Batna - HISTOIRE

Les Ouled Ziane Et les Saharis



Les Ouled Ziane Et les Saharis
Ces deux tribus qui appartiennent la première à AIN TOUTA, la deuxième à BARIKA,
on presque toujours été divisées par des haines terribles. Lors du soulèvement de 1916 les OuledZiane sont demeurés dans l’expectative mais le douar BITAM des Saharis a marqué un assez sérieux mouvement de révolte. Il est opportun d’en dire quelques mots, au moins pour ceux qui ont la garde de la sécurité dans l’arrondissement de BATNA.
L’importance tribu des Ouled Ziane comprend quatre Douars : GUEDDILA (4891habitants), DJEMORAH (1509 habitants), BRANIS (1794 habitants), BENI SOUIK (443 habitants), tous quatre dépendant de la commune mixte d’AIN TOUTA. Originaire du MAROC, qu’ils auraient quitté au début du 16éme siècle, les Ouled Ziane vinrent, tout d’abord, se fixer à EL ALIA (30 kilomètres au Nord de BARIKA), puis arrivèrent dans la région des Palmeraies de GUEDDILA, DJEMORAH, BENI SOUIK et BRANIS , dont ils chassèrent ou massacrèrent les habitants pour prendre leur place, vers le milieu de XVIéme siècle. Ne disposant, dans la région des palmeraies, d’aucun terrain de labour ou de parcours, les
Ouled Ziane essayèrent bientôt de s’étendre au détriment de leurs voisins. Après des luttes longues et sanglantes, ils parvinrent a acquérir à OUED TAGA (AURES) et plus tard, à DRAUH et à CHETMA, des droits de propriété que le Sénatus-consulte leur a reconnus.
La nécessité dans laquelle ils étaient de trouver, en dehors de leurs territoires arides, et brûlants l’été, des pâturages pour leurs troupeaux rapidement accrus, fit estiver les Ouled Ziane d’abord, sur les contreforts du TELL, puis dans le TELL même ; le Sénatus-consulte leur a reconnu des droits de parcours très importants : dans la commune mixte d’AIN EL KSAR, aux Douars Ouled Moussa, Ouled Si Belkheir, Ouled Si Menacer Achemer, Ouled Ammar, Ouled Makhlouf, dans la commune mixte de BARIKA, au douar BITAM et dans celle d’AIN TOUTA, au douar EL KANTARA Les Saharis.
La tribu des Saharis comprend actuellement trois Douars : BITAM(4309 habitants),EL OUTAYA (1457 habitants et EL KANTARA (3326 habitants), le premier, rattaché à la commune mixte de BARIKA, Les deux autres à celle d’AIN TOUTA. Pendant la première phase du soulèvement de 1916, le douar BITAM a fait cause commune avec les rebelles.
Le mouvement sur BARIKA ayant échoué les BITAMI qui avaient envoyé des contingents de cavaliers aux insurgés vinrent offrir leurs services pour la constitution d’un goum contre les OULED SOLTANE. Politique arabe tissée de mensonge et de duplicité. D’origine arabe pure, les Saharis Seraient venus du HEDJAZ vers le milieu du 11éme siècle, mais ne se seraient établis que bien plus tard dans la région Sud de BARIKA où ils sont actuellement fixés, et dont les Ouled Sahnoun leur ont, pendant longue temps, disputé la possession. De sanglants combats, dont le souvenir n’est pas encore effacé, furent livrés entre ces deux tribus qui restèrent ennemies. Sous les Turcs, leurs habitudes de pillage en avaient fait la terreur de leurs voisins. Les Beys de CONSTANTINE, pour consolider leur autorité dans les ZIBANE, avaient constitués les Saharis en une sorte de maghzen.
