Annaba - Associations de la société civile

«Je rêve d’un emploi pour vivre dans la dignité»



«Je rêve d’un emploi pour vivre dans la dignité»
«Je rêve d’un emploi pour vivre dans la dignité»

Les rêves de Mohamed Wissem se limitent à un seul souhait : avoir un travail ou un local qui lui permettrait de vivre dans la dignité et sortir de sa prison forcée vu son handicap dont il est atteint depuis l’âge de 20 ans.

Le jeune homme, aujourd’hui âgé de 32 ans, est cloîtré dans la cité des 1028-Logements à Annaba, endurant la servitude d’un fauteuil roulant, ce qui accentue ses souffrances. Considérant que son handicap est la volonté divine, il ne s’est jamais apitoyé sur son sort. «Je ne demande pas l’aumône, mais juste un local qui me permettrait de travailler et de me sentir capable de prendre la responsabilité de mes frères et de ma mère. Je veux tout simplement être un homme libre», déclare Wissem en toute simplicité.En effet, Ce jeune homme a fait des études. Malheureusement, il a été victime d’une maladie grave la maladie de Gaucher. Cette maladie héréditaire touche le foie, la rate, la moelle osseuse et rarement le cerveau. «J’ai souffert de cette maladie pendant trois ans, ce qui m’a poussé à abandonner mes études. Ensuite, grâce à Dieu, j’ai pu guérir et je suis revenu à la vie normale», raconte le brave jeune homme. Seulement, cette embellie n’a pas duré pour Wissem.Le divorce de ses parents a totalement bouleversé sa vie. «J’ai refait mon bac trois fois, mais je ne suis pas arrivé à l’avoir du fait de tous les problèmes qu’on avait à la maison. Le divorce de mes parents m’a perturbé. Je n’avais plus la force d’étudier», poursuit -il. Et d’enchaîner : «Après ces trois échecs, j’ai dû abandonner définitivement mes études. Je me suis laissé vaincre par le désespoir, par la solitude.» A l’âge de 20 ans, Wissem a été victime d’un grave accident de voiture, qui lui a coûté la mobilité de ses membres inférieurs. «Cette deuxième épreuve m’a choqué, mais je reste attaché à Allah le Tout-Puissant. Je suis handicapé. C’est dur de l’être, mais je l’assume. Ce n’est pas facile de dépendre des autres pour le moindre geste de la vie quotidienne : toilette, habillement, déplacement…», confie-t-il. Il faut dire qu’il n’a jamais été question pour Mohamed Wissem de «démissionner de la vie». «J’ai pu, à ma manière, créer mon monde personnel ; j’ai pu faire ainsi une formation en comptabilité et une autre en informatique, et avec ces diplômes, je souhaiterais travailler ou ouvrir un local qui me permettrait d’exercer l’activité qui me convient en tant que personne à mobilité réduite», indique-t-il. Internet, lecture, musique…la passion de WissemMohamed Wissem passe le plus clair de sa journée au sein de sa maison, dans sa chambre. S’il ne dort pas, il passe son temps à naviguer sur Internet, qui est actuellement sa seule fenêtre sur le monde, ou encore à chatter avec ses amis. Il aime aussi lire ou écouter de la bonne musique (chaâbi, malouf, gnawi …).Ce qui est impressionnant, c’est que l’on ne ressent guère chez lui la tristesse et le désespoir qui caractérisent d’habitude les personnes à mobilité réduite. Mais n’empêche que la vie n’est pas tout à fait rose pour Wissem.«Je mentirais si je vous disais que je mène une vie facile. Pas du tout ! D’ailleurs, comme toute autre personne handicapée, je rencontre plusieurs obstacles comme, par exemple, gérer la mentalité des gens, ou ceux qui me rendent la vie difficile», confie-t-il.L’inaccessibilité de l’environnement pose toujours problèmeDepuis qu’il a été victime d’un grave accident, Wissem vit entre quatre murs, enfermé dans sa coquille familiale. D’après lui, cela relève plus d’une obligation que d’un choix. «Je vis assez bien mon handicap tant que je suis chez moi car j’y retrouve mes repères. Il y a ma famille aussi. Je ressens par contre de la souffrance dès que je franchis le seuil de notre maison, car l’environnement est tellement inadapté qu’il en devient une véritable gêne. Les trottoirs sont hauts, les rampes imposées par les lois d’urbanisme sont trop gênantes et excessivement dangereuses. Il y a des escaliers partout. Les transports publics sont inaccessibles», explique Wissem, la mine triste. Il est on ne peut plus clair qu’être handicapé dans notre pays n’est guère facile, car rien n’est aménagé pour faciliter la vie à cette frange de la société. En effet, les personnes à besoins spécifiques ne jouissent pas de tous leurs droits.«Embauchez les handicapés,s’il vous plaît !»Comme tout être humain, Mohamed Wissem rêve de fonder une famille. Pour le moment, c’est difficile, car il n’a pas de travail et il n’a pas de revenu propre. Mais rien n’est impossible, car Wissem a déposé plusieurs dossiers au niveau de l’APC d’Annaba, et ce dans l’espoir de bénéficier d’un local dans le cadre des 100 locaux par commune. Dans ce contexte, nous avons pu contacter le P/APC de la commune d’Annaba, Abdallah Ben Saïd. Ce dernier nous a assuré que l’APC d’Annaba compte fournir 100 locaux pour les jeunes chômeurs, notamment les jeunes handicapés. En attendant que le P/APC tienne sa promesse, Mohamed Wissem continuera à vivre dans l’espoir d’avoir un petit local qui lui permettrait de vivre avec dignité.Lynda Louifi


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