Biskra - Sidi Okba

Phœniciculture à Biskra: Boufaroua inquiète les agriculteurs de Sidi Okba


Phœniciculture à Biskra:  Boufaroua inquiète les agriculteurs de Sidi Okba




Comme chaque année en pareille saison, où les dattes se forment et prennent graduellement une couleur verte et brillante, apparait malheureusement le redoutable Boufaroua, premier parasite du palmier dattier de la famille des arachnides, tissant une toile grisâtre autour du fruit, et le Myeloïs appelé dans la langue vernaculaire «soussa», pouvant gâter en quelques semaines la récolte de toute une palmeraie si celle-ci n’est pas traitée contre ces insectes ravageurs.

C’est pour cette raison que des producteurs de dattes de la daïra de Sidi Okba, incluant la commune éponyme, celles de Guarta, Seriana, Thouda et Chetma, lesquelles sont riches d’un patrimoine phœnicicole estimé à quelque 380.000 palmiers, essentiellement de Ghers, Degla Baidha, Deglet Nour et différentes autres variétés, lancent un cri d’alarme et prévoient une catastrophe tant «le Boufaroua identifié un peu partout se propage à toutes les exploitations agricoles de la région en mettant en péril essentiellement la production de dattes sur laquelle repose un pan important de l’économie local et du pays», soulignent-ils à l’unisson en pointant du doigt l’Institut national de protection des végétaux (INPV) qui n’aurait pas effectué, selon eux, les opérations phytosanitaires nécessaires pour les prémunir contre ces parasites bien connus des producteurs de dattes de la wilaya de Biskra.

Brossant un sombre tableau, où des régimes entiers de dattes seraient attaqués irrémédiablement par Boufaraoua et où leur avenir serait sérieusement hypothéqué par la perte de leur production de dattes, ceux-ci demandent une intervention phytosanitaire urgente et ciblée de l’INPV afin de sauver la saison.

«Malgré leur importance dans le secteur de la production agricole et particulièrement dans celui de la production de dattes, les Zibans-Est souffrent d’un manque de considération par rapport aux Zibans-Ouest, dont Tolga est le joyau incontesté. L’INPV a traité seulement 44.000 palmiers contre le Boufaroua, soit 22.000 par poudrage et 22.000 par épandage d’un produit liquide, alors que les superficies à décontaminer sont beaucoup plus larges. Beaucoup de fellahs se disent inexplicablement omis du programme de lutte contre les parasites du palmier dattier initié annuellement par l’INPV. Ils espèrent être parmi les bénéficiaires de son dispositif pour la lutte contre le Myeloïs, qui débute avec le jaunissement imminent des dattes signifiant une augmentation du taux de sucre propice au développement de ce papillon minuscule se nourrissant du suc de la datte et y déposant ses larves», précise Lakhdar Chaïboub, président de la coopérative de gestion des eaux du barrage de Foum El Guerza et porte-parole des phœniciculteurs de Sidi Okba, fortement inquiétés par la présence de plus en plus visible du Boufaroua sur leurs palmiers.

Slimane Nadji, directeur de l’INPV, rappelle de son côté que cet organisme public dépendant du ministère de l’Agriculture apporte seulement une aide à la lutte contre les parasites touchant les plantations et que son action ne peut être ni systématique ni généralisée à toutes les exploitations agricoles, dont l’aménagement, l’entretien et le traitement contre tous les périls est du ressort exclusif des propriétaires.

«Pour la saison en cours, l’Etat nous a octroyé une enveloppe budgétaire de 85.175.600 DA au chapitre de la lutte contre le Boufaroua et le Myeloïs pour toutes les wilayas phœnicicoles. De par son importance dans le secteur de la production de dattes et notamment de l’excellente Deglet Nour, Biskra, où croissent désormais presque 5 millions de palmiers dattiers producteurs, a eu la part du lion», explique-t-il.

L’INPV SE DEFEND

A Biskra, 322.200 palmiers ont été traités par les techniciens de l’INPV contre le Boufaroua, 200.000 l’ont été par des entreprises privées soumissionnaires et 150.000 autres ont été traités par les agriculteurs, eux-mêmes, auxquels on a donné les produits biologiques utilisés depuis deux ans. Le choix des sites agricoles à traiter est défini par la direction de l’agriculture, qui reçoit les alertes des producteurs de dattes s’adressant aux subdivisions de cette administration, a-t-on appris.

«Concernant la daïra de Sidi Okba, 55.000 palmiers y ont été traités contre le Boufaraoua. Il est vrai que certaines communes sont prioritaires de par l’importance de la qualité et de la variété de leurs dattes, qui vont être labellisées et constituer le fer de lance de l’exportation hors hydrocarbures, mais l’INPV qui a dépassé ses prévisions pour cette année, fait tout pour toucher, en coordination avec la direction de l’agriculture, toutes les régions de la wilaya avec les moyens logistiques et humains disponibles», assure notre interlocuteur, qui confie en aparté que les producteurs de dattes, par ce genre d’alerte lancées chaque année avec l’incrimination de l’INPV, ne feraient qu’éloigner le mauvais œil car «cette année la production de dattes sera excellente en qualité et en quantité au vu des conditions climatiques ayant prévalu dans la région et de l’absence de foyers importants d’infestation de Boufaroua et de Myeloïs», selon ses constatations d’expert du traitement phytosanitaire des palmiers dattiers.

A noter que le 10 août a été lancée la campagne de lutte contre le Myeloïs, avec l’utilisation pour la première fois d’un produit biologique fabriqué par une entreprise nationale.


Photo: L'INPV apporte une aide à la lutte contre les parasites touchant les plantations de palmiers dattiers

Hafedh Moussaoui

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