Bouira

Bouira Une manière de fêter et de faire bombance



Publié le 13.04.2024 dans le Quotidien l’Expression

Ces retrouvailles donnent lieu à des instants de partage et de réjouissance.
Les héros du jour, ce sont incontestablement eux. Et ils ne se sont pas privés de le faire savoir. À peine ont-ils ouvert les yeux, leur petit-déjeuner expédié, ils ont réclamé leurs nouveaux vêtements et, habillés de neuf de pied en cap, les voilà dehors, pavoisant dans leurs nouveaux atours. Filles et garçons, ont investi les rues et les places publiques, de sorte qu'en cette journée de fête nationale, on ne voit, on n'entend qu'eux. Que ressentent-ils? Que disent-ils? Leur joie! Et elle est immense! Il y a ces étrennes bien sûr. Et elles sont somptueuses. Et Papa et Maman, conscients de l'exception de l'évènement, y ont mis les moyens. Dans dix ans, dans quinze ans, ils s'en souviendront encore. D'ailleurs, ces souvenirs resteront sous la forme de photos. Elles circuleront longtemps sur les réseaux sociaux. Objets de fierté, elles seront abondamment commentées. Entrant d'autant plus aisément dans le jeu, qu'ils s'y voient eux-mêmes à leur âge, les parents exprimeront une joie qu'ils ressentent par procuration.

Wassim a 7 mois. Il a reçu un ensemble en Jeans et des baskets. Il ne marche pas encore. Mais quelle importance? Il est porté et promené. Et c'est tout comme! Amine a, lui, 20 mois. Lui, en jeans et baskets aussi, saute comme un jeune cabri, sur ses courtes pattes. Irrattrapable. Il n'a pas eu de jouet, cette année. Celui de l'année dernière, une voiture qu'il a, à peine étrennée a suffi à sa joie. Amina et Yasmine sont deux soeurs. L'une non encore scolarisée. L'autre en cinquième. Habillées pareillement car, elles sont soeurs, elles disent leur bonheur d'enfant en compagnie de leurs parents qui les promènent à travers les rues. La ville elle-même s'est mise aux couleurs nationales. Un souffle léger agite parfois les guirlandes. Les oiseaux chantent dans les arbres qui bordent les rues. C'est le printemps, et la journée est si belle!

Les adolescents, eux, se baladent aussi, tout aussi fiers de montrer leurs nouveaux costumes. Les filles se sentant, à douze ou treize ans, femmes, dont elles imitent l'élégance et la grâce, parfois la coquetterie, les garçons se croyant, à cet âge, devenir déjà hommes, en jeans ou en ensemble de toile, ils prennent des pauses qui mettent en valeur, leur sveltesse chez les unes, leur fine musculature et leurs forces naissantes chez les autres.

Et toutes et tous jacassent et partent en éclats de rire à la moindre anecdote. En cette journée où le bonheur est en l'air, on n'a pas d'autre raison d'être heureux et de le manifester. L'après-midi ou le soir, puisque les stades de proximité sont éclairés, ils organiseront un tournoi où ils investiront toute cette énergie qu'ils ont emmagasinée durant toute la journée.

C'est vrai qu'on a fait bombance avec tous ces plats de gâteaux et de jus. C'est aussi vrai qu'à midi, on a, l'appétit étant d'abord une affaire de jeunesse, mangé comme quatre. Et maintenant, ils attendent, en piaffant comme de jeunes pur-sang, l'heure du match. Et pendant une heure, le quartier de la ville s'animera des échos de leurs voix et des cris de joie, quand ils marquent, ou de déception et de frustration, à chaque occasion manquée. Pour les adultes, la joie résulte des visites des parents qu'on reçoit, ou chez lesquels on se rend.

Ce sont des frères, des soeurs, des tantes, des oncles qu'on n'a pas vus depuis longtemps. Et ces retrouvailles donnent lieu à des réjouissances autour d'un plat de gâteaux et des verres de jus ou, d'une tasse de café ou d'un mets succulent. Et que l'Aïd se célèbre à Alger, à Oran, à Bouira ou à Constantine, le rituel est le même et la joie est partout dans les coeurs.

Ali DOUIDI



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