Ancien marché de foin et de dattes avant la colonisation française, le lieu a été transformé en unité de sapeurs-pompiers, la première et l’unique durant des années dans la ville.
En traversant la rue Zaâbane au centre-ville de Constantine, juste avant d’arriver à Bab El Djabia, à l’entrée du pont Sidi Rached, on passe devant un lieu qui a gardé toute sa symbolique dans la mémoire de la ville du Vieux Rocher, mais dont l’histoire demeure encore méconnue.
La petite caserne des sapeurs-pompiers, devenue actuellement l’unité secondaire de la Protection civile Abdelmadjid Boumaza, située juste au-dessous de l’ex-université populaire (actuel centre culturel Abdelhamid Ben Badis), servait avant la colonisation française de marché de foin et de dattes, connu à l’époque par Rahbet Etteben ou Rahbet Ettemer.
Elle fut durant des années l’unique unité de pompiers dans la ville de Constantine. Selon les témoignages d’anciens pompiers qui y ont exercé, cette unité a fonctionné comme centre de secours avec des volontaires jusqu’à 1944 où elle verra le recrutement d’une première promotion de sapeurs-pompiers professionnels.
L’histoire retiendra que les premiers Algériens à avoir intégré le corps des pompiers à Constantine étaient Kaddour Mansour et Brahimi. Ils seront rejoints en 1945 par Mohamed-Salah Drissi, Lakhdar Dilmi et Matougui, puis le 1er février 1955 par Slimane Sissaoui et Ahmed Bouchemal. En 1957, on comptait déjà douze agents algériens dans cette unité.
Avec l’avènement de l’indépendance, l’adjudant Ahmed Bouchemal sera le premier chef de ce qui sera appelé désormais le Centre de secours principal (CSP), qui sera baptisé plus tard l’unité Abdelmadjid Boumaza, du nom d’un ancien cadre de la Protection civile. Située en plein centre-ville, tout près de la vieille ville, l’unité Boumaza a été toujours un lieu familier pour la population de Souika et des quartiers environnants, qui a été souvent «secourue» durant les pénuries d’eau potable.
Les anciens pompiers gardent encore les beaux souvenirs de l’équipe de volley-ball de cette unité, qui avait fait la fierté de la corporation et de la ville, en donnant à l’équipe nationale des joueurs de dimension internationale, à l’image d’Abdelhamid Benkaïdia et Maâmar Boukhers. Le vieux terrain situé à l’intérieur de la caserne, et qui servait pour les entraînements à une certaine époque, retiendra d’autres noms de brillants volleyeurs, à l’instar de Hocine Harkati dit Salim, Ahmed Ferdi, Boudraâ, Drissi, Boutadjine, Boumeddous, Boukhemis, Matougui et autres.
- À la mémoire des cinq martyrs
L’unité Boumaza continue d’assurer aujourd’hui sa mission dans un secteur des plus populeux dans la ville et dont les frontières s’étendent au-delà du centre-ville jusqu’aux cités Ziadia, Békira, Djebel Ouahch et Bab El Kantara, avec tous les risques de glissement de terrain, d’effondrement, d’incendies, d’accidents de la route et même des suicides surtout que l’unité s’est vue confier aussi tous les ponts de la ville, sans compter les évacuations suite aux accidents domestiques et autres interventions diverses.
Une unité dont les hommes ont toujours fait preuve de bravoure et de courage dans toutes les épreuves, et qui méritent un geste de reconnaissance, sans oublier de rendre aussi hommage aux cinq éléments de l’unité, morts en service commandé à la rue Larbi Ben M’hidi dans le fameux incendie qui a ébranlé toute la ville, dans la nuit du 12 août 1984.
Pour rappeler leurs sacrifices, leurs photos ont été gravées sur des cadres en céramique affichés sur le mur du foyer de la même unité qui a été baptisé «Foyer des cinq martyrs». Il s’agissait du capitaine Sissaoui Slimane, âgé de 52 ans, ayant 30 ans de service et père de 8 enfants, du sergent Guedjali Ahcene, 31 ans, 11 ans de service et père de 3 enfants, ainsi que des sapeurs Houadeg Mohamed, 31 ans et 7 ans de service, marié sans enfants, Guettouche Djemai, 22 ans et 2 ans de service, célibataire, et Moussanef Abderrahmene, 22 ans et 2 ans de service, célibataire.
Parmi les 11 agents blessés à divers degrés, dès le début de l’opération, on citera les sous-lieutenants Benkaïdia Abdelhamid, Boumaraf Rachid, Harkati Hocine, Kebbous Tayeb, Dib Sebti, le sergent Lagaguine Youcef et les sapeurs Dadou Messaoud, Djebbar Boubekeur Seddik, Belhadef Mourad, Hiad Azzedine et Bentama Abdelaziz.
Le 13 août 1984 à 00h40’, les corps du capitaine Sissaoui et du sergent Guedjali avaient été retirés. Ils avaient été inhumés le lendemain au cimetière central de Constantine.
Les sapeurs Houadeg Mohamed et Gettouche Djemaï, dont les corps avaient été retirés le 16 août, avaient été enterrés le lendemain avec tous les hommages respectivement aux cimetières d’El Gammas et de Benchergui.
Le dernier corps, celui de Moussanef Abderrahmane, avait été retiré le 18 août à 11h, pour être inhumé le même jour au cimetière de Chelghoum Laïd, dans la wilaya de Mila.
La consternation et l’émoi étaient grands à l’époque dans le corps de la Protection civile suite à la perte de ces cinq braves hommes qui ont mené leur mission jusqu’au dernier souffle.
Photo: Située en plein centre-ville, l’unité assure des missions sur plusieurs fronts. D. R.
S. Arslan
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Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : S. Arslan
Source : elwatan-dz.com du mercredi 17 Septembre 2025