Deux grandes familles que nous étudierons eu titre des chefs indigènes, les
BOUAKKAZ et les BEN GANA se disputèrent longtemps la suprématie chez les Saharis. La recherche du pâturage d’été fut, pour les Saharis une nécessité vitale et c’est ainsi qu’il furent en compétition d’intérêt, avec les Ouled Ziane , au DAYA Causes de l’inimitié entre les Saharis et les Ouled Ziane . Une origine différente, des besoins identiques, furent les principales causes d’inimitié entre ces deux tribus, toutes deux guerrière et combatives. L’animosité s’accentua sous
l’influence des çofs. Tandis que les Saharis se rangèrent sous le bannière des Beni Gana, les Ouled Ziane prirent fait et cause pour les Bouakkaz Les chefs de partis eurent toujours soin d’entretenir, sinon d’attiser, cette inimitié, d’abord, pour flatter leur clientèle et en augmenter l’importance, puis, pour servir leurs intérêts personnels.
En 1871, les Saharis étaient réunis sous l’autorité d’un seul Caïd, SI MOHAMMED BENHENNI, du çof Bouakkaz , en résidence à EL OUTAYA ; poussés par les Ben Gana, ils assiégèrent, le 30 mars, le bordj du Caïd qui résista à l’assaut, mais ils pillèrent le caravansérail.
Dès le 3 avril suivant, une petite colonne de 1000 hommes fut formée à BATNA et dirigée sur EL OUTAYA : elle reçut l’appui d’un goum important des Ouled Ziane qui razzièrent les Saharis. Le Daya Le Sénatus-consulte fut appliqué en 1866 aux Ouled Ziane et aux Saharis ; aux premiers, il reconnut des droits de parcours au DAYA, dans le douar BITAM, la fraction la plus remuante des Saharis. Même après que se fut effacé le souvenir des évènements de 1871, la
communauté des droits des Saharis et des Ouled Ziane, sur le DAYA, resta une cause latente d’inimitié utilisée par les chefs de çofs pour les besoins de leur cause. Compris entre le Djebel AHMAR et le Djebel MEKHRIZANE, le DAYA est une sorte de haute plaine ou de cuvette d’altitude moyenne de 450 à 500 mètres, orientée sensiblement de l’Est à l’Ouest, sur les derniers contre forts de l’ATLAS. Sa largeur est d’environ 14 kilomètres, sa longueur de 20. Abrité des vents par les montagnes qui l’entourent, le DAYA fournit un excellent pâturage aux troupeaux de Sud. Cette région était primitivement réservée au parcours, mais les usagers mirent, peu à peu, quelques parcelles en culture, et, comme les années à printemps pluvieux, la récolte était abondante sur ce sol encore vierge, la pratique des labours illicites ne fit qu’augmenter d’importance. Les parcours furent réduits d’autant. Ce furent certainement les Zianis qui eurent le plus à pâtir de ce nouvel état de choses, parce qu’à cause de l’éloignement de leur village il leur était beaucoup plus difficile de labourer qu’aux BITAM, qui étaient pour ainsi dire chez eux. Cependant quelques Ouled Ziane pratiquèrent, eux aussi, des labours illicites. Mais lorsque les bergers venaient avec leurs troupeaux ils se faisaient un malin plaisir de faire manger la récolte de la tribu opposée. Il s’ensuivit de nombreuses discussions, coups de feu, vols, procès, qui ne firent qu’augmenter l’inimitié réciproque.
