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Zohra Drif-Bitat de Jijel


Zohra Drif-Bitat de Jijel
Une assistance nombreuse a été au rendez-vous de cette première édition du forum culturel.La venue pour la première fois à Jijel de la légende vivante Zohra Drif-Bitat, a été sans conteste un évènement pour la nombreuse assistance qui s'est donné rendez-vous ce samedi après-midi à la salle de conférence du centre islamique Cheikh Ahmed Hamani de Jijel. Cette rencontre représentait en fait, la 1ère édition du Forum Culturel initié par la direction de la culture sous la houlette de son directeur par intérim, Mohamed Cherif Bouhali.L'oratrice commencera sa conférence par sa découverte du «parler jijeli» chez les Bouhired après l'ordre donné pour qu'ils rejoignent la clandestinité. «Je suis venue à Jijel à l'occasion de la célébration des manifestations du 11 décembre 1960 pour parler des 6 années de souffrances et de morts».Elle relatera la descente des parachutistes chez les Bouhired, un certain 24 février 1957, pour mener des tortures et paraitra encore horrifiée par le fait que mêmes des gosses comme Lyes et El hadi, les jeunes frères de Djamila Bouhired, âgés respectivement de 14 et 11 ans ainsi que le fils d'une dizaine d'années de la voisine Khalti Zohra, Mohamed, n'aient pas été épargnés par la soldatesque coloniale et leurs actes abjects de tortures !Pas de victoire sans le peuplePour Zohra Drif, la sortie du peuple dans la rue en décembre 1960 a permis à la révolution de prendre le dessus sur l'armée française et le régime colonial, qui considérait les combattants comme des hors-la-loi et des prisonniers de droit commun. Pour la militante, «sans le peuple, la victoire n'aurait été au rendez-vous», et d'ajouter «qu'en toute conscience, une répression a été menée contre le peuple» qui ne pouvait supporter encore plus de morts, de disparus et de prisonniers.Elle ne manquera pas de revenir sur la terrible expression rapportée dans un livre par le colonel Antoine Argoud, un farouche partisan de l'Algérie française qui a rejoint l'OAS «la crevette Bigeard». Elle s'écriera «le port d'Alger était le cimetière des moudjahidines» en référence aux algériens arrêtés et jetés dans la mer, les pieds coulés dans le béton !La vie misérable de 90% du peuple et l'analphabétisme de 95% résumaient à eux seuls les prétendus «bienfaits de la colonisation» couverts par un système où «le colon respectait plus son chien que les algériens qui travaillaient pour lui». Le 11 décembre 1960, est la conséquence dira-t-elle des conditions dégradantes du peuple et des milliers de morts du 8 mai 1945. En somme un peuple «mort» qui criait à la face du monde «L'Indépendance ou la mort !».Raconter son expérience? pas l'histoireElle appellera à faire connaître l'Histoire car justifiera-t-elle, «on veut nous diviser en parlant d'arabe, de mozabite, de kabyle... nous sommes tous des amazighs. Je suis née à Tiaret et je retrouve à Sétif les mêmes traditions de ma région. Il faut unir le peuple pour écarter les menaces qui guettent le pays». Se défendant d'écrire l'Histoire, elle précisera qu'elle ne fait que raconter son expérience à une période précise de sa vie. «Chacun a écrit ses mémoires, chacun a ses perceptions et on peut percevoir les mêmes faits de manières différentes».A une question appelant le conseil de la nation à criminaliser le colonialisme en réponse à la loi sur les bienfaits du colonialisme du parlement français, Zohra Drif jugera que «c'est un réflexe de colonisé. Ils sont libres de glorifier le colonialisme. Notre Histoire est connue. Dès le début de l'occupation française, le colonialisme a commis des crimes comme les enfumages, les premières chambres à gaz».Et de rappeler, par ailleurs, le premier détournement d'avion, ?uvre de l'armée française le 22 octobre 1956 de l'avion marocain qui transportait des responsables du FLN. «En ce qui nous concerne, notre droit est de rester fidèle à notre histoire et faire en sorte qu'on n'oublie jamais ce qu'est de vivre sous occupation étrangère», conclura-t-elle. La fin de la conférence suivie par un débat a été l'occasion de dédicacer son livre «Mémoires d'une combattante de l'ALN, Zone autonome d'Alger.»




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