Bouira - Divers Agriculture

Agriculture / Le contraste des chiffres et de la réalité


Agriculture / Le contraste des chiffres et de la réalité
Le secteur agricole au niveau de la wilaya de Bouira connaît inexorablement une nette évolution ces dernières années. Cela au moins du point de vue production. Celle-ci, en raison de la générosité climatique et des différents programmes de soutien aux fellahs, a enregistré des avancées remarquables. Cependant, faut-il ne pas trop s’enthousiasmer devant les chiffres présentés comme des trophées à chaque fin d’année et/ou de saison ; car les indicateurs économiques locaux ne font pas transparaître pour autant de grandes enjambées en matière de création de richesses et de développement durable. Y a-t-il des raisons objectives à même d’expliquer ce flottement ? Oui, les analystes en avancent autant de raisons. « L’on a souvent tendance à agir dans la précipitation, et le passage d’un dispositif à un autre sans même marquer de transition fait que les résultats sont généralement médiocres » nous explique-t-on.
A titre illustratif, l’on cite le cas de la céréaliculture, dont la wilaya de Bouira avait enregistré, rien que pour les deux dernières saisons (2007 et 2008), une augmentation remarquable estimée en 2007 à 565 959 q ; passant de 851 041 q en 1999 à 1 417 000 q en 2007. Coté chiffres, tout porte à croire à une évolution palpable, mais la réalité du terrain contraste bien avec une telle donne. Car, le fait que cette culture dépend exclusivement des aléas climatiques fait penser à une situation pour le moins instable. Les dispositifs mis en œuvre ces dernières années pour accompagner les agriculteurs, à l’image du crédit Rfig lancé l’année dernière, semblent bien trébucher dés lors qu’en l’absence d’un plan global d’accompagnement, les résultats futures sont incertains.

ABSENCE DE REGULATION

Autre cas, la pomme de terre ayant connu à son tour un bond avec une superficie exploitée passée de 1 230 ha q en 1999 à 853 500 ha en 2008. Soit une augmentation de 190 %. Cependant, la crise dont continuent à se morfondre les patatiers de cette wilaya en est une preuve de l’inefficacité d’un tel investissement. Certes, la production a augmenté, enregistrant une surproduction jamais connue, mais l’absence de circuits de régulation fiables du marché a fait que l’on ne cesse d’enregistre une désaffection conséquente des agriculteurs. A l’heure qu’il est, l’on redoute une réduction drastique des espaces ensemencés. Le président de l’association des maraîchers de la wilaya, M. Cheddani, lui-même producteur patatiers, nous dira non sans dépit que « plusieurs agriculteurs ont réduit les superficies ensemencée de manière exponentielle. Certains, n’ayant plus les moyens d’investir dans la filière et redoutant les conséquences de la dernière saison n’ont exploité que la moitié de leurs terres ». Pour notre interlocuteur, le problème majeur posé par les agriculteurs est celui inhérents au règlement du litige qui les oppose aux organismes stockeurs agréés dans le cadre de la mise en œuvre du Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation). A présent, l’on continue à se plaindre du fait que les sommes dues n’ont pas encore été versées.
Ainsi, les différents intervenants dans le secteur de l’agriculture s’étonnent du fait qu’en dépit des différents programmes lancées, à l’image des fameux PPDR, PPDRI, PNDA…etc., les choses semblent bien coincer quelque part. allons-nous vers un constat d’échec cuisant ? Possible dans la mesure où des mesures rectificatives ne soient pas prises. Sinon, faut-il au moins « prendre en charge, en premier chef, les agriculteurs, eux qui constituent la colonne vertébrale du secteur ». D’autre part, il est utile de souligner que si la résultante des efforts consentis ne s’inscrit pas dans une perspective durable, la capitalisation des acquis réalisés se pose comme une nécessité. C’est là un objectif que les responsables de la DSA de Bouira compte poursuivre et concrétiser. Pour certains d’entre ces derniers, « la wilaya avait, il y a quelques années, opté pour la revalorisation du capital foncier agricole, avant de se lancer dans la reconstitution des potentialités déjà existantes ». Une stratégie pour le moins pragmatique qui semble bien aller de l’avant. Pour nos interlocuteurs, il y a des facteurs déterminants qui prédisposent cette wilaya au rang de premier producteur national en matière d’agriculture. Cela dés lors que celle-ci constitue l’activité économique prédominante de la wilaya. Avec une superficie agricole utile (SAU) de 190 152 ha, dont 11000 ha en irrigué, l’on crois sûrement créer le déclic d’ici quelques années. Avec quelques 455 exploitations agricoles collectives (EAC) et 473 exploitations agricoles individuelles (EAI) et 6 fermes pilotes, l’on compte donc relever le défi n’était-ce le manque de visibilité et les différentes insuffisances constatée notamment en matière de professionnalisation et de commercialisation. Cependant, si sur le premier point (la professionnalisation) des initiatives ont été prises dans le sens de mieux adapter la production locale aux paramètres et autres normes d’usage, l’anarchie régnant dans le circuit de commercialisation demeure le talon d’Achille de l’agriculture à ce niveau.

CIRCUIT DE COMMERCIALISATION INOPERANT

D’aucun parmi les agriculteurs interrogés se plaignent de l’anarchie qui règne sur le marché. Une donne qui, par ailleurs, ne manque pas d’avoir des répercutions sur le pouvoir d’achat du simple consommateur. Le cas de la pomme de terre dont le prix connaît des fluctuations permanentes, avec en prime une augmentation de ces derniers (les prix) en totale contradiction d’avec la loi de l’offre et de la demande, en est une illustration. D’autre part, l’on enregistre les mêmes effets d’une flambée conséquente sans commune mesure d’avec la production générée. Entre autres, le cas de l’huile d’olive vendue à présent à pas moins de 400 Da/litre alors que la wilaya compte une superficie de maraîchages estimée à 6 051 ha. Autant pour la viande dont les prix caracolent à une altitude hors de portée, au moment où le cheptel de la wilaya ne cesse de connaître une multiplication, atteignant en 2008 les 60 187 têtes bovines, 205 350 têtes ovines, et pas moins de 25 558 têtes caprines. L’aviculture quant à elle, semble bien connaître une régression due, à en croire les professionnels du domaine, au fait de l’indisponibilité des médicaments. Ainsi, les pertes sèches des éleveurs avicoles ont fait que plusieurs d’entre eux ont fini par abandonner la filière. Les chiffres officiels porte la production locale à 2 935 000 poulets de chair et 1 265 000 poulets de ponte.
L’autre, filière qui demeure encore à son stade précoce est sans conteste celle de l’apiculture. On en veut pour preuve la non disponibilité du miel sur le marché local mais surtout les prix exorbitants de ce produit, allant jusqu’à 4000 Da/litre. Ainsi, si les chiffres portent le nombre de ruches à 119 091 à la fin 2008, la productivité de ces dernières laisse encore à désirer. A ce titre, le circuit de commercialisation du miel demeure pratiquement à son stade le plus rudimentaire. Ainsi et en l’absence d’un marché spécialisé dans le miel au niveau de la région, cette denrée recherchée pour ses vertus curatives demeure l’apanage des seuls spéculateurs. Autre tare du marché du miel, on n’est loin d’être sûr de la qualité du miel qu’on achète. Les connaisseurs parlent plutôt de miel frelaté qui envahi le marché local.
Cependant, si la tendance est presque généralisée à toutes les filières au niveau de cette wilaya, la filière lait semble bien se singulariser. En effet, si les chiffres avancés dernièrement par les services agricoles de la wilaya laissent transparaître une évolution patente, les producteurs par contre ne cessent de se poser des questions quant à la régulation dudit marché. En effet, pas loin que la semaine écoulée, les membres de l’association des producteurs laitiers de la wilaya de Bouira, sont montés au créneau pour dénoncer l’anarchie qui touche la collecte de lait. Cette réaction est venue en réponse à la décision prise par les collecteurs de lait locaux, à l’image de la laiterie Giplait (ex-Orlac) de Draa-Ben-Khedda, ayant cessé de recevoir le produit local depuis le 28 mars dernier. Pour les concernés « aucune explication convaincante n’a été avancée pour motiver une telle décision » considérée comme étant « dangereuse et contraires aux objectifs stratégiques tracés par l’état en encourageant l’investissement dans la filière ».
Par la suite, la collecte étant rétablie – depuis le lundi dernier (13 Avril) – mais les éleveurs de vaches laitières ne sont pas à leur ultime embûche. Le président de l’association des éleveurs de la wilaya, M. Hamdani, qui se dit satisfait des mesures prises par les autorités en charge du secteur, ne manque pas pour autant de soulever la question relative au repeuplement des étables qui, selon lui, « demeure un enjeu stratégique pour l’avenir de la filière ». D’autre part, les professionnels du domaine s’interrogent sur l’effectivité de la mise en œuvre du programme national de réhabilitation de la production laitière. Pour ce qui de l’encadrement technique de la filière, l’on évoque l’installation par le ministre de l’agriculture, le mois de février dernier, du comité interprofessionnel du lait (CIL), dont la finalité était d’aller vers une meilleure organisation de la filière.
C’est dire enfin que beaucoup reste encore à faire au niveau de cette wilaya, surtout que l’expérience a prouvé qu’il ne s’agit pas seulement d’injecter de l’argent pour assurer le développement durable de l’agriculture. Cela dit, les efforts consentis dans le passé ne doivent pas pour autant rester vain. La poursuite de l’effort de développement est donc un impératif qu’il ne faut, pour une quelconque raison, abandonner. Lyazid Khaber




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