Constantine - LITTERATURE ALGERIENNE

Investir dans la culture, le pari gagnant de l’éditrice Nesrine Benallague



Investir dans la culture, le pari gagnant de l’éditrice Nesrine Benallague
CONSTANTINE- Animée par la passion de la lecture et désireuse d’investir un créneau peu convoité, Nesrine Benallegue s’est lancée dans le monde de l’édition en créant en 2005 la maison d’édition Midad university press, encouragée par l’accompagnement que proposait à l’époque l’Agence de soutien à l’emploi de jeunes et le soutien de ses parents enseignants, cultivant la passion des livres.

Dix-sept ans après, l’éditrice qui a réalisé des "succès éditoriaux", est passée par des moments où elle était tentée de mettre la clé sous le paillasson, mais continue à faire de la résistance pour un métier concurrencé par le livre électronique, le boom des multimédias et autres supports high-techs qui lui font de l’ombre.

"En 2004, j’ai décroché mon diplôme universitaire en commerce, spécialité marketing et je me suis orientée vers l’ANSEJ, désormais Agence nationale d'appui et de développement de l'entrepreneuriat (ANADE), décidée à monter une maison d’édition, étant une lectrice assidue depuis ma jeune enfance, à une époque où l’internet et les réseaux sociaux n’étaient pas aussi répandus qu’aujourd’hui", confie à l’APS la jeune éditrice.

Et d’ajouter : "j’étais la seule parmi les porteurs de projets à vouloir investir dans la culture et j’avais entamé un parcours du combattant auprès de la banque, soutenue par l’équipe de l’ANSEJ à l’époque pour voir aboutir mon projet pour lequel j’avais obtenu un prêt bancaire de près de 3 millions de dinars".

Le prêt a permis à la porteuse du projet de louer un local, d’acquérir les équipements nécessaires pour l’édition et un véhicule avant d’entamer en 2005 l’édition de son premier livre "Théories et méthodes linguistiques" de Mohamed-Salah Chedad, destiné aux étudiants en LMD de langue et littérature française, marquant ainsi la naissance de Midad university press.

"C’était le début d’un long parcours dans l’édition et le couronnement de plusieurs mois d’efforts déployés pour pouvoir enfin monter mon projet", affirme Mme Benallegue.

L’éditrice a vite investi le créneau du livre universitaire pour "subsister" avant de bénéficier d’un plan de charge, édition de divers livres, dans le cadre d’une convention signée avec le ministère de la Culture qui a permis à la maison d’édition d’assurer une certaine stabilité et de passer à une autre étape dans le travail, notamment la qualité de tirage et des photos.


Edition d'une anthologie de 63.000 vers de poésie

En 2012, Midad university press obtint l’accord de principe du ministère de la Culture pour l’édition de Kharidat al-Qasr wa-Jaridat Al-Asr (la belle du palais et le répertoire exhaustif de la poésie et des poètes du 13e et 14e siècles) de Imad Eddine Al-Isfahani (1125-1201), une grande anthologie des poètes arabes du 13e et 14e siècles, totalisant 63.000 vers de 14.750 poètes.

"L’anthologie en elle-même constitue une valeur culturelle et historique immense, son édition dans sa totalité est une première dans le monde, la collecter depuis les pays arabes était un parcours du combattant et la désignation d’un comité de lecture et de révision était une lourde responsabilité", relève Mme Benallegue.

L’éditrice opte pour une équipe algéro-tunisienne, présidée par Mabrouk Menai, nouvelliste et romancier tunisien, une sommité dans son domaine.

Le chantier de la collecte des parties de cette anthologie et la révision ont duré 5 ans pour pouvoir aboutir à un recueil de 22 tomes édité en 2018. "C’était un travail éprouvant et un défi que je tenais à relever", a-t-elle souligné.

"J’ai vendu ma maison et mes bijoux pour pouvoir assurer la pérennité du projet entrepris, mais j’étais fière de moi, fière que l’édition de l’intégralité de cette anthologie soit l’œuvre d’une maison d’édition algérienne", a-t-elle dit.

Et de poursuivre : "L’anthologie fait partie des titres avec lesquels Midad university press avait participé au SILA 2018", ajoutant que plusieurs universités des pays arabes, en Europe et en Amérique du Nord ont fait acquisition de cette anthologie, et qu'elle espère que les universités algériennes en fassent de même.

Sur sa lancée, l’éditrice qui assure que les répercussions de la pandémie de Covid-19 ont été très lourdes sur le monde de l’édition, a indiqué qu’elle s’est orientée vers l’édition d’une série de livres pour enfants sur les savants de Constantine, et également l’édition de romans du monde en langue arabe.

Mme Benallegue a également comme autres projets de participer au SILA 2022 qui se tiendra à Alger à la fin du mois de mars courant, et au Salon du livre le 21 avril prochain en France.

"Je reste convaincue que le livre en version papier demeure le meilleur compagnon et je continuerai à faire mon travail en dépit des entraves", lance l’éditrice avec détermination.
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