à des touristes d’attendre toute cette période pour venir», dit-on.

Plaidoyer a été fait également pour libérer le ciel algérien et pour que les avions assurent des liaisons directes entre l’Europe ou l’Asie et El Oued, Ghardaïa, Béchar ou Tamanrasset.

«Il est nécessaire également de revoir la réglementation concernant les charters. Aujourd’hui en Algérie, le transport aérien s’articule autour des lignes régulières. Demain, pour augmenter le nombre des touristes, il va falloir organiser des vols charter. C’est une priorité», plaide un conseiller de Djillali Mehri.

Pour Brahim Benabdeslem, vice-président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), le complexe La Gazelle d’or est «un plus considérable» pour l’activité touristique dans la région d’El Oued et dans toute l’Algérie.

«Le FCE a toujours milité pour la diversification de l’économie algérienne parce qu’il faut sortir définitivement de la dépendance aux hydrocarbures. Le secteur touristique pourrait être un atout, une piste pour justement se débarrasser de cette dépendance. Le tourisme est un secteur économiquement structurant, qui permet un effet d’entraînement sur plusieurs autres activités et crée des postes d’emploi», déclare-t-il.

Intensifier les flux touristiques vers El Oued implique, selon lui, l’amélioration des conditions d’accueil à l’aéroport et l’assouplissement des mesures de délivrance des visas.

«Le tourisme dépend aussi de l’artisanat et de la culture. Un touriste vient également pour découvrir un pays, ses arts, ses traditions, ses coutumes… Un travail que tout le monde doit faire», estime Brahim Benabdeslem.

Fayçal Métaoui



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