Algérie

Zéro de conduite



Le Liban affronte, cette semaine, une étape cruciale dans le dénouement de la crise politique qui le secoue depuis de nombreux mois. Le pays doit en effet se doter d?un successeur au président Emile Lahoud dont le mandat expire avant la fin de ce mois. Le Parlement libanais, qui doit désigner le prochain président, a été contraint de reporter le vote à trois reprises. La prochaine séance, prévue le 21 novembre, devra être décisive. Si les parlementaires ne parviennent pas, une fois de plus, à élire un président, le Liban s?expose à entrer dans une situation de vide institutionnel porteur de toutes les inconnues. Le scénario potentiel, dans ce cas de figure, serait que le président en fin de mandat, Emile Lahoud, veuille se maintenir à son poste pour assurer la pérennité de l?Etat et nomme un gouvernement de transition pour remplacer l?Exécutif dirigé par Fouad Siniora. Une telle éventualité serait de toute évidence inacceptable pour la majorité parlementaire conduite par Saad Hariri. A quelques jours d?une échéance aussi déterminante, force est néanmoins de constater qu?aucun nom de candidat ne s?est encore dégagé. Le futur président devant être issu de la communauté chrétienne, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a accepté de constituer une liste de candidats à soumettre aux suffrages du parlement libanais. Les noms les plus souvent cités sont ceux de l?ex-général Michel Aoun et de l?ancien président libanais Amine Gemayel. Ce dernier semble avoir l?aval implicite de la France dont le chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, a fait mardi dernier le voyage de Beyrouth. Paris cherche manifestement à peser sur l?issue de la crise politique libanaise et il est à se demander, en entendant parler Bernard Kouchner, si ses désirs ne sont pas des ordres. En annonçant qu?il reviendrait sous peu au Liban, le ministre français souligne l?ampleur du droit de regard que s?attribue le Quay d?Orsay dans les affaires du Liban. Lorsque Bernard Kouchner martèle avec force la locution « je veux » devant ses interlocuteurs libanais, cela pourrait donner à craindre une velléité de tutelle politique. Ce serait préjuger de la capacité des Libanais, qui ont surmonté des épreuves autrement plus tragiques, à se mettre d?accord entre eux pour résoudre pacifiquement leurs différends. Le jeu dangereux, dans un crise aussi complexe que celle traversée par le Liban, serait de jeter de l?huile sur le feu en attisant des contentieux dont les Libanais sont assez mûrs pour négocier par eux-mêmes la solution. Et si le Liban demande de fait une assistance, c?est à la communauté internationale de la lui apporter au titre d?un arbitrage impartial qui ne dressera pas les Libanais les uns contre les autres. Il est plus sage d?attendre le 21 novembre et de s?en remettre aux parlementaires libanais qui, en connaissance de cause, feront le choix qui s?imposera à eux pour que leur pays retrouve la stabilité qui lui permettra de prendre la voie du développement. Face à un tel enjeu, il y a des man?uvres d?ingérence qui, sur le double plan politique et moral, valent un zéro de conduite.



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)