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ARCELORMITTAL ANNABA Une entreprise dans l'œil du cyclone


Le dépôt d'une déclaration officielle de cessation de payement projetée par les responsables d'ArcelorMittal Annaba auprès du tribunal d'El Hadjar pour hier dimanche ne s'est pas effectué comme décidé, nous fait savoir un magistrat de ce tribunal contacté à la mi-journée.
Toutefois, la même source affirme qu'une délégation constituée de quatre personnes et conduite par le directeur général d'ArcelorMittal Annaba s'est effectivement déplacée audit tribunal dans la matinée du même jour pour s'enquérir de la démarche à suivre afin de procéder éventuellement au dépôt de la déclaration en question. Cette situation qui constitue un prélude au dépôt de bilan est imposée à la société, selon Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat d'entreprise. Elle est devenue obligatoire devant le refus de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) de libérer le crédit de 200 millions de dollars, précise la même source. Pour libérer ce crédit, la banque exige suffisamment de garanties, dont l'hypothèque du terrain sur lequel est édifié le complexe d'El Hadjar. Or, ce terrain est propriété du groupe étatique Sider, partenaire minoritaire dans la société ArcelorMittal Annaba. Très en colère et craignant pour le devenir des 7 000 travailleurs de la filiale algérienne du groupe du Luxembourg, Kouadria lance : «L'Etat doit trancher. Il doit débloquer le financement pour permettre au complexe d'entamer la rénovation et/ou le changement des installations obsolètes ou d'aller carrément vers une nationalisation du complexe sidérurgique d'El Hadjar.» Abdelmadjid Bouraï, président du comité de participation (CP) de l'entreprise, présent lors de notre entrevue en fin de semaine avec Kouadria, a dit à propos du haut fourneau n°2 : «Nous l'utilisons depuis plus de 12 ans alors que la norme de vie de ce type de haut fourneau est de 10 ans. Il y a risque d'explosion avec des conséquences très graves pour la vie des travailleurs, pour le matériel et pour l'environnement. Si cela se produit, il mettra l'usine à l'arrêt pour une durée de trente mois au minimum, outre l'arrêt des mines de l'Ouenza et Boukhadra qui l'approvisionnent.» Kouadria a dit à ce propos que «des rafistolages» sont exécutés sur le haut fourneau n°2 chaque fois que surgit un problème. Cela se fait au détriment de la production. Celle-ci, de l'aveu même du partenaire social, n'a pas dépassé le seuil des 580 000 tonnes pour tout l'exercice 2011. «C'est très peu», a-t-il précisé. Les exigences de la banque sont qualifiées par le DG d'ArcelorMittal Annaba, Vincent le Gouic, de «demande inattendue et qui vient en dernière minute alors que l'entreprise fait face à une obligation contractuelle de remboursement d'un crédit arrivé à terme le 3 janvier 2012». Un silence entoure, depuis mai 2011, le plan d'investissement de 500 millions d'euros destiné au complexe ArcelorMittal d'El Hadjar, et qui a reçu à l'époque un accord de principe du gouvernement après plusieurs rencontres laborieuses. «Lors du dépôt du plan d'investissement en mars 2011, nous avons reçu un écho favorable. Il y avait des signaux positifs des autorités. Nous nous sommes préparés pour la mise en route du plan dans l'immédiat, mais l'exécution est un peu plus longue que prévu», a fait savoir le Gouic qui nous a reçus en fin de semaine au siège de la DG, en présence de son directeur de la communication, Mohamed Guedha. Il estime cependant que, «dans l'immédiat, on ne peut parler de fermeture. On est sûr de trouver une solution satisfaisante dans les meilleurs délais. Les autorités de la wilaya nous ont toujours appuyés». Assurément, ces autorités, wali en tête, sont conscientes du rôle socioéconomique de l'usine dans la région. Leur soutien ne peut qu'être bénéfique pour l'emploi dans une wilaya qui a perdu durant la décennie 1990 des milliers de postes de travail du fait de la fermeture de dizaine d'entreprises, dictée par le Fonds monétaire international (FMI). Quelle que soit l'issue aux graves problèmes qu'il connaît actuellement, une chose est sûre : le complexe d'El Hadjar ne sera pas abandonné par l'Etat. C'est ce qu'a affirmé le Premier ministre Ahmed Ouyahia à la presse, à l'issue de la tenue du conseil national du Rassemblement national démocratique (RND). Il le fait pour rassurer les sidérurgistes d'El Hadjar mais aussi pour répondre aux «menaces», selon ses propres termes, brandies par le partenaire étranger relatif à la fermeture de l'usine. Ouyahia confirme aussi les propos tenus par le ministre de l'Industrie, de la Pme et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, à la Chaîne II de la Radio algérienne dans lesquels il a indiqué en substance que «le gouvernement a le devoir de soutenir toutes les activités économiques. Mais nous sommes un partenaire minoritaire dans une activité économique (celle d'ArcelorMittal, ndlr)», avant d'estimer que la BEA est «une société commerciale qui agit sur la base de dossiers. Celui d'ArcelorMittal doit offrir un minimum de garanties nécessaires, ce qu'elle peut faire» et, dans ce cas, le ministre croit que «la BEA fera le nécessaire aussi et on évitera le dépôt de bilan».
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