Blida - 01- Généralités




altitude 1550 m - à 70 km d'Alger et 19 km de Blida
Chréa, jusqu'en 1956, dépendait de Blida qui en avait fait une station climatique, à 70 km d'Alger. Commune de plein exercice à cette date, elle était reliée à Blida par une route de 18 km, pour un dénivelé de 1200 m, certaines pentes ayant 14 % d'inclinaison.



On voudra bien trouver ici la presque totalité d'une brochure écrite par Monsieur Raymond Darnatigues, ancien de Blida et de Chréa ; il souhaite qu'y prennent plaisir les Anciens d'Alger, de Blida et des villages de la Mitidja, habitués de ces lieux. Cet Atlas Blidéen est un véritable balcon sur la riche plaine de la Mitidja et on y a vue jusque sur la Méditerranée.
Cette route serpente dans une zone de reboisement, avant de pénétrer dans une superbe forêt de cèdres qui couvre tout le sommet de l'Atlas Blidéen. 35 ou 36 virages en épingles à cheveux et près de 800 courbes en font un parcours idéal pour les courses de motos et autos organisées par les Clubs de Blida et Boufarik. Le record de la montée en toutes catégories a été établi par Dominique Ponsetti en 14'31 (Moto club d'Alger). Un sentier muletier menait aussi de Blida à Chréa, long de 7 km ; lors des fêtes de Chréa, des courses pédestres étaient organisées entre les deux cités ; record de la montée établi par un jeune musulman, 1 h 4' ; le vétéran, M. Astingo, 70 ans, a mis 2 h 20 ; temps moyen des randonneurs, 2 h 30 à 3 h.

La forêt de cèdres couvrait alors environ 3000 hectares, et s'étendait par reboisement naturel vers l'E. de la chaîne dont l'altitude moyenne est de 1450-1500 m. Il n'y a pratiquement pas de sous-bois sous les cèdres. C'était un véritable régal des yeux que de voir ces parterres de pensées, violettes, tulipes et eeillets sauvages. Ensuite venait l'époque des orchidées, et, à l'automne, les champignons : cèpes, morilles, coulemelle... Et quel spectacle la vue sur la plaine de la Mitidja ! Par beau temps, on apercevait au-delà des collines du Sahel, sur la mer, de petites taches qui avançaient : les bateaux quittant ou joignant Alger, dont nous distinguions les hauteurs : Bouzaréah, El Biar, Kouba... A nos pieds, la plaine de la Mitidja, avec toutes ses routes, ses canaux, le quadrillage de ses cultures qui en faisaient un gigantesque échiquier multicolore de 70 km de long sur 25 de large. Nous aimions, le soir, admirer la plaine qui s'animait de milliers de feux-follets, depuis le Chenoua jusqu'à Alger.
Le ski-club : Toutes les administrations, quelques cités de la plaine possédaient des maisons de vacances à Chrea,la plus importante étant l'Aérium de la ville d'Alger ; il accueillait 300 ou 350 enfants de toutes confessions, nécessiteux pour la plupart ; cet établissement assurait, en plus des soins, la scolarisation de ces enfants en 8 classes qui fonctionnaient toute l'année. Le dernier maire fut M. Albert Naud. Évidemment, Chréa est une création française (on estime à 1000 habitants pour Blida en 1830 et 100.000 en 1962).

Les territoires des douars de GHELLALE et de FEROUKRA, alors sous administration militaire, sont par décision du Conseil général en 1873, rattachés à la commune de BLIDA administrée alors par M. DE TONNAC, Maire, PAGES, adjoint, et les conseillers municipaux TRINITE, SIMOUNEAU, BENICHOU, Robert COMBREDET, Mohamed Hadj BEN AMEUR, Boualem BEN DALI, Hamed BEN AHMED, Ahmed BEN KAID AMAR, Belkacem BEN SIDI EL KEBIR.
Par décret du 3 décembre 1875, le territoire des SIDI EL KEBIR et des SIDI FODHIL sont rattachés définitivement, confirmant ainsi le décret provisoire de 1871.
Le territoire de SIDI FODHIL a une superficie de 5238 hectares dont 4999 arch ou melk.
Le territoire de SIDI EL KEBIR, 1925 hectares dont 3509 arch ou melk.
La population kabyle est représentée par 8 Cheiks, 18 Membres de Djemâa et 26 notables soit 52 personnes.
Le koudiat CHREA et le col du même nom figurent pour la première fois sur un document officiel : la carte d'Etat Major de 1900. Situés sur le territoire des BENI SALAH, ce nom de lieu n'est pas cité par le Colonel TRUMELET dans la relation de son excursion en 1863, à travers cette région ; il indique cependant, tous les douars et ravins entourant ce lieu dans une ample description, sans jamais le citer. En 1899, l'abbé BONFILS, professeur au Collège St-CHARLES DE BLIDA, célèbre une messe au Koudiat FORTASSA lors de l'érection de la croix dite CROIX des PERES BLANCS et ceci disait-on, pour commémorer le sacrifice de 2 cantonniers de la ville, perdus dans une tempête de neige, alors qu'ils tentaient de secourir une section de tirailleurs qui s'était égarée dans ce massif au relief très accidenté et aux ravins abrupts. Leurs corps furent retrouvés quelques jours plus tard, à la fonte des neiges ; d'après les souvenirs de vieux blidéens, l'âne qui transportait les vivres a été retrouvé vivant, à quelques mètres des corps des deux disparus : la chaleur dégagée par son corps ayant fait fondre la neige tout autour de lui, formant un igloo, ce qui lui avait permis de survivre. Bien plus tard, lorsque la route fut construite, le virage au fort pourcentage situé près du lieu de cette tragédie a été dit: Virage de la Croix.
Lors des hivers très rigoureux, il se formait à cet endroit des congères importantes (4 mètres en hiver 44-45). Le nom lui-même est l'objet de plusieurs interprétations. D'aucun lui attribuant une étymologie différente Beaucoup disent QREA, c'est une erreur ; les Kabyles le prononcent en détachant bien les lettres C et H ce qui peut se traduire par : le toit, le col, la coupure, la terrasse ; ou encore Cherâa, sorte de petite construction polygonale élevée habituellement d'un mètre au-dessus du sol et dans laquelle a été laissé un passage pour y pénétrer. La Cherâa est souvent un mekam (petite kouba très plate et lieu de prières et sert surtout à la prière individuelle d'après le Colonel TRUMELET).


Par une note du préfet d'Alger il a été retenu l'opinion suivante Chréa signifie : Lieu où l'on rend la justice.
En effet, pendant l'occupation turque, les cadis de Blida se déplaçaient périodiquement et venaient à cet endroit pour rendre la justice aux indigènes des Beni Salah qui occupaient l'Atlas Blidéen. C'était avant la lettre, les audiences foraines de cette époque. Divers arabisants ont cherché et indiqué de nombreuses autres étymologies, mais j'estime qu'il faut s'en tenir à l'explication des indigènes eux-mêmes (Archives).
On ne retrouve guère de renseignements sur la période allant de 1900 à 1910. Les chasseurs y tuaient encore quelques panthères. Du temps des romains, cette région fournissaient les bêtes sauvages que les gladiateurs combattaient dans les arènes. Les lions de l'Atlas étaient réputés comme étant plus sauvages et féroces que tous autres. Au cours de son récit, le Colonel Trumelet rapporte les déclarations des anciens salhis, sur les moyens employés pour capturer les lions. Peu après le début de la conquête, le Lieutenant Gérard a abattu quelques-uns de ces fauves au cours de ses chasses. On pouvait à une époque récente, visiter dans les Gorges de La Chiffa la grotte aux lions, lieu de ses exploits.
L'installation de la redoute de Tala Zit en 1840 a permis à quelques européens téméraires d'exploiter des glacières (meneur et teldj) près des sommets dans des prairies très enneigées l'hiver. Monsieur Delavigne en 1843 a occupé l'ancienne redoute de Djemaaed-Draa. En 1850-1855 Monsieur Laval exploite des glacières sur le territoire des Kerrachs appelées pendant longtemps les glacières Laval. Il a créé ensuite une cédraie et une Châtaigneraie devenues depuis très belles, un hôtel réputé repris par la suite par Monsieur Castan (en 1945 cet établissement sera acheté par la ville de Boufarik qui a installé une colonie de vacances : le Petit Boufarik à la Montagne...)
Le long du sentier qui menait des Glacières à Chréa, on pouvait voir encore les bases de ces glacières creusées dans le sol. Dès les premières chaleurs dans la plaine, 4 tonnes de cette glace étaient transportées chaque jour, à dos de mulets à Blida et jusqu'à Alger par d'autres moyens.
MM. Castan, Reynaud Séraphin, Girbes Alfred, le Père Girard, M. Giordano qui a capté la petite source du Ravin Bleu qui porte son nom, M. Bresson dont le nom a été donné à une place boisée où se trouve le Chameau, MM. Bouchon, Davidou, Jover, Mans, Rouquette. Les Docteurs Yung, Granger et bien d'autres sont des pionniers qui ont parcouru tout ce massif montagneux et contribué à son renom. En 1911, pour éviter des constructions sans plan d'ensemble et le déboisement, le Conseil municipal de Blida décide de créer une station estivale dans cette partie de l'Atlas Blidéen. En 1913, la forêt est déclarée Parc National de Chréa, confirmé par arrêté gouvernemental du 3 septembre 1925. En 1946, la ville de Blida demande à Monsieur Socart, architecte du Gouvernement Général, d'établir un projet d'extension de Chréa. Ce projet est jugé trop ambitieux par les élus de l'époque, car il prévoyait II quartiers occupant les koudiats et séparés par les cols.
La loi de réforme communale de 1956, fait de Chréa une nouvelle commune distincte de Blida qui est amputée d'une partie des territoires des Sidi Fodhil, des Beni Salah, des Ghellaie, des Ferroukra et des Bena Messaoud. La nouvelle commune avait ainsi une superficie d'environ 10.000 hectares et une population (évaluée avant les événements) de 6 ou 7.000 habitants pour la plupart en Douars. Lors de notre départ, du fait des regroupements en plaine, la population de Chréa s'élevait à 1.000-1.200 habitants. Pendant 3 ans, une commission municipale gère la commune : elle était présidée, dans un premier temps par Gustave Faure, ensuite par Albert Naud qui est élu maire lors des élections de juin 1959. La nouvelle municipalité comprend 13 membres dont 8 musulmans et 5 européens liés par une vieille amitié et le désir de faire de ce village une des plus belles stations estivales et la première station hivernale d'Algérie.

Tiré de l'ouvrage du Père Roger Duvollet :"Souvenirs et soupirs d'Algérie et du Sahara."Tome XV, avec son aimable autorisation.



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