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DimaJazz fait son bilan et trace ses perspectives Les 10 ans d'existence bouclés, avec des hauts et des bas


DimaJazz fait son bilan et trace ses perspectives                                    Les 10 ans d'existence bouclés, avec des hauts et des bas
De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi

La 10e édition du Festival international du jazz de Constantine, DimaJazz 2012, a pris fin samedi dernier au Théâtre régional de Constantine. Bon anniversaire et longue vie ont été souhaités d'emblée à cette manifestation par le commissaire. Il n'y avait pas de protocole, ni de responsables culturels pour ce finish, à la grande joie des mélomanes, qui ont pu ainsi profiter des places vides qu'occupaient, avant, les élus et autres officiels. Evidemment, le problème de place ne se serait pas posé, si Constantine avait une salle de spectacles digne de ce nom et d'une Capitale de l'Est qui, qui plus est, se targue d'être une ville d'art et de culture. Mais là c'est un autre problème'Soutenu, depuis 2005, par le ministère de la Culture, le DimaJazz connaîtra, depuis son institutionnalisation, beaucoup de métamorphoses, tant sur le plan artistique que sur l'aspect organisationnel. Les aides financières qui arrivaient et les sponsors qui se manifestaient allaient conforter les organisateurs et les encourager à aller vers des grilles universelles du monde du jazz. C'est le temps fort du DimaJazz. Toutefois, depuis la huitième édition, le commissariat, pourtant toujours soutenu par le ministère, a trébuché un peu et ouvert des brèches à de multiples interprétations, voire à des critiques sur le choix des groupes et l'éloignement de la thématique jazz adoptée par la manifestation depuis sa naissance, au point où certains diront que le DimaJazz périclitait. Ce n'est, évidemment, pas l'avis des responsables du festival, qui disent suivre les tendances du moment et se conformer à tout ce qui se fait en d'autres manifestations. «Les festivals de jazz, de par le monde, ont changé leur fusil d'épaule. Ils répondent aux préoccupations du moment et ne veulent pas être coincés dans une atmosphère de jazz swing, sans explorer d'autres ressources musicales», a soutenu le commissaire de la manifestation, Zohir Bouzid.Dans un autre chapitre, le DimaJazz 2012 a vu la présence d'une grande affluence juvénile, qui vient ainsi éclipser les quadragénaires et plus, qui étaient les familiers de la manifestation. Diverses interprétations sont données, pour expliquer ce changement de profil du public. Un confrère l'attribuera à l'organisation même. «L'absence de traçabilité de la billetterie a dérouté les fidèles du DimaJazz. En plus, on a distribué beaucoup d'invitations, ce qui a pénalisé les personnes, habituées à l'achat de billets et les a découragées, car elles n'avaient pas envie d'aller frapper aux portes pour entrer'». Cette défection s'est fait sentir avec le nombre de places vides, notamment lors des premières soirées. «Les personnes invitées ne s'étaient pas toutes présentées et celles qui ont acheté leur pack d'abonnement ont opté pour le spectacle de leur choix. 33 invitations ont été adressées à l'APC et 200 tickets ont été mis en vente», se défend le commissaire, qui a une autre explication pour la défection : «Je pense que l'euro-2012 a contraint les adultes à rester près de leur télé. Il y a aussi des gens qui ont pris leur congé avant terme, avec l'approche du mois du Ramadhan, sans oublier le problème du transport qui sévit dans la ville», dira le responsable.Sur le plan artistique, les spectateurs que nous avons accostés regrettent l'absence de grosses pointures, étant donnée la courbe ascendante qu'a épousée le festival. D'autres demandent que le choix des troupes soit élargi. «Il faudra solliciter des groupes de jazz d'autres pays et régions, qui s'affirment dans ce domaine», dira un féru du jazz. La dixième édition du DimaJazz a connu un public moins nombreux que les précédentes éditions, mais cette affluence était stable, avec une moyenne de près de 250 à 350 personnes pour les 450 places que propose le Théâtre, ce qui constitue une fourchette appréciable pour les responsables du festival, qui estiment avoir réussi le pari d'intéresser un autre monde, composé majoritairement de jeunes. «C'est la portée même envisagée par le festival», soutient-on. Quant à la couverture médiatique du festival, on relèvera le désintérêt partiel de la presse locale, qui a carrément tourné le dos à la manifestation, qui est mieux traitée par quelques représentants et envoyés spéciaux d'organes d'information extérieurs. Ce traitement du DimaJazz est plutôt désavantageux, dans la mesure où le festival, bien qu'il soit de renommée internationale, a besoin d'un soutien conséquent de sa ville, qui ne peut que le conforter. Toutefois, l'attitude des médias locaux n'inquiète pas outre mesure les organisateurs car, selon eux, «le festival a atteint un niveau appréciable et exige donc des couvertures de qualité». Evidement, cette assurance n'est pas appréciée par quelques confrères.In fine, DimaJazz a soufflé sa dixième bougie et boucle dix ans d'existence, avec des hauts et des bas, des temps forts et des passages à vide. Mais il a engrangé une expérience que les organisateurs pourront capitaliser, pour bonifier le festival et le maintenir dans une courbe ascendante. Il reste à la ville, qui bénéficie de l'aura du festival, d'être à la hauteur de l'événement qu'elle abrite et de rendre la monnaie de la pièce qu'elle reçoit. Les responsables locaux ne peuvent se considérer déchargés de tout soutien, sous prétexte que le ministère de la Culture accorde le sien et se doivent de tout faire pour que le DimaJazz ait l'environnement idéal digne d'un Festival international, à commencer par la réalisation d'une salle de spectacles spacieuse et moderne.
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