Les crimes de 1916
En 1916, en Mars et Mai, les Ouled Ziane et les Saharis se tuèrent chacun deux fellahs dans les circonstances suivantes : le 22 Mars, les troupeaux des Ouled Ziane ayantcommis quelques déprédations dans les récoltes provenant de labours illicites des BITAM au DAYA, les propriétaires lésés firent courir le bruit que leurs ennemis séculaires venaient de s’emparer de 1200 moutons. A cette nouvelle, un grand nombre d’indigènes des BITAM s’assemblèrent pour courir sus aux prétendus voleurs ; leur Caïd arriva à temps pour calmer les esprits ; il fit une enquête et constata qu’il n’y avait pas eu de vol, mais simplement des dégâts peu importants . A la vue des Saharis assemblées, les Ouled Ziane campés dans le DAYA, eurent peur et s’enfuirent hâtivement vers le Sud. Le bruit courut parmi les fuyards que plusieurs des leurs avaient été tués par les Saharis ; il n’en fallut pas davantage pour que, rencontrant une caravane de cinq personnes dont une femme d’EL OUTAYA (la sœur du cheikh actuel), deux hommes de M’DOUKAL et deux de BITAM, ces deux derniers furent tués par les Ouled Ziane en fuite. L’adjoint indigène de GUEDDILA dénonça, quinze jours après, douze indigènes de son douar comme ayant pris part à ce crime, mais aucune charge ne put être relevée contre les inculpés, et une ordonnance de non lieu intervint en Décembre 1916. En juin 1916, huit indigènes de GUEDDILA campaient sous deux tentes, aux environs de FONTAINE DES GAZELLES, pour y moissonner leurs récoltes. Les Saharis désireux de venger leurs morts de Mars, firent prévenir les gendarmes d’EL KANTARA que des perquisitions dans les tentes de ces indigènes seraient fructueuses. En effet, plusieurs armes furent saisies ; deux jours après, un groupe de huit Saharis tombait sur les GUEDDILA désarmés et leur tuait deux hommes qu’ils décapitaient ; les têtes des victimes furent emportées par les assaillants et n’ont pas été retrouvées, à ce jour. L’enquête à laquelle il fut procédé ne donna aucun résultat et l’affaire fut classée.
Réconciliation
Une vingtaine de jours s’étaient à peine écoulés depuis ce dernier crime, que les kebars des Saharis, jugeant sans doute l’honneur satisfait, demandèrent, par lettre, aux Ouled Ziane, qu’un accord intervint entre eux. Comme à cette époque la plupart des intéressés étaient absents de leurs Douars, l’arrangement fut remis au mois d’Octobre suivant. Les évènements du 12 novembre reléguèrent cette question au second plan ; elle ne pu être utilement reprise que fin 1916.
Après divers pourparlers entre les tribus intéressées, le Sous-Préfet de BATNA assisté des administrateurs de BARIKA et d’AIN TOUTA réunissait à EL KANTARA, le 12 janvier 1917, les notables de BITAM, DJEMORAH, GUEDDILA, BRANIS et BENI SOUIK. A cette occasion le souspréfet jeta les bases de la réconciliation en insistant sur ce fait que le Sénatus-consulte ayant reconnu d’une façon expresse des droits aux Ouled Ziane sur le DAYA, force devait reste à la loi. Cette intervention fut décisive, et le 25 janvier suivant, il y eut à M’DOUKAL une réunion des délégués des tribus intéressées. Au cours d’une diffa à laquelle assistèrent les Administrateurs- adjoints de BARIKA et de MAC MAHON, il fut décidé, qu’a l’avenir, Saharis et Ouled Ziane vivraient en bonne intelligence et pourraient fréquenter, sans aucun risque, les marchés de la région, le compte des dommages subis par chacune des parties fut que les Ouled Ziane s’engagèrent à payer, sans délai, aux Saharis. Enfin, le DAYA, objet principal du litige, était divisé en deux parties sensiblement égales, par une ligne transversale Nord- Est Sud-Ouest, la région est était réservée en totalité aux Ouled Ziane, tandis que la partie Ouest revenait, en entier, aux Saharis. Que vaut cet arrangement ? l’avenir nous le montrera. L’agha Bouaziz BEN GANA, avait, en dessous, et assurément dans un but intéressé,offert de mettre son influence au service de la réconciliation, mais son concours ne put être agréé. D’autre part, il est certain que l’autorité de l’Agha s’étend actuellement sur les Ouled Ziane parmi lesquels il s’est rallié des partisans. Et cette autorité, si elle reprenait par ailleurs des racines trop fortes chez les Saharis, pourrait bien rendre aux Ben Ganas une situation qu’il n’y a aucun intérêt, pour le moment à fortifier.

Les troubles insurrectionnels de l’ arrondissement de BATNA en 1916



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