Boumerdès - Pollution

ALERTE MAXIMALE SUR LA GESTION DES DÉCHETS DANS LA WILAYA DE BOUMERDÈS: Une catastrophe écologique majeure annoncée


ALERTE MAXIMALE SUR LA GESTION DES DÉCHETS DANS LA WILAYA DE BOUMERDÈS:  Une catastrophe écologique majeure annoncée




«Durant ses sorties dans toutes les communes de la wilaya de Boumerdès, la commission a fait le constat dégradant et extrêmement alarmant pour l’écologie» écrivent les 15 membres de la Commission santé, hygiène et protection de l’environnement dans le rapport qu’ils ont présenté à l’Assemblée populaire de la wilaya de Boumerdès réunie en session ordinaire.

Les élus régionaux ne font en réalité que condenser dans leur rapport soumis à leur assemblée ce que disent tous les jours les citoyens lambda.

«La première image que j’ai de la wilaya qui m’a été confiée, c’est les ordures» avait déploré le wali, Kamel Abbès, lors de sa toute première prise de parole publique.

Entre-temps, son administration a déployé des efforts et dépensé des milliards pour endiguer ce problème qui, s’il n’est pas pris en charge, reste une véritable bombe à retardement pour la wilaya de Rocher noir. Les déchets ménagers sont le problème visible.

Dans certaines villes, la situation est dramatique.

A Bordj-Menaïel, la décharge est implantée – provisoirement - à la lisière de la ville, le long de la RN12 (Thénia-Tizi-Ouzou). Idem pour les Issers et Khemis El Khechna.

Selon le rapport des élus de l’APW, les 29 décharges exploitées ne sont pas conformes aux normes. Trois communes ne disposent même pas de décharges.

En matière d’hygiène publique et de la préservation de l’environnement, citoyens et collectivités territoriales se partagent la responsabilité de cette anarchie et de la saleté qui empoisonne le quotidien des quartiers. Malheureusement, la pollution ne provient pas seulement des déchets ménagers. Cette pollution est beaucoup plus importante et plus grave dans la wilaya de Boumerdès.

Elle provient également des rejets des eaux usées et des activités industrielles et commerciales.

Les élus de l’APW ont par ailleurs occulté l’autre aspect de cette catastrophe: la pollution de la nappe phréatique, l’érosion des rivages et l’altération des terres agricoles à haut rendement de plusieurs communes (Boudouaou El Bahri, Zemmouri, Cap Djinet, Sidi Daoud, Baghlia ) et la destruction des écosystèmes dunaires découlant du pillage du sable.

Les élus ont certes tiré la sonnette d’alarme, mais leur diagnostic sur les dégâts causés et les dangers à venir est superficiel. Conséquence, leurs 12 propositions seront vite annihilées par l’immensité du problème écologique qui se pose à cette wilaya.

La région est en effet assise sur une véritable bombe dont l’explosion, étalée dans le temps, commence, d’ores et déjà, à faire de gros dégâts. Cette situation qui sera désastreuse à moyen terme pour la wilaya, découle d’un manque d’anticipation de l’Etat. Ce manque est visible par l’absence d’une politique de l’aménagement du territoire.

La wilaya s’agrandit en effet sur le schéma hérité de la colonisation. C’est le cas de figure qui se transpose à un grand nombre de localités du nord algérien, lesquelles rencontrent également le problème de la gestion et du traitement de leurs déchets.

Où jeter nos ordures ?

Les élus APW de Boumerdès ont certes tiré la sonnette d’alarme sur la situation inquiétante; pour reprendre leur qualificatif, mais ils ne répondent pas à une question, sûrement, comme nous le verrons, complexe, mais essentielle: Où jeter nos ordures?

En effet, en examinant la monographie de la wilaya de Boumerdès, on constate que ce problème se pose avec acuité. Sans ruptures avec ce qui a été accompli jusqu’à présent, une nouvelle vision de l’aménagement du territoire de la wilaya, d’importantes installations et de gros investissements sur le long terme, cette situation ira en s’aggravant.

Explication. Sur la bande centrale de la wilaya de Boumerdès allant de Dellys, à l’Est jusqu’à Hammadi à l’Ouest, en passant par Baghlia, Bordj- Menaïel, les Issers, Boudouaou, Ouled Moussa, Khemis El Khechna et Ouled Heddadj , 53% de la population réside, selon le recensement de 2008, dans les 9 communes citées plus haut alors que la wilaya en compte 32.

Ces 9 municipalités ne représentent que 28,12% de l’architecture administrative de la wilaya. 53% de la population de la wilaya occupent donc 31,80% 463 km2) des 1.456,16 km2 de la wilaya.

Sur les 777 tonnes d’ordures ménagères produites quotidiennement par la population de la wilaya, celles des municipalités en question produisent, à elles seules, 52,64% (409 tonnes). Chaque individu de ces communes produit quotidiennement approximativement 1 kg d’ordures alors que la moyenne générale est de 0,70 kg par personne. Des 9 localités, aucune n’est connectée à une station d’épuration des eaux usées. Il en existe trois (Zemmouri, Thénia et Boumerdès).

Les richesses non renouvelables en danger

En plus de ces contraintes qui altèrent l’environnement de la région et qui constituent une réelle menace sur la sécurité et la santé des populations, la wilaya de Boumerdès fait face à une autre contrainte quasiment insurmontable.

Et pour cause, environ 90% des activités industrielles et environ 50% des commerces sont localisés dans ces municipalités. Or, comme ces localités sont implantées à l’Est (Dellys et Baghlia) dans la plaine du bas Sebaou, au centre ( Bordj-Menaïel, Les Issers) dans la plaine de Oued Issers et à l’Ouest (Boudouaou, Ouled Heddadj, Ouled Moussa, Khemis El Khechna et Hammadi) dans la partie orientale de la plaine de Mitidja, leur vocation agricole est évidente.

Environ 70% des terres agricoles les plus rentables et plus de 90% des 12.200 hectares irrigués sont recensés dans ces plaines. Les plus grandes nappes phréatiques de la région se trouvent dans le soussol de ces localités.

Par ailleurs, au nord de cette ligne centrale de la wilaya, se trouve celle, parallèle à la ligne médiane, qui va de Boudouaou El Bahri à l’Ouest jusqu’à Sidi Daoud à l’Est en passant par Corso, Boumerdès, Zemmouri et Cap- Djinet. Ces dernières localités subissent quasiment les mêmes contraintes écologiques que celles de la ligne du Centre.

A la base, toutes ces villes citées ont été bâties par les colons pour exploiter les richesses agricoles. Depuis 50 ans, leur expansion se déroule dans l’anarchie. Comme on le voit, ramasser puis traiter les ordures pour préserver l’écologie et la santé des citoyens n’est pas une opération simple.

Cette mission appelle des décisions politiques courageuses avec l’appui des citoyens ou leurs représentants et la société civile et un grand programme que doivent financer l’Etat et les pollueurs.


Abachi L.





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