B.B.Arreridj - TOURISME


Ath Khiar
Le touriste le plus exigeant donnerait cher pour pouvoir siroter un thé à la menthe ou manger un couscous sur ce site en admirant le paysage magnifique qui se déroule sous ses pieds.

À Ath Khiar, on ne trouve plus que quelques ruines défiant encore le temps, le village ayant été abandonné depuis bien longtemps. C’est là que s’est réalisé l’essentiel du tournage du chef-d’œuvre de Abderrahmane Bouguermouh, la Colline oubliée, tirée de l’œuvre de Mouloud Mammeri.

Le site est réellement sublime. C’est une haute montagne sur laquelle culmine un piton rocheux appelé Ikhef El Djabia. Il comprend également plusieurs belvédères avec des vues imprenables. à cette altitude, on peut admirer à loisir un paysage tourmenté de pics rocheux, de falaises abruptes et de gorges profondes. C’est le coin rêvé des poètes, s’il en existe encore, des amoureux de la nature et des bergers qui viennent faire paître leurs troupeaux sur ces alpages. On peut voir au loin le massif du Djurdjura, une grande partie de la chaîne des Bibans et le delta où se rencontrent Assif ilmayen et Assif n’Bousselam. On découvre également Adrar n’Ath Aïdel, Tamokra, Aguemoun, Tachouaft, Tansaout, Bouhamza, l’arch Idjissen et une avalanche de petits villages accrochés à leurs montagnes. Le Bousselam, rivière qui prend sa source dans les hauts plateaux sétifiens, serpente au milieu de gorges étroites. On l’entend à plus de mille mètres sous nos pieds gronder du fait des dernières pluies. Sans aucun doute, le touriste le plus exigeant donnerait cher pour pouvoir siroter un thé à la menthe ou manger un couscous sur ce site en admirant le paysage magnifique qui se déroule sous ses pieds.

Village au décor de film

Assurément, il y a ici des potentialités de développement touristique insoupçonnables. Rafistolé, le village pourrait servir de résidence aux touristes en mal d’exotisme et d’authenticité tout en relançant l’activité artisanale et économique de la région. Il pourrait aussi servir de décor aux films d’époque comme il l’a déjà fait par le passé. Au détour d’une haie de cactus, nous rencontrons Lahcène à la recherche de ses bêtes égarées. Il a 28 ans mais on lui donnerait aisément dix ans de plus. Fellah par contrainte plutôt que par vocation, il vit d’expédients qui lui permettent de tenir le coup. à la saison des labours, avec la paire de bœufs qui constituent sa seule richesse, il va creuser des sillons sur des pentes abruptes pour quelques maigres sous, mais les gens font de moins en moins appel à ses services. La terre ne nourrit plus ses hommes. "Ici, c’est la mort lente", dit-il avec un soupir résigné. Ils se font rares ceux qui s’échinent encore à tirer leur subsistance de cette terre ingrate. Da’ Mahmoud est de ceux-là. à 75 ans passés, il bêche encore amoureusement ses figuiers. Tout en sarclant autour d’un arbre, il nous raconte ce qu’il sait de son village. Tout en haut du pic rocheux appelé Ikhef El Djabia existe encore un endroit nommé El Vir Iroumiyen. C’est le puits des Romains et non celui des Français car on confond souvent les uns et les autres étant donné que lorsque ces derniers ont débarqué en Algérie on les a aussitôt affublés du nom de roumi. On croyait les Romains revenus, un chapelet de siècles après leur départ. Ce puits des Romains est une petite clairière avec des traces très anciennes de construction. Il paraît que lorsqu’on pose son oreille sur la dalle de schiste que l’on aperçoit en surface, à la manière d’un Indien guettant le train, on entend le bruit de l’eau qui coule. Nous avons tendu l’oreille à l’affût du moindre bruit de clapotis, en vain. Le vent était trop fort. La région de Beni Maouche est habitée depuis des temps immémoriaux comme tout le pays d’ailleurs. Bien des envahisseurs sont passés par là mais ils n’ont en général fait que traverser ces terres farouchement défendues par ses hommes. Da’ Mohand Ameziane, qui va sur ses 76 ans, et que nous avons rencontré dans un café à Trouna, nous dit qu’il existe à Hebouna, un champ en friche, un ossuaire turc.

Des souvenirs jamais disparus

À l’époque ottomane, un jour, des Turcs sont arrivés jusqu’ici. On les a accueillis à coups de fusil. Ahcène Vous Tessdhalt, appelé ainsi car il portait sur la tête un seau en guise de casque, a été le premier à ouvrir le feu. Il nous apprend également que la route de Tunis passait par là alors que la route actuelle a été ouverte en 1942. Da’ Mohand, qui a connu l’époque du bernous et des irkassen, les sandales en lanières de cuir, nous dit que la région a toujours été à vocation agricole. Il ne se rappelle que d’une seule industrie, celle de la fabrication des pressoirs à bois pour les huileries traditionnelles. "Je me souviens d’un vieux qui les fabriquait avec une dextérité étonnante. Il avait trente burins de différents calibres. Deux à trois coups et il reposait le burin pour qu’il ne chauffe pas et déforme le bois." Da’ Mohand égrène encore ses souvenirs d’une époque à jamais disparue. Celle où les valeurs n’étaient assurément pas celles d’aujourd’hui. Il tient à conclure la discussion par un poème ancien : "Ezzaïm yetsadjed ezzaîm, znadh daymen ar thamass, El karim yetsadjad el karim, thaqvaylith thezgga fellas, wine yevghane adimag d’ab’him, ed leghvare ara âbine fellas". En voici une traduction approximative : le zaïm enfante le zaïm, le fusil toujours à ses côtés, le preux enfante le preux n’oubliant jamais ses valeurs kabyles, quant au sot qui veut persister dans son ignorance, un jour, on transportera du fumier sur son dos.

Le site d’Ath Khiar, nous a-t-on dit, a été découvert par un berger il y a bien longtemps. Il offre deux voies d’accès et la possibilité de se défendre facilement, chose qui n’était pas négligeable en ces temps reculés de guerres fréquentes. Il a été abandonné après la guerre d’indépendance lorsque les villageois ont été déportés par les autorités coloniales vers Ath Imaouche et Letnayene. Seul un couple de vieux y a vécu jusqu’à sa mort vers 1993. Depuis, le village est devenu un terrain de jeux pour les enfants jusqu’à l’arrivée du cinéaste Abderrahmane Bouguermouh qui a passé de longs mois à sa réfection pour les besoins du film évoqué plus haut. Les lampions de la fièvre cinématographique éteints, le village est retombé dans l’oubli et la décrépitude. Il est redevenu une colline oubliée.






Merci Hamid KHAMIS Egalement je suis né le 30/09/1950 à EL DJABIA (ath khiar)de la tribue Ith Lembarek, je souhaite une bonne considération pour ce merveilleux village.
LAMANI Mohand Amokrane - Retraité - Alger El Madania, Algérie

25/11/2010 - 8633

Commentaires

Permettez moi de me présenter, je suis originaire de veilla djabia beni khiar (ath khiar), c'est un village qui a donné des martyrs comme tous les autres villages,mais malheureusement nos gouverneurs ne s'intéressent aux villages de la kabylies, il est totalement abandonnés les jeunes en chômage, les infrastructures inexistantes, le gaz de ville ce n'est pas demain la veille, et portant c'est un village qui a une histoire lointaine, notre héros (Amirouche) est passé par là, et à quelques kilomètres la ville natale de commandant SI HEMIMI, toute les façons je suis fière d'appartenir à ce village et à la tribu (ith amara).
KHAMIS HAMID - fonctionnaire - bir mourad raid
20/06/2008 - 1501

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