Moins offensif que le héros de Hors-la-loi, Jamel Debbouz en l'occurrence, qui avait déploré dans les colonnes du journal belge Le Soir, l'instrumentalisation de l'affaire Mohamed Merah par les politiques français, l'humoriste d'origine algérienne, Smaïn Fairouz, a salué la décision de refus des autorités algériennes d'accueillir la dépouille du tueur présumé de Toulouse et de Montauban.
Smaïn, qui a animé, hier, une conférence de presse dans sa ville natale, précisément à l'hôtel Panoramic de Constantine, a estimé que «cette histoire est très malvenue. Elle est d'abord dramatique pour un père, une famille qu'elle soit musulmane, chrétienne ou juive qui aura désormais à composer avec un avant et un après cette affaire». Sans se hasarder à donner une quelconque interprétation à cette histoire, son regard sur l'actualité lui permet néanmoins d'avancer que trop de supputations entourent cette histoire. Exercice auquel il se refuse de se livrer en l'absence de preuves qui peuvent étayer sa propre lecture des faits. Il est cependant tranchant pour dire que «si c'est mal tombé pour certains, il est normal que pour d'autres, cette affaire soit arrivée au bon moment». Allusion faite aux politiques français engagés dans la campagne électorale de l'élection présidentielle, lesquels n'ont guère été ménagés par l'autre humoriste d'origine maghrébine qui, lui, avait parlé de «récupération terrible». «Au lieu de dire que Mohamed Merah est un marginal, que son acte est isolé, on lui donne une idéologie qu'il n'avait pas au départ. Je les connais les Mohamed Merah, il y en a plein des Mohamed Merah, mais qui ne deviennent pas des Mohamed Merah… Là on est en train de mettre dans la tête de jeunes qui ont le potentiel de Mohamed Merah, de devenir des Mohamed Merah. Il a défié le Raid tout entier. Pour certains imbéciles, il y a une certaine fierté là-dedans, et ils en font une sorte de héros.» Même les médias n'ont pas été épargnés par Jamel Debbouz qui les voit «en train de donner Mohamed Merah en exemple à d'autres jeunes “frustrés” qui pourraient y voir un geste héroïque». Smaïn, qui n'est pas trop impliqué dans le débat citoyen comme l'est Debbouz, reste, lui, serein, en préférant saluer la position des autorités algériennes et rappeler leurs vis-à-vis français à leurs responsabilités : «C'est d'une grande dignité et c'est très bien que la nation algérienne ait refusé de recevoir le corps. C'est un enfant français et il fallait que la France assume qu'il soit enterré sur son sol, sa terre natale. L'Algérie n'avait pas à supporter son histoire (Mohamed Merah, ndlr) car celle-ci s'est bien déroulée sur l'autre rive de la Méditerranée.» Smaïn, qui s'exprimait en marge des troisièmes journées internationales du conte et récit organisées par l'association Ken ya ma ken, devait donner en soirée au théâtre de Constantine un spectacle inaugural ou plutôt le récit de son propre conte, Smaïn ce livre tel qu'il est. Une lecture de son ouvrage qui raconte son orphelinat de naissance, son cheminement dans la vie, l'itinéraire artistique de ce pionnier du one man show «beur» et sa quête éperdue de vérité, sa propre vérité. «Ma vie est un miracle, c'est à Constantine qu'elle a pris naissance et c'est ici que mon conte prend tout son sens.»
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K G
Source : www.lesoirdalgerie.com