Boudouaou : La ville chaleureuse et bouillonnante, un havre de vie en Algérie

Dans la wilaya de Boumerdès, à seulement 35 kilomètres à l'est d'Alger, Boudouaou – ou Alma sous son nom colonial – s'impose comme une perle discrète de la Mitidja. Bordée par l'oued Boudouaou, dont le nom kabyle évoque un "ver luisant" symbolisant la vitalité de ses eaux, cette commune de 56 398 habitants (recensement 2008) est bien plus qu'un simple carrefour routier. C'est un microcosme vivant, où l'histoire se mêle à une énergie contagieuse, où la chaleur humaine rivalise avec le soleil méditerranéen. En 2025, alors que l'Algérie accélère sa diversification économique, Boudouaou incarne l'essence d'une ville agréable à vivre : prospère, inclusive et en perpétuel mouvement.

Un cadre naturel et urbain qui invite à la sérénité

Imaginez une plaine fertile irriguée par un oued généreux, à 4 kilomètres seulement de la Méditerranée. Boudouaou profite d'un climat méditerranéen doux : étés chauds mais tempérés par la brise marine, hivers cléments idéaux pour les promenades le long des berges. Le centre-ville, avec ses vestiges coloniaux – bâtiments du XIXe siècle, église Sainte-Thérèse et place de l'Hôtel de Ville – offre un décor pittoresque, presque figé dans le temps, qui séduit les visiteurs. Comme le note un article récent de La Nouvelle République, "le centre-ville de Boudouaou offre un décor beau et agréable à regarder pour tout visiteur qui s’y rend". Pourtant, cette beauté n'est pas figée : l'urbanisation anarchique, mais créative, a transformé ce lieu de passage ancien en une agglomération dynamique, avec des quartiers comme Benadjal où bourdonnent les commerces en gros.

Proche de la côte, Boudouaou-El-Bahri, son extension balnéaire, ajoute une touche de farniente : plages publiques, port de pêche artisanal où les sardines fraîches se négocient au cri, et une corniche piétonne pour les couchers de soleil orangés. C'est ici que l'on mesure l'agrément de la vie quotidienne : un marché hebdomadaire (lundi et jeudi) débordant de fruits de la Mitidja – oranges juteuses, tomates gorgées de soleil – et une proximité avec l'autoroute Est-Ouest qui relie Alger à l'est sans les embouteillages infernaux d'antan.

Une chaleur humaine qui fait la différence

Ce qui rend Boudouaou vraiment chaleureuse, c'est son peuple. Héritière des Béni Aïcha, une tribu kabyle, la ville respire l'hospitalité algérienne légendaire. Les cafés traditionnels, comme ceux de la rue principale (ex-rue d'Isly), sont des forums vivants où se croisent étudiants, agriculteurs et voyageurs. Une tasse de thé à la menthe, un débat animé sur le dernier match de l'USM Alger, et voilà que l'on se sent chez soi. Rachid Mimouni, l'écrivain né à Boudouaou en 1945, dépeignait déjà cette effervescence sociale dans ses œuvres, où la ville apparaît comme un creuset de traditions berbères et de modernité.

La vie communautaire est au cœur de tout : trois mosquées principales animent les prières collectives, des zawiyas (sanctuaires soufis) perpétuent les contes et la musique gnawa lors des soirées ramadanesques, et des associations sportives – football, handball – fédèrent les jeunes autour du stade municipal, vestige colonial rénové mais toujours vibrant. En 2025, avec l'essor du tourisme interne, cette chaleur se traduit en accueil généreux pour les familles venues de Blida ou Tizi Ouzou, attirées par les locations Airbnb cosy (plus de 50 options saisonnières) et les dortoirs bon marché, souvent complets en été.

Un bouillonnement économique et culturel

Boudouaou n'est pas qu'agréable ; elle bouillonne. Depuis le découpage administratif de 1984 qui a élevé Boumerdès au rang de wilaya, la ville s'est métamorphosée en un pôle de négoce prospère. L'agriculture reste son poumon : vergers d'agrumes, maraîchage irrigué par l'oued, et un marché qui écoule ses produits vers Alger et Dellys. Mais l'expansion socio-économique est fulgurante : commerces en gros à Benadjal, petites industries artisanales (huileries, minoteries), et un rôle de daïra qui attire les échanges interrégionaux. L'autoroute moderne, avec son pont suspendu admiré près de Berrahmoune, symbolise cette vitalité : plus d'embouteillages, plus de fluidité pour les camionneurs et les familles en transit.

Côté culturel, le bouillonnement est palpable. Le campus universitaire (Faculté de Droit et Lettres) injecte une jeunesse studieuse et créative, avec conférences et festivals locaux. La fête de l'orange en mars, avec ses stands dégustation et concours farfelus, ou le marché artisanal mensuel (tapis kabyles, poteries de Beni Yenni, miel de l'oued) célèbrent l'identité berbère. Et malgré les critiques sur le sous-développement des infrastructures sportives – le stade reste inchangé depuis 1962 –, l'énergie collective pousse à l'avant : projets hôteliers en inspection (150 lits neufs en 2024), et une urbanisation qui, bien qu'anarchique, crée des emplois et une classe moyenne émergente.

Pourquoi Boudouaou est-elle si attachante ?

Dans un Algérie en pleine renaissance touristique – avec 96 500 lits nationaux en 2025 et un focus sur l'écotourisme côtier –, Boudouaou se distingue par son équilibre rare. Ni la frénésie d'Alger, ni l'isolement rural, elle offre un rythme de vie soutenable : transports internes efficaces (taxis collectifs en 15 minutes), éducation accessible (12 écoles primaires, un lycée technique), et santé de proximité (hôpital rénové). Les défis persistent – bureaucratie freinant 51 projets touristiques dans la wilaya –, mais l'optimisme règne. Comme l'écrit La Nouvelle République en janvier 2025, Boudouaou est "une agglomération prospère" qui aspire au changement, portée par sa jeunesse et son esprit communautaire.

Boudouaou n'est pas une destination de carte postale ; c'est une ville qui vit, qui respire, qui enveloppe de sa chaleur. Pour les Algériens en quête d'un week-end revigorant ou les expatriés nostalgiques, elle murmure : "Viens, installe-toi, et laisse-toi porter par le courant." Une escapade ici, et l'on repart avec le cœur plus léger, imprégné de cette bouillonnante douceur de vivre.