Constantine : «Le peuple s'est libéré, c'est lui qui décide»

Chaque vendredi après-midi, les rues sont pour les manifestants du hirak à Constantine.Une vérité désormais établie pour un mouvement qui s'est imposé comme un sacro-saint rendezvous
citoyen. Hier, des milliers de Constantinois sont venus des quatre coins de la ville, et même des autres communes,
pour fêter le 11e mois du mouvement du 22 Février dans une belle ambiance.
Même le soleil était au rendez-vous pour égayer la journée.
Alors que l'hélicoptère de la sûreté survole le ciel de la ville depuis déjà une bonne demi-heure, des ombres drapées
de l'emblème national quittent la place Amirouche pour s'engouffrer dans la rue Abane Ramdane.
Des cris commencent à fuser. «Echaâb yourid el istiqlal !» (Le peuple veut l'indépendance). Le ton est déjà donné pour ce 49e acte de mobilisation, qui continue de rassembler autant d'Algériens, décidés à aller jusqu'au bout de leurs revendications pour le départ du système et l'instauration d'une vraie démocratie.
D'ailleurs, l'essentiel des slogans de la journée a tourné autour du rejet de l'autorité du président Tebboune, qualifié d'«illégitime» par un peuple «qui ne l'a jamais porté au pouvoir».
Ce que les manifestants n'ont pas manqué de répéter à chaque marche populaire depuis le 12 décembre dernier. D'autres par contre sont allés plus loin, en qualifiant l'avènement de Tebboune comme étant «un programme complémentaire du 5e mandat».
Bien organisée et parfaitement encadrée, la marche atteint le place des Martyrs où un important dispositif des forces de l'ordre est déployé pour éviter toute surprise. «Où sont passés les baltaguia», s'est interrogé un jeune. «Je crois qu'ils ont compris la leçon, ils se sont rendus à l'évidence qu'ils ne peuvent rien faire contre le hirak», lui a répondu un autre.
Sur l'autre côté des allées Ben Boulaïd, cinq jeunes ont fait quand même une timide apparition derrière le cordon sécuritaire portant des pancartes à qui veut les lire.
La marche poursuit son chemin dans une parfaite détermination, prouvant que le peuple n'est pas prêt à faire machine arrière. C'est dire que dans les rangs renforcés par des hommes, des femmes, des jeunes et même des enfants, il n'y a pas que des slogans hostiles au pouvoir, mais il y a aussi des espaces de dialogue, d'échange et de débat sur tout ce qui touche à l'avenir du pays.