Boumerdes - Irrigation

Algérie (Sidi Daoud/Boumerdès) - Salinité des eaux du Sébaou: Des exploitations agricoles en péril


Algérie (Sidi Daoud/Boumerdès) - Salinité des eaux du Sébaou: Des exploitations agricoles en péril
Le phénomène de salinisation des eaux de l’oued Sébaou continue de s’aggraver au grand désespoir des agriculteurs. Face à l’inaction des autorités et au retard des projets de protection, certains assistent impuissants à la lente agonie de leurs exploitations.

«Cette avancée des eaux salées en amont compromet gravement les cultures, appauvrit les sols et entraîne l’abandon progressif des exploitations agricoles», alerte Amine Maâyouf, élu à l’APW.

Malgré les requêtes des agriculteurs, des élus et des experts hydrologues, aucune mesure concrète n’a été prise pour inverser cette tendance. Une étude technique réalisée en 2023 avait pourtant préconisé la réalisation de quatre digues en terre afin de stopper l’intrusion marine dans la nappe alluviale du Bas Sébaou, intrusion qui est aujourd’hui scientifiquement avérée.

Mais faute de crédits, les travaux n’ont jamais été engagés. La situation a de lourdes conséquences car la salinité de l’eau dépasse largement les normes admises pour l’irrigation, atteignant parfois quatre grammes par litre à seulement quelques kilomètres de la côte, affirme Djemaa, un viticulteur de Sidi Daoud, soulignant que plusieurs forages d’eau potable ont été abandonnés car l’eau y est devenue impropre à la consommation.

Même constat de l’autre côté de Benchoud et de Baghlia où beaucoup d’exploitants constatent la disparition progressive de leurs cultures.

«Même le barrage de Hamrouna d’où on s’approvisionne pour irriguer nos cultures est à sec», s’indigne un autre terrien.

L’impact est aussi visible sur la faune aquatique. En août 2023, des milliers de poissons ont péri près de l’embouchure de l’oued à cause de l’augmentation du taux de la salinité des eaux.

Pour atténuer ce phénomène, M. Maâyouf (élu à l’APW) propose de combler provisoirement certaines zones du lit de l’oued avec le sable stocké dans les anciennes sablières de la région. Cette solution transitoire permettrait, selon lui, de rehausser le niveau du fond de l’oued et freiner partiellement la progression des eaux salées.

En parallèle, plusieurs experts appellent à la création de bassins de rétention et de zones humides pour capter les eaux de pluie, recharger la nappe et limiter le ruissellement direct vers la mer.

Mais au-delà des propositions, l’inaction des autorités suscite moult interrogations, accentuant le désarroi des agriculteurs en raison de la dégradation des sols. Si rien n’est entrepris rapidement, les conséquences seront encore plus graves pour l’activité agricole dans la région. Les agriculteurs estiment que ce qui est encore récupérable aujourd’hui ne le sera plus demain.

Photo: Un puits devenu inutilisable à cause de la salinisation croissante des eaux souterraines dans la vallée du Sébaou. El Watan

Ramdane Kebbabi
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