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Bouira Une wilaya au charme inexplicable



Bouira Une wilaya au charme inexplicable
Publié le 17.04.2024 dans le Quotidien l’Expression
La wilaya n’est plus qu’à une petite heure de la capitale, depuis que l’autoroute la traverse sur 101 km.
Quand plusieurs ministres se suivent à des intervalles très rapprochés, cela donne, pour s'essayer à la métaphore, une belle brochette de ministres, et par voie de conséquence, à la wilaya hôte, le sentiment d'un privilège considérable. Et cet honneur, et ce privilège a, en apparence, une explication. Il en a même deux. La wilaya de Bouira n'est plus qu'à une petite heure de la capitale, depuis que l'autoroute la traverse sur 101 km. Un ministre peut donc, en se rendant chaque matin à son travail, mettre les jours où il y a de l'encombrement sur sa route, presque autant de temps qu'en effectuant une visite à Bouira. Question, donc, de disponibilité, plutôt que d'éloignement.
La seconde raison pour laquelle un ministre peut se rendre dans la wilaya de Bouira, ce sont les ambitieux programmes de développement dont elle a bénéficié et qui demandent un suivi rigoureux et régulier afin d'en lancer d'autres. Bouira ambitionne, en effet, de devenir une banlieue de la capitale. Et quand on voit les progrès qu'elle réalise dans de nombreux domaines, comme l'industrie, le commerce, l'agriculture et l'urbanisme, on se dit, aux regards des efforts qu'elle fait, que cela reste très probable.

Pour nous, qui, facilement influençables, subissons l'ascendant de cette ville qui l'avions connue pauvre et la regardons sous l'angle des formidables transformations qu'elle a subies en une vingtaine d'années, il existe une troisième raison: ceux qui ont goûté aux charmes inexplicables de cette ville ont du mal à l'oublier.

Quoi qu'il en soit, voilà notre brochette de ministres levant le voile en direction de cette ville dressée, ainsi que Rome sur ses collines, rayonnante comme un astre, et conquérante comme une armée sous un bon général, lorgnant, «urbanistiquement», de tous les côtés pour décider de la direction à prendre. Mettre nos pas dans les leurs pour les suivre dans leurs déplacements et tâcher de comprendre leurs objectifs devient dès lors un devoir.

Redorer le blason d'un secteur terni

Si on pense au secteur de l'éducation, en lisant le sous-titre, on n'aura pas tort. Il n'a pas seulement souffert de la décennie noire et des nombreux actes de sabotage qui l'ont visé, ainsi que les deux années de confinement et de semi-confinement imposées par la pandémie de Covid-19.

Le secteur a gardé longtemps les séquelles de plusieurs années de gabegie où la responsabilité était partagée entre l'administration, les enseignants, les syndicats et les parents d'élèves. S'il s'en sort, aujourd'hui, c'est grâce à une politique qui place l'intérêt de l'élève au- dessus de tous les autres. Cette entente se traduit par la volonté des quatre principaux acteurs concernés d'unir leurs forces pour un seul objectif: la réussite. L'État a mis au point des programmes ambitieux et des moyens matériels à la hauteur des enjeux, les syndicats et les parents d'élèves ont adhéré à fond à ces programmes, et les résultats ne se sont pas fait attendre.

Le ministre, ce lundi matin du 25 mars, s'est fixé pour objectif d'inaugurer le groupe scolaire situé aux 338 Logements, baptisé du nom d'un moudjahid. Charmé par l'accueil qui lui a été réservé, il a marqué plus de temps dans cet établissement. Mais il y avait eu plus que la chorale chantée par de tout jeunes enfants, le discours de bienvenue et la biographie du défunt moudjahid pour le retenir. Il y a eu surtout, comme on se doute bien, la présentation de la situation relative aux projets réalisés ou en cours et aux équipements, au personnel enseignant et aux effectifs scolaires au niveau des trois paliers. Les structures d'accueil pour tout ce monde se composent de 557 écoles primaires, de 131 CEM et de 61 lycées. Dans le cadre de l'amélioration des conditions scolaires, les établissements du primaire ont bénéficié de 1 754 500 000 DA, ceux du moyen de 222 500 000 DA et ceux du secondaire, de 149 700 000 DA. Les opérations de réhabilitation ont concerné 16 lycées et 2 CEM, celles des équipements, 17 lycées, 16 CEM et 13 écoles primaires, tandis que la Dal, pour sa part, équipait 192 écoles primaires. Ce programme est de 2023 et le montant global octroyé dans ce cadre est de 131 874 000 DA. On pourrait continuer longtemps à parler des réhabilitations et des équipements et à fournir à ce sujet des chiffres, puisqu'il restait le programme partiel et celui de l'année 2024. Au sujet de la prochaine rentrée, dont les préparatifs ont déjà pris fin, le ministre a annoncé, à l'échelle nationale, pour la prochaine rentrée, 657 nouveaux établissements (571 écoles primaires, 179 CEM et 97 lycées), et 428 nouvelles cantines. Le montant global alloué à cet effet, est estimé à 3 465 859 388,85 DA.

Pour que reluise de nouveau la culture

Sans cesse annoncée et sans cesse démentie, s'il était une visite qui s'était tant désirée c'est assurément celle de la ministre de la Culture. Et le fait qu'elle soit tombée soit jeudi et trois jours après celle du ministre de l'Éducation et trois jours avant celle du ministre de l'Hydraulique, cette visite là n'a rien eu à envier en matière de popularité à la précédente, comme à la suivante. À tel point que Mme Soraya Mouloudji, arrivée vers neuf heures du matin au salon d'honneur où elle a été reçue n'en était repartie, sa visite terminée, que le lendemain matin. Venue surtout pour inaugurer l'école régionale des beaux- arts, à Bouira, elle s'était portée dans quatre daïras, où elle a inauguré ou inspecté un projet ici, un autre là, et pris dans chaque halte un bain de foule. À Bouira, elle a inauguré un théâtre de plein air et cette fameuse école régionale qui recevra l'année prochaine quelque deux cents étudiants. À la bibliothèque moderne de Aïn Bessem, où dans le hall trônent différents portraits, ceux, entre autres de Djamel Amrani, de l'académicienne Assia Djebar, de Rabia Djelti, la visiteuse a pris également le temps de tout voir et de tout apprécier. Mais, c'est à Sour El Ghozlane que la visite a pris une tournure folklorique avec l'association Auzia, et ce, dès la porte d'Alger. La ministre avait l'air d'être entrée dans une machine à remonter le temps qui l'aurait propulsée au temps d'un des douze Césars. Et c'est tout juste si nous ne l'avions pas vue, dame de haut rang, vêtue d'une tunique et de sandales à la manière des Romaines, et escortée de ses gardes. La ville conserve un air d'authentique cité romaine. Dans les rues, sur les places publiques, le temps semble s'être figé. Cette haute muraille avec bastions, restaurée à grands frais, les quatre portes (la quatrième construite récemment) en forme d'arcs de triomphe accentuent encore cette impression tenace d'antiquité. Et cette ambiance d'un autre temps qui s'accroche aux murs qu'elle imprègne d'une sorte d'intemporalité déteint aussi sur les esprits. Si l'on avait l'âme d'un grand romantique, en franchissant la porte nord, qui regarde vers Boussaâda, on croirait voir, au loin, des gazelles broutant tranquillement l'herbe grasse ou s'abreuvant à quelque source jaillissant de dessous une roche.

Quand Mme Mouloudji quitta, non sans efforts ni regret, sans doute, tant l'attrait vers ce passé lointain est si puissant, quand elle quitta ces vestiges, pour la mosquée El Attik, le temps avait à peine bougé. On était avec ces vestiges romains d'un ou deux siècles avant Jésus Christ. On est avec cette mosquée ottomane, en 1660 environ. De l'époque romaine, puis, ottomane, la ministre de la Culture a atterri à l'époque coloniale à M'Chedallah où elle a inauguré une salle de cinéma récemment réhabilitée. En retournant à Bouira où elle a passé la nuit à l'hôtel parc AB avec son équipe, elle a renoué totalement avec le présent.

Le fin mot du ministre

Arrivant à Bouira, trois jours après la visite de la ministre de la Culture, alors que c'était le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui était attendu en principe, Mustapha Kamel Mihoubi a eu également une journée chargée, puisque, arrivé chez nous dimanche matin, il n'en est reparti que tout à fait vers le soir. Intervenant après le wali et la directrice de l'hydraulique qui ont présenté un état des lieux exhaustif de tout ce qui a été réalisé ou en cours de réalisation, le ministre a défini sa stratégie en deux mots pour sortir de cette crise endémique liée à l'AEP et à l'irrigation. Pour l'AEP, il a annoncé deux grands projets qui devraient normalement enrayer cette situation de crise: le dessalement de l'eau de mer dont l'apport bénéficiera aux deux barrages, celui de Koudiet Acerdoune, d'une capacité de 640 millions de m3 et qui peine alors à franchir la barre de 40 millions, et celui de Tilzdit, de 170 millions de m3. Mieux alimenté en eaux pluviales, ce dernier affiche un taux de remplissage estimé à 70 millions de m3. Les deux projets annoncés permettront de faire venir de l'eau dessalée de la station de dessalement de Boumerdès et d'Akbou, dans la wilaya de Béjaïa. Les apports de la station de dessalement de Boumerdès, estimés à 50 000 m3/J iront renflouer le barrage de Koudiet Acerdoune et les 30 000 m3/, en provenance de la station d'Akbou, iront se jeter dans le barrage de Tilzdit pour en relever le niveau. D'autres apports provenant des nappes souterraines et des sources sont également sollicités, et la visite du ministre a consisté en l'inauguration de nombreux projets et au lancement d'autres.
Pour l'utilisation des eaux usées à des fins d'irrigation, il a misé sur la remise en service des trois stations d'épuration existantes à Bouira (2), et à Sour El Ghozlane. Les deux premières s'occuperont de fournir des eaux usées épurées pour les 5 800 hectares dans la plaine d'El Esnam, et la troisième servira à irriguer les 2 200 hectares situés dans la plaine des Arribs, à Aïn Bessem. La quatrième à l'état de projet encore viendra en renforcement à cette dernière. Il s'agit, selon le ministre, de faire en sorte que l'agriculture aille de pair avec le secteur de l'hydraulique. Et parlant des deux secteurs, dont il a souligné à ce propos la priorité, et des efforts de l'État pour que le citoyen n'ait jamais à manquer d'eau en toute saison, ni les périmètres irrigués d'eaux usées épurées, le ministre, s'adressant à la cantonade, mais surtout à la responsable de l'hydraulique a dit, tout en appuyant sur son propos: «Je veux du concret.»
En définitive, cinq ministres avaient précédé ces trois-là en 2023: le ministre de la Justice en février, le ministre de l'Industrie en mars, celui des Moudjahidine en mai et ceux de l'Intérieur et de la Solidarité nationale qui avaient manifesté leur solidarité aux côtés des familles sinistrées lors des incendies en juillet. Cette attirance pour notre wilaya s'explique de deux façons: l'importance considérable de ses richesses et la beauté intrinsèque de ses sites touristiques.

Ali DOUIDI



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