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Abdelouaheb Mekhalfia. Vice-président de l’APC d’El Mehir «Ces carrières échappent à tout contrôle»




Abdelouaheb Mekhalfia. Vice-président de l’APC d’El Mehir «Ces carrières échappent à tout contrôle»




- La population de votre commune se plaint des nuisances générées par les carrières qui sont installées dans la région. Comment jugez-vous l’activité de ces carrières?

Cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est une situation qui dure depuis une quinzaine d’années. C’est vrai que ces carrières ont créé des emplois, donc, à la base, c’est censé être bénéfique pour nous. Mais cela est en train de se retourner en malédiction pour notre région. Tout le monde est affecté par les poussières qui émanent de ces carrières.

- Combien y a-t-il de carrières qui activent dans votre commune?

Autour de cette montagne qu’on appelle Kef Azrou, il y a cinq carrières en activité. Et il y a deux autres carrières qui exploitent un autre gisement. Pour résumer, disons que toute la commune est cernée par les carrières d’agrégats, si bien que nous souffrons le martyre. Toute la population de la région est touchée peu ou prou par cette pollution. Dieu sait ce que ces poussières engendreront comme effets nocifs pour la santé de nos enfants dans les prochaines années. Il y a déjà des allergies qui sont apparues et, avec le temps, ces effets risquent de s’aggraver.

- Quelles sont les dispositions qui vous paraissent les plus adéquates pour endiguer ces nuisances?

Normalement, ces carrières doivent se doter de filtres. Elles se doivent de mobiliser tous les moyens susceptibles d’atténuer ces effets. Il faut tout simplement appliquer la loi en vigueur (la loi minière, ndlr). Avant de se lancer dans une telle activité, il y a des règles à observer. Il y a un cahier des charges à respecter. Et s’ils ne le font pas, pour moi, la santé d’un citoyen de la commune d’El Mehir passe avant les dividendes économiques qui proviennent de ces carrières.

- Qu’en est-il du contrôle de ces carrières?

Le contrôle est absent. Les responsables de ces carrières sont eux-mêmes absents du site, ils viennent une ou deux fois par semaine. Peut-être que s’ils passaient une journée entière sur place, ils ne supporteraient pas de telles conditions. L’absence des responsables de ces carrières sur le terrain fait qu’on ne trouve pas à qui parler. Nous leur avons adressé des courriers à plusieurs reprises. Quand on les convoque à l’APC, ils se montrent à l’écoute et acquiescent aux doléances des citoyens. Mais dès la levée de la réunion, la hayata li man tounadi (il n’y pas de répondant). Nous avons tenu une réunion récemment et établi un PV. Ils se sont engagés à procéder à l’arrosage prescrit pour l’abattage des poussières et à bitumer la route qui mène à la carrière. Il faut noter que la poussière provoquée par le cortège des camions est plus importante que celle qui se dégage de la carrière elle-même. Jusqu’à présent, on n’a rien vu.

J’espère que les responsables, tant au niveau local que national, prendront acte de cette situation. Les gens vivent l’enfer ici. Tu trimes toute la journée, et le soir, quand tu rentres chez toi, au lieu de te reposer ou de sortir te promener avec tes enfants, tu t’enfermes chez toi en barricadant portes et fenêtres. Nous avons pourtant de beaux paysages, mais à cause de ces carrières, on ne peut plus en profiter. En plus, avec le développement mécanique, ça travaille à un rythme industriel, ce n’est plus la petite carrière discrète d’autrefois. Et comme ils sont cinq sur ce flanc (Kef Azrou), chacun rejette la faute sur l’autre et chacun te dit ce n’est pas moi, c’est l’autre. Je résumerai donc la raison de ce calvaire en disant que le fond du problème, c’est l’absence de surveillance. Ces carrières échappent à tout contrôle. Nous sommes confrontés à une véritable catastrophe. Et ce n’est pas près de se terminer. Nous finirons tous par disparaître et la montagne sera encore là.

Mustapha Benfodil






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