Annaba - Urbanisme

Algérie (Annaba) - Nouvel effondrement près de la corniche à la veille de l’été: Le wali met fin à une promotion immobilière scandaleuse à Oued Kouba


Algérie (Annaba) - Nouvel effondrement près de la corniche à la veille de l’été: Le wali met fin à une promotion immobilière scandaleuse à Oued Kouba
A Annaba, le chantier immobilier de la société Brabri Immo, situé sur le boulevard Seddik Benyahia, à Oued Kouba, aura cristallisé pendant plus d’un an toutes les dérives de la promotion immobilière sauvage.

Initialement prévue pour accueillir un espace de loisirs, la parcelle a vu surgir une tour R 14 avec trois niveaux de sous-sol, en violation flagrante du zonage urbain. L’affaire a suscité une profonde indignation chez les habitants du quartier et une mobilisation politique rare, à la tête de laquelle s’est imposé le wali d’Annaba, Abdelkader Djellaoui.

Dès les premières alertes en avril 2024, les riverains n’ont cessé de dénoncer le projet, pointant du doigt les risques que faisait peser cette construction sur la sécurité des habitants, notamment celle des élèves du CEM Babou Chérif, situé à proximité immédiate. Leur crainte s’est tragiquement confirmée le 15 décembre 2024, lorsqu’un spectaculaire affaissement de la chaussée a englouti les réseaux de gaz, d’eau et d’électricité, plongeant plusieurs quartiers dans le chaos.

Le wali a alors réagi avec fermeté, ordonnant l’arrêt des travaux et la mise en place d’une commission technique multisectorielle. Cette dernière a imposé un gel des terrassements, exigé des autorisations préalables pour toute excavation et menacé de retirer le permis de construire si la société ne remettait pas les lieux en état.

Pourtant, malgré ces avertissements et une remise en état sommaire qui n’a restauré qu’un seul sens de circulation, les travaux ont repris dans l’indifférence des mises en garde officielles. Les fissures ont persisté, la chaussée est restée instable et les riverains, excédés, ont multiplié les lettres et les appels à l’intervention.

L’affaire a pris un tournant dramatique le 10 mars dernier, avec la mort d’un jeune ouvrier subsaharien, Awal Mohamed, tombé d’une grue dans des conditions qui ont mis en lumière l’emploi de main-d’œuvre non déclarée, sans protection, ni droits. Le chantier est alors devenu le symbole d’un urbanisme hors de contrôle, mêlant insécurité, exploitation humaine et atteintes flagrantes aux règles de construction.

Le 5 juin, un nouvel effondrement a précipité la décision du wali. Abdelkader Djellaoui a convoqué une nouvelle fois la commission technique, dirigée par le secrétaire général de la wilaya et regroupant les services de l’urbanisme, du CTC, de l’hydraulique, des travaux publics, de Sonelgaz et de l’APC. Le constat est accablant: non-respect des normes de construction, destruction des infrastructures publiques, mise en danger de la vie des citoyens et refus du promoteur de réparer durablement les dégâts.

- Le wali entame l’annulation du permis de construire

Cette fois, le couperet tombe. Le wali annonce : «La suspension immédiate du permis de construire délivré par la commune à Brabri Immo, l’obligation de rétablir la route à son état initial avant le 20 juin 2025 et le lancement d’une procédure juridique irréversible en vue de l’annulation définitive du permis de construire.»

Le communiqué de la wilaya est sans ambiguïté: «L’impunité n’est plus tolérée et toutes les mesures sont prises pour restaurer la légalité urbaine et protéger la sécurité publique.»

Même l’organisme du contrôle technique des constructions (CTC) a annulé sa convention avec cet indélicat promoteur pour «non-respect des règles urbanistiques».

Cette affaire illustre les nombreux maux qui gangrènent le secteur de la construction en Algérie. Il en est ainsi des transgressions des plans d’occupation des sols (POS), failles dans le contrôle administratif, usage de main-d’œuvre clandestine et, surtout, une urbanisation menée au mépris total de l’intérêt général. Elle révèle également le coût faramineux de ces abus, avec des dégâts évalués à plusieurs milliards de dinars à la charge de la collectivité pour réparer les réseaux vitaux. Mais elle marque aussi un tournant.

En s’attaquant frontalement à un promoteur puissant et en mettant fin à une dérive tolérée trop longtemps, le wali d’Annaba envoie un message fort: désormais, la loi primera sur les passe-droits, quel que soit le nom ou l’influence du contrevenant.

«La période des dérogations est terminée. La loi s’appliquera, quelle que soit la dimension de l’entreprise», a-t-il déclaré, scellant ainsi une nouvelle ère dans la gouvernance urbaine. Le chantier de Brabri Immo, longtemps symbole d’un urbanisme dévoyé, devient aujourd’hui celui d’un réveil institutionnel.

À Annaba comme ailleurs, la rigueur et la transparence sont appelées à remplacer les complicités tacites. Une exigence citoyenne, immédiatement entendue et appliquée par le wali d’Annaba Abdelkader Djellaoui.

Photo: El Watan

M-F.Gaïdi
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)