Blida - Divers Monuments et Lieux Historiques

Patrimoine architectural à Blida: Des bâtisses historiques en péril



Patrimoine architectural à Blida:  Des bâtisses historiques en péril




Des universitaires ont proposés aux autorités locales de lancer un projet pour réhabiliter le patrimoine bâti de la ville des Roses. Jour après jour, le patrimoine matériel et immatériel se meurt à Blida.

S’il est vrai que ce dernier fait toujours l’objet de controverses en ce qui concerne la définition des valeurs patrimoniales, il est temps aussi de limiter les tentations tentaculaires de consommation de l’espace, sous prétexte de la modernisation des villes, villages… Il faut classer les bâtisses anciennes pour les protéger d’une démolition en cas de vente.

C’est avec ce lourd réquisitoire que M. Foufa, président de l’Ordre des architectes de la wilaya de Blida, est intervenu lors de la clôture des «Lundis du patrimoine» tenus sous le thème: «Sauvegarder le patrimoine matériel et immatériel de la ville de Blida», organisé par l’Institut d’architecture de l’université Blida1.

Pour Mokdad Khemici, universitaire, économiste de formation, le patrimoine matériel de l’ancienne Blida est en danger. «50% ou plus du patrimoine des douirete, ancien quartier de Blida, est défiguré. Il est remplacé par des mastodontes cubiques sans âme, sans aucun charme architectural, appartenant à une nouvelle classe de riches», a-t-il déclaré, désolé.

Au-delà des appétits gloutons d’une classe de nouveaux riches qui s’accaparent les espaces à tort et à travers, l’autre fléau qui défigure au quotidien l’environnement citadin à Blida est le marché informel.

«Inimaginable, mais vrai. Presque la totalité des trottoirs de la ville de Blida sont squattés par des commerçants sans scrupules, qui vous obligent à disputer le pavé goudronné réservé aux voitures. Se promener dans une ville, cela doit se faire d’une manière aisée, sentir les odeurs, s’épanouir, se changer des idées… Mais le commerce informel a accaparé cet espace d’une manière presque définitive. Ajouté à cela, il n’ y a pas de grands jardins, musées, forums pour rééquilibrer cette atmosphère étouffante», constate au quotidien M. Zerarka, porteur d’un master architecture et projet urbain au niveau de l’Institut d’architecture, à l’université Blida1.

Tout a commencé dans les années 1940

Contrairement aux idées reçues, le mal en matière d’aménagement de la ville de Blida a débuté bien avant les dernières décennies, à l’ère coloniale, dans les années 1940.

Selon Mme Hadji, enseignante-chercheure à l’université de Blida, le mouvement de densification du tissu urbain de la ville de Blida a commencé dans ces années-là et a continué à ce jour, car la ville de Blida a toujours constitué un pôle d’attraction.

Au-delà du phénomène destructeur de cette consommation des espaces et la mise à mort du patrimoine, la ville de Blida souffre toujours d’une absence de protection juridique minimale de son patrimoine matériel et immatériel.

«Pour que les anciens sites à valeur patrimoniale prouvée soient sauvegardés, selon l’instruction, 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel, il faut nécessairement sauvegarder et classer les secteurs relevant du patrimoine. Ensuite, il faut produire l’étude relative au plan de protection et de la mise en valeur du secteur sauvegardé. Il y a là une vraie opportunité de partenariat entre le ministère de la Culture et l’université pour répondre à l’obligation de protéger ce patrimoine», explique Mourad Bouteflika, directeur du patrimoine au ministère de la Culture.

«Il faut-il préciser, a insisté Mme Foufa Amina, directrice de l’Institut d’architecture, que nous avons voulu élaborer un plan de sauvegarde aussi élargi soit-il vers les contours extérieurs de la ville de Blida. Mais la délimitation a été décidée intra-muros, comprometant ainsi d’autres sites collés à la ville de Blida et qui font partie de son identité».

Formation universitaire insuffisante

Au-delà des considérations techniques et réglementaires, selon l’avis de plus d’un, l’université doit s’épanouir davantage dans les formations utiles pour répondre aux attentes de sa société.

«En termes de formation universitaire, il y a une vraie incapacité de répondre à la demande socio-économique. Dans le domaine des musées, il existe un vide énorme. Si vous demandez un muséologue par exemple, vous n’en trouverez pas, parce que tout simplement l’université ne forme pas de muséologues. Même chose pour ceux qui sont chargés de ravaler les façades», a indiqué le représentant du ministère de la Culture.

Dans le même sillage, le docteur Saïd Mohamed, de l’Institut d’architecture, Blida1 enchaîne: «Un ingénieur en génie civil, formé en béton armé, ne peut pas donner un avis sur une structure en maçonnerie. Il ne peut pas calculer un mur porteur. C’est une mauvaise interférence entre les divers acteurs: qui doit faire quoi, quand et comment? Nous sommes en train de la vivre au niveau du Bastion 23 d’Alger, où nous sommes régulièrement obligés de faire des replâtrages.»

Les propositions de l’université de Blida

L’Institut d’architecture a proposé d’offrir ses services, à titre gracieux, aux autorités locales afin de mener, à titre d’expérience et de collaboration, un projet de réhabilitation du patrimoine bâti dans le vieux tissu de Blida.

«Pour l’exemple, au cours de cette année universitaire, plusieurs propositions de classement de sites patrimoniaux ont été préparés par les étudiants du master «Architecture et Patrimoine» et seront déposés au niveau des différentes directions de la culture, ainsi qu’au niveau du ministère de la Culture», affirme la directrice de l’Institut d’architecture de Blida.

Elle précise que ces dossiers sont les premiers travaux qui rentrent dans le cadre de la production de la connaissance de notre patrimoine et qui permettront de démarrer les projets de réhabilitation.

De son côté, le directeur de l’architecture au niveau du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, en l’occurrence M. Hamouche, a fait savoir que le CTC n’est pas spécialisé dans la prise en charge du patrimoine matériel, comme le pensent plus d’un.

«C’est à l’université de former des spécialistes dans ce domaine. Je précise toutefois qu’il n’existe pas encore d’instruments codifiés délimitant les responsabilités de tout un chacun dans la gestion du patrimoine à valeur historique», conclut-il.

* Photo: Le monument Bab Dzaïr tombe en ruine, devant l’indifférence totale des responsables locaux.

Mohamed Abdelli




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