Béchar

Appel, démarches et solutions pour sauver le Complexe culturel et touristique




Dans le film Aâyla ki ennas de Amar Tribèche, sorti en 1990, la première chose qu'avait fait cette «famille comme les autres», après l'achat d'une voiture, c'est une virée nocturne à Riadh-El-Feth.Le spacieux complexe construit au début des années 1980, sur les hauteurs d'El Madania, avec son Maqam Echahid (sanctuaire du Martyr), visible à des kilomètres à la ronde, est le symbole de la guerre de Libération nationale. Il comporte plusieurs espaces à plusieurs niveaux dont le Bois-des-Arcades et son théâtre de verdure, le Village des artisans, ainsi que le Centre des arts, avec ses salles de spectacles, ses galeries d'art, ses librairies, ses magasins, etc.
L'Esplanade avait abrité de mémorables festivals et galas non-stop. Il y a aussi l'espace restaurants et cafés, le Musée national du moudjahid et le Musée central de l'armée.
«Le Monument» était une destination de choix pour les Algérois, les visiteurs de la capitale et les touristes étrangers. Aujourd'hui, malheureusement, tout a changé. Une association veut réhabiliter le complexe. Elle lance un appel aux autorités du pays et propose des solutions.
Il y a quelques mois, l'Association des concessionnaires de Riad-El-Feth (Acoref) a vu le jour. Aujourd'hui, elle compte plus de 70 adhérents et 18 membres fondateurs, entre le Centre des arts et le Bois-des-Arcades. Ses principaux fondateurs sont le président Lotfi Betaimi, le vice-président Mouloud Defnoun, le propriétaire de la librairie la Plume des Arts, ainsi que Ben Medjdoub Mustapha, secrétaire général de l'association. L'objectif de l'Acoref est, dans un premier temps, de revaloriser le Centre Riad-El-Feth afin de lui donner une meilleure image.
«Notre objectif est de travailler en collaboration avec l'administration de l'Oref, pour mener au mieux et à bien toutes les actions nécessaires à sa revalorisation. Nous aimerions aussi ?uvrer dans des actions caritatives», confie Lotfi Betaimi, le président de l'association.
Le constat des lieux fait par l'association est loin d'être reluisant. Ainsi, selon ce constat, le centre est en pleine décadence, que ce soit sur le plan de l'infrastructure, ou sur celui des espaces dédiés à l'art et à la culture.
«Les étrangers, qui viennent le visiter, repartent avec des images négatives de notre pays. C'est tout à fait normal lorsque l'on voit l'état de délabrement total, que ce soit du centre, (les sanitaires), ainsi que le Bois-des- Arcades», précise le président de l'association. «Nos dirigeants sont manifestement en train de bafouer l'image de l'Algérie simplement en abandonnant ce lieu», déplore-t-il. Lotfi Betaimi estime, par ailleurs, qu'il est impossible de parler de tourisme s'il n'y a pas de culture touristique, une notion inexistante chez nous.
«Il faut que les Algériens prennent conscience de notre culture d'abord», fait-il remarquer.
La pandémie de coronavirus qui sévit depuis le début de l'année 2020 a rendu la situation pire. Ainsi, la fermeture temporaire de trois mois du Centre Riad-El-Feth, par ordre du gouvernement, a aggravé les choses. Malgré la modeste reprise des activités culturelles, les locataires du Centre Riadh-El-Feth sont au bord de la faillite, du moins pour ceux qui sont encore ouverts (ou semi-ouverts).
Le centre, à l'origine, comptait pas moins de 120 locaux. Mais sur les 80 attribués, seule la moitié d'entre eux exerce encore une activité. Ainsi, seulement environ 30% du centre est toujours en activité. Mais même ceux qui exercent sont dans une phase de survie et la plupart des concessionnaires (ou les locataires) sont dans l'incapacité de payer leur loyer.
Le président de l'Acoref explique qu'après plusieurs réunions avec Farida Tahrat, la nouvelle directrice de l'Office Riadh-El-Feth (Oref), «qui vient tout de même avec une bonne volonté», mais aussi après plusieurs lettres de doléances envoyées au ministère de la Culture ainsi qu'au Premier ministère, il n'y a pas de retour. La seule solution qui leur a été proposée pour l'instant, c'est «de rééchelonner le paiement des loyers, même si ces derniers étaient fermés», fait-il remarquer. Afin de bien entreprendre le processus de revalorisation du Centre Riad-El-Feth, l'Acoref considère qu'il est indispensable d'accorder l'importance qu'il faut à ce lieu baigné d'histoire, notamment sur la guerre de Libération nationale. Il faudrait aussi une bonne volonté partagée, que ce soit de la part de l'Oref ou des concessionnaires.
Le complexe compte une quarantaine de locaux vides non attribués et le même nombre de locaux non exploités. L'Acoref avait essayé d'avoir une estimation quant au budget nécessaire afin de remettre sur pied le centre.
«Il ne faut pas beaucoup d'argent. De plus, plusieurs concessionnaires se portent garants pour refaire, notamment, les sanitaires.» Mais il reste beaucoup à faire. Le complexe souffre de plusieurs maux comme les inondations et les infiltrations d'eau, le problème de climatisation ou l'état de délabrement avancé du Village des artisans qui empêche les artistes et les artisans de travailler dans des conditions décentes. Ceci, sans parler des visiteurs qui ont boudé depuis longtemps cet espace culturel, notamment pour des raisons de sécurité. Même la nouvelle bibliothèque pour enfants inaugurée le 15 avril dernier est fermée !
«Nous avons même fait des sit-in avec plusieurs concessionnaires au niveau du ministère de la Culture pour leur dire qu'il faut trouver des solutions. Certes, ils nous ont reçus, nous promettant de faire quelque chose. Mais à ce jour, nous attendons encore», nous a déclaré Amel Mihoub, chargée de la communication de l'association et responsable de la galerie d'art Le Paon.
L'association arrive aujourd'hui avec toute une liste de solutions «très envisageables». Parmi elles, la distribution de locaux fermés aux jeunes artistes ou artisans au talent prometteur. Pour cela, l'Acoref estime qu'il est impératif d'assouplir la procédure d'octroi des locaux qui est «obsolète et inefficace», ainsi que le respect du cahier des charges. Il faudrait aussi revoir les prix des loyers afin qu'ils soient plus «accessibles» et attirer de nouvelles enseignes. L'installation au niveau du centre d'une pharmacie ou des opérateurs de téléphonie pourrait attirer plus de public, mais aussi des ressources financières pour l'Oref.
«Nous, ce qu'on fait à travers notre démarche, c'est lancer un appel à Monsieur le président de la République afin de trouver des solutions qui puissent aider d'une part les concessionnaires qui sont dans une situation des plus difficiles, et d'autre part, tout le complexe Riadh-El-Feth car il constitue la vitrine de l'Algérie», dira-t-on en conclusion à l'Acoref.
Kader B.
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