Chlef - Urbanisme

38e anniversaire du séisme de Chlef: Une ville sans âme ni aménagement cohérent


38e anniversaire du séisme de Chlef: Une ville sans âme ni aménagement cohérent


Aujourd’hui mercredi, c’est le 38e anniversaire du violent tremblement de terre qui a durement frappé la région de Chlef un certain 10 octobre 1980.

Un douloureux souvenir qui rappelle autant les nombreuses victimes qui ont péri sous les décombres que les pires bouleversements qu’a subis la population locale, contrainte de quitter son milieu urbain pour aller s’installer définitivement dans des habitations en préfabriqué, érigées à la périphérie de la ville.

Les dégâts ont eu également un effet dévastateur sur l’urbanisme de la ville et, par ricochet, sur la qualité de vie des citoyens.

Le slogan cher aux autorités de l’époque, à savoir, la reconstruction d’une ville «belle, moderne et sûre», n’est qu’un vœu pieux dès lors que l’opération en question a été menée dans l’anarchie, sans vision claire ni aménagement cohérent, selon des spécialistes et aménageurs interrogés à ce propos.

Pourtant, l’Etat avait élaboré, selon eux, les instruments juridiques, techniques et réglementaires nécessaires permettant une reconstruction de l’ancien tissu urbain selon un nouveau schéma d’aménagement répondant aux normes antisismiques et aux règles urbanistiques définies par des experts algériens et étrangers. Malheureusement, dans les faits, cette œuvre de longue haleine a péché par la précipitation et l’absence d’une stratégie assurant une bonne articulation entre le centre-ville et ses quartiers périphériques, relèvent encore les mêmes sources.

Cette situation a, comme il fallait s’y attendre, entraîné une consommation effrénée du foncier pour des constructions privées et des projets administratifs, laissant en rade les équipements publics faisant actuellement défaut, à l’image des établissements culturels et sportifs, des marchés couverts, des aires de jeux et des centres de santé.

Par ailleurs, en guise de soutien de l’Etat, chaque famille sinistrée a reçu une aide de 120 millions de centimes pour l’éradication ou le remplacement de ce type d’habitation. Cependant, pour beaucoup de sinistrés démunis, cette somme s’est avérée insuffisante pour couvrir les dépenses liées à cette opération. C’est pourquoi un grand nombre d’entre eux a dû se contenter de petits travaux d’aménagement afin de maintenir en état ces constructions.

A leur malheur s’ajoute aussi un cadre de vie fortement dégradé où les structures d’accompagnement nécessaires, comme les marchés de proximité, les espaces verts et les équipements de loisirs, font cruellement défaut. Il n’existe, par exemple, aucune piscine dans ces quartiers populeux rongés par l’oisiveté et la chaleur extrême qui sévit en été.

Les habitants, avec lesquels nous nous sommes entretenus, dénoncent justement «la marginalisation dont souffrent ces quartiers en matière notamment de dégradation de l’environnement et de désorganisation des transports publics». Et d’espérer que «les pouvoirs publics agiront en conséquence pour mettre fin à leur isolement».

Ce qui est valable pour ces cités, l’est aussi pour le centre-ville de Chlef qui a pu être reconstruit mais de manière anarchique, faut-il le souligner, au point d’être transformé en grand quartier commercial qui s’anime le jour et se vide totalement à la tombée de la nuit. Ceci parce que, nous dit-on, la plupart des commerçants habitent loin de la ville et préfèrent rentrer chez eux un peu plus tôt pour différentes raisons.

L’afflux considérable de véhicules et l’explosion de divers commerces ont aggravé le problème de circulation que connait ce grand carrefour. Cela incommode, bien entendu, les citadins qui ont du mal à se retrouver dans un nouvel environnement en perpétuelle dégradation.

«C’est, pour nous, un centre-ville sans âme ni repères. Nous avons perdu presque tous nos espaces de rencontres et il nous est même difficile de circuler dans notre ancienne ville car les trottoirs sont régulièrement squattés par des vendeurs informels», déplorent des habitants qui restent sceptiques sur l’avenir de leur ville.

Un constat que partagent des spécialistes de la construction qui estiment que cette situation ne devrait pas changer tant qu’il n’y aura pas une vision et des objectifs clairs pour l’extension future de la ville.


Photo: Le slogan cher aux autorités de l’époque, à savoir la reconstruction d’une ville «belle, moderne et sûre», n’est qu’un vœu pieux dès lors que l’opération en question a été menée dans l’anarchie, sans vision claire ni aménagement cohérent, selon des spécialistes et aménageurs interrogés à ce propos.

Ahmed Yechkour